I. Héros - vingt troisième partie

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Se faufiler discrètement hors du hangar principal n'avait pas été bien difficile pour J. Après tout il l'avait déjà fait une fois afin de procurer une dose de prozium à Carlsson...

Les quelques rebelles censés garder les lieux n'étaient guère vigilants, persuadés que le réseau de défense de la cité abattrait tout vaisseau qui décollerait. Pour le moment c'était effectivement le cas.


Guidé par Carlsson, le soldat thrawnien s'enfonça dans un dédale de couloir et d'escaliers de service. Le système de sécurité avait cessé de fonctionner laissant les portes ouvertes, mais heureusement l'éclairage d'urgence fonctionnait parfaitement.


J portait toujours son uniforme de pilote de luxe -casquette comprise-, mais avait enfilé un gilet tactique surchargé de grenades, de couteaux et d'armes de poing prélevés dans l'armurerie de la navette. Il s'était également muni d'un fusil compact qui lui assurait une bonne puissance de feu sans trop l'encombrer dans cet environnement confiné.


Il perdit rapidement la notion du temps, s'appliquant à suivre les instructions de Carlsson tout en gardant ses sens en alerte.


-C'est encore loin? lâcha-t-il entre ses dents. À ce train là je vais me retrouver sur Nirauran...

-J'évite les axes trop évidents qui sont sûrement gardés, expliqua patiemment l'agent. Encore cinquante mètres, puis à droite au croisement.

-Ouais, soyons prudents, c'est pas comme si toute la cité allait bientôt être vaporisée.

-Il vous reste trois heures et cinquante minutes, du moins si ces messieurs du cartel sont à l'heure, confirma tranquillement Carlsson. Ça laisse amplement le temps d'être prudent.


J jeta un coup d'œil des deux côtés du croisement avant de poursuivre sa route.


-Bah si ces rebelles fichent le camp, ils doivent être occupés, lâcha-t-il. Combien de temps avant que j'arrive à l'objectif?

-Suffisamment, éluda Carlsson. L'escalier, descendez de deux niveaux et prenez à gauche.


Une idée germa dans l'esprit du soldat alors qu'il descendait les marches. Et si l'agent le faisait délibérément tourner en rond pour qu'il n'ait plus le temps de s'extraire une fois sa mission accomplie? Il liquiderait ainsi la seule personne connaissant son "problème". C'était bien le genre de ce serpent.

Non le risque était trop important que son sabotage échoue s'il manquait de temps. Leurs sorts étaient liés, au moins pour l'instant.


Malgré cette conclusion rassurante, l'idée refusait de le quitter. Alors qu'il sortait de la cage d'escalier, il sentit le doute émousser sa concentration. Il devait obtenir une réponse.


-Carlsson... commença-t-il.


Sa phrase mourut sur ses lèvres. Il rebroussa rapidement chemin, s'engouffrant dans la cage d'escalier avant de se coller au mur derrière le battant de la porte, fusil vers le haut.


-Répétez, je n'ai pas reçu la dernière transmission.


Il ne répondit pas. Les mains serrées sur son arme, il restait parfaitement immobile malgré les battements de son cœur.


Le crachotement d'une radio militaire se fit à nouveau entendre, plus proche. Il n'avait pas rêvé... Des rebelles approchaient.

Il entendit bientôt leurs pas. Ils ne cherchaient pas à se faire discrets.


Chaque seconde semblait s'étendre démesurément.


-Des gêneurs? déduisit Carlsson. Souvenez vous d'évitez le contact autant que possible, et si vous devez engager le combat, faites ça en silence.


Alors qu'il terminait sa phrase, un homme entra dans la cage d'escalier. Vêtu d'une combinaison bleue élimée il se pencha brièvement par dessus la rambarde avant de prendre l'escalier vers les niveaux inférieurs. Son fusil racla contre le mur.

Un second rebelle le suivit, sans même jeter un regard à la ronde.


J resta immobile de longues secondes après qu'ils aient disparu, attendant que les bruits de leurs pas disparaissent tout à fait avant de s'autoriser à souffler.


-C'était moins une, lâcha-t-il. Bon au moins j'imagine que s'ils sont là, c'est que je me rapproche... Carlsson, la voie est libre je vais où?

-Au bout du couloir à gauche.


Le soldat s'exécuta, sur ses gardes. Mais une surprise de taille l'attendait au tournant...


Le couloir s'arrêtait net, et il serait probablement tombé s'il était arrivé plus vite. Un vaste gouffre s'ouvrait devant lui, éclairé par des incendies électriques que personne ne s'était donné la peine d'éteindre et la lumière des étoiles qui pénétrait par de larges ouvertures.


L'explosion de la bombe des rebelles n'avait pas seulement détruit le quartier général de la sécurité. Elle avait creusée une énorme cavité dans les sous-sol de la tour centrale, qui n'était restée debout que grâce à la solidité de ses piliers. Des niveaux entiers s'étaient effondrés, formant une paroi irrégulière tapissée de couloirs donnant sur le vide comme celui qu'il venait d'emprunter.

Tout n'était que ruines à perte de vue, une immense grotte artificielle au sol recouvert de gravats. Le soldat se pencha prudemment, une main sur le mur à côté de lui, et poussa un débris de béton du bout du pied.


La pierre rebondit de longues secondes avant de toucher le fond du trou.


-Mmmm... Carlsson? lança J. On dirait que je vais devoir faire un petit détour.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant