La Dernière Étoile - Tome 1: Ascension

9. Trahison - dernière partie

Immédiatement après sa libération, j'avais rendu à l'amiral Kress ce qui restait de sa flotte, c'est à dire plus grand chose. Quelques dizaines de vaisseaux de ligne et des escadrons de chasse fraîchement sortis des chantiers spatiaux de Csillia manœuvrés par des équipages inexpérimentés qu'on avait saupoudrés de survivants libérés des griffes de la SOB. Cette force allait s'étoffer au fil des mois, mais il restait à régler le sort de ceux qui avaient fui la bataille, les quelques traqueurs du commandant Taurus qui étaient parvenus à rentrer.

L'amiral avait insisté pour se charger lui même de reprendre en main ces unités et je n'avais vu aucune objections à le laisser faire.

Sanglé dans son uniforme, Kress traversait les coursives de son nouveau vaisseau amiral, le Courageux II. Les hommes qu'il croisait le saluaient avec empressement; la plupart étaient des spatiaux et des soldats qui l'accompagnaient déjà sur le premier Courageux. Mais nombre d'entre eux n'avaient pas survécu à sa destruction; l'amiral lui même portait ces pertes jusque dans sa chair. Encore peu habitué à la prothèse remplaçant sa jambe droite il boitait et devait s'appuyer sur une canne pour avancer. Plusieurs officiers le suivait, adaptant leur allure à celle de leur chef.

Le petit groupe arriva dans le hangar du Courageux au moment où un grand transporteur s'y posait. L'amiral s'arrêta à distance, adoptant une posture rigide, appuyé sur sa canne, ses officiers alignés derrière lui.

La soute du vaisseau s'ouvrit, et un escadron de soldats des troupes de choc interstellaires débarqua, se mettant en rangs. Ils portaient tous des tenues de combat avec casque intégral et fusils d'assaut.

Une quinzaine d'officiers suivait, encadrée par d'autres soldats en armes. Ils étaient tous menottés sans égard pour leurs galons; la plupart ne cherchaient même pas à masquer sa peur. Le commandant Taurus faisait figure d'exception; il marchait en premier, le visage impassible et le maintien aussi fier que lui permettait ses entraves.

Les prisonniers formèrent un rang face à l'amiral, et un lieutenant des troupes de choc s'avança pour le saluer, poing sur le cœur.

-Tous les prisonniers sont ici, selon vos ordres amiral, indiqua-t-il.

Son supérieur lui rendit son salut et il s'écarta.

-Merci lieutenant, lança-t-il avant de s'adresser aux prisonniers. Messieurs, je serais direct avec vous. Lors de ma dernière bataille, vos vaisseaux ont rompu la formation pour fuir, abandonnant leurs camarades en plein combat et ignorant mes ordres directs. Ces actes graves d'insubordination et de lâcheté devant l'ennemi sont réprimés par les articles 14, 78 et 85 du règlement de la flotte thrawnienne. La cour martiale rassemblée sous ma direction vous a jugés coupables et a rendu sa sentence.

Il balaya les condamnés du regard.

-Mais d'abord sachez que les équipages de vos vaisseaux ne seront pas sanctionnés. Vos seconds vous succèdent; j'attends d'eux qu'ils lavent le déshonneur que vos actions ont amenées sur leurs bâtiments par une bravoure et une discipline exemplaire.

Plusieurs capitaines baissèrent la tête. Malgré tout certains semblaient soulagés; quoi qu'il se passe, cela ne concernait plus qu'eux et eux seuls.