L. Crépuscule

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Quand Varig ouvrit les yeux, la visière de son casque était saturée de messages d'alerte. Il désactiva l'affichage d'un geste et alluma les projecteurs installés au niveau des oreilles pour percer les ténèbres.

Ce qui restait des commandes de pilotage avait entièrement grillé. Un silence angoissant rendait le bruit de sa propre respiration assourdissant. Il se libéra péniblement du harnais qui le gardait sanglé à son siège avant d'attraper fébrilement la manette d'ouverture manuelle du cockpit.

Les joints étanches se désolidarisèrent et le peu d'air encore contenu dans l'espace confiné fit sauter le panneau blindé, l'expulsant dans l'espace.


Suspendu en apesanteur, Varig se couvrit les yeux. Son casque mit quelques secondes à s'adapter à la lumière aveuglante qui régnait.


 Le chevalier dérivait au milieu d'un immense champ de débris, les restes d'une armada fantastique. La planète autour de laquelle orbitait le nuage d'épaves était blessée à mort; une force monstrueuse avait fracassé sa surface et transformé un bon tiers en un brasier infernal où se consumait son atmosphère. Mais autre chose capta le regard de Varig, jusqu'à lui faire oublier tout le reste.


L'étoile du système brillait comme une supernova. Sans les filtres de son casque, le chevalier n'aurait même pas pu la regarder; pourtant il lui sembler discerner une forme au milieu de toute cette lumière.


Alors qu'il scrutait le phénomène, il sentit sa conscience attirée vers l'astre par une force irrésistible.

Quelque chose d'immense et de terrifiant était tapis au milieu de cet enfer mouvant de matière en train de se consumer, et cela le fixait. Ce regard était comme une pluie brûlante et acérée, qui mettait son corps et son esprit en pièces.

Il hurla alors que sa combinaison s'embrasait.


Le chevalier s'éveilla en sursaut, désorienté et en nage. Il scruta l'obscurité jusqu'à ce qu'une lumière douce éclaire la chambre.


-... C'qui se passe? demanda Red d'une voix pâteuse.


Prenant conscience de l'endroit où il était à mesure que les battements de son cœur ralentissaient, Varig prit une grande inspiration.

Il se trouvait sur Nirauran, dans le grand appartement où il partageait le plus clair des permissions de ces derniers mois avec Red.


-C'est rien, lâcha-t-il. Rendors toi.


Au lieu de laisser tomber la jeune femme se redressa en tentant de chasser les brumes sommeil qui voilaient ses yeux.


-Encore ton cauchemar? demanda-t-elle.

-Oui, répondit-il simplement.


Elle se colla à lui sans rien dire et le chevalier l'enlaça.

La lumière tamisée, la douceur des draps et l'odeur familière des cheveux de la jeune femme... Tout ici inspirait la sécurité. Pourtant une part de lui même restait englué dans son rêve. Prisonnier du regard hideux qui le scrutait à travers l'étoile.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant