10. L'ordre de décimation - première partie

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La guerre contre la SOB avait repris, plus violente encore que par le passé. Des missiles nucléaires interstellaires tombaient comme une pluie d'apocalypse sur les mondes de la frontière. Les escarmouches se succédaient, mais la flotte impériale en pleine reconstruction ne pouvait que se contenter de raids éclairs et d'embuscades de faible ampleur. Survivre et se réarmer était déjà un but en soi.


C'est dans ce contexte que j'avais convoqué un conseil militaire restreint sur Crustaï, une colonie de la galaxie 1 éloignée du front. Nina Septime, directrice du Bureau de la Sécurité Impérial avait suggéré l'idée, et elle était bien sûr présente. L'amiral Kress était également convié, ainsi que l'amiral Verla et le général Scrubs, plus haut gradé des forces de défense planétaire.


-Bien, tout le monde est là et la salle est sécurisée, indiqua Nina Septime en se levant. J'aimerais m'exprimer la première, avec votre permission mon seigneur.

-On vous écoute, lançais-je.


Elle s'éclaircit la voix. La salle était circulaire et de petites dimensions, de sorte que tout le monde l'entendait parfaitement. La lumière chaleureuse dénotait avec son air grave.


-Nos efforts de réarmement se heurtent à deux problèmes majeurs, énuméra-t-elle sur ses doigts. D'abord nous manquons de matières premières pour produire plus de vaisseaux, mais surtout de personnel qualifié pour les manœuvrer. Les pertes humaines de la flotte ont été trop importantes pour renouveler les effectifs de façon satisfaisantes; nous envoyons au combat des équipages inexpérimentés, ce qui augmente encore nos pertes que nous devons combler de la même façon. Face à nous, les forces de piepie ont nettement plus d'équipages vétérans du combat spatial. L'amiral Kress souhaiterait soumettre une nouvelle stratégie à votre approbation.


Elle se rassit alors que je plissais les yeux.

L'amiral était allé voir la directrice du BSI pour évoquer son idée en premier, pas moi. C'était plus qu'étrange, c'était suspect. J'empêchais mon regard d'aller de l'un à l'autre, me concentrant sur l'officier qui se levait en s'appuyant sur une canne. Verla se contentait d'écouter avec attention, mais il ne semblait pas au courant de ce qui se tramait. Scrubs avait l'air de s'ennuyer.


-Merci Nina, lança Kress avec une familiarité surprenante. L'état actuel de la flotte ne permet pas d'engager une bataille décisive qui rétablirait l'équilibre, mais nous multiplions les embuscades et les raids. On pourrait infliger de lourdes pertes en cessant de se retenir.

-Se retenir, répéta son collègue, circonspect. Que voulez vous dire?


L'amiral se tourna vers lui.


-Nous détruisons leurs vaisseaux, mais certains de leurs gars parviennent à évacuer et reviennent combattre sur de nouveaux appareils. Je veux l'autorisation d'éliminer tout personnel ennemi en zone de combat, qu'il combatte aussi.

-Je ne pas croire ce qu'on discute de cela, lança le général Scrubs. Ce serait un crime de guerre. Enfin, nous valons mieux que ça!

-Les pirates de la SOB se gênent pas eux, répliqua Kress.

-Cette stratégie a déjà été étudiée durant la guerre d'U-Nation, intervint pensivement Verla. Nous avons constaté qu'elle forçait l'ennemi à se battre jusqu'à la mort, causant des pertes décuplées. Les massacres sont inefficaces, voilà pourquoi ils sont interdits; l'opération qui a permis de vous secourir avec les prisonniers de la flotte par exemple n'a réussie que parce que les hommes de pepone savaient qu'on ne les massacrerait pas; sans quoi ils n'auraient rien eu à perdre et auraient sûrement cherché à fuir à tout prix.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant