J. Requiem - quatrième partie

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Les vagues venaient doucement caresser le sable de la plage dans un rythme apaisant.

Debout sur un ponton de bois, un homme à la chemise à fleurs profitait de la douceur de la nuit, fumant une cigarette en observant les étoiles.


Une explosion retentit dans le lointain et il se retourna, serrant instinctivement son fusil contre lui. Une lueur rougeoyante brillait au dessus des maisons. Ça ne ressemblait pas à une frappe orbitale; plutôt à une bombe. Une très grosse bombe.

Des rafales claquèrent au loin, mais la sentinelle s'en désintéressa. Il s'y habituait.


Moins de deux jours plus tôt pourtant, cette zone de la planète était encore un centre de vacances prisé destiné aux riches clients du cartel. Un espace calme et prospère.

Mais depuis la chute d'Aurélia, la fureur d'une dizaine d'empires s'était abattue sur le secteur. Les bombardements avaient laminé les forces militaires et tout ce qui ressemblait à un bâtiment officiel; dans la foulée, des révoltes avaient éclaté dans les camps de travail situés aux deux hémisphères de la planète.

Les gardiens survivants n'avaient pas vraiment résisté; leurs employeurs étaient soit morts soit en fuite et ils ne recevraient aucun renfort. Ceux qui s'étaient battu l'avaient fait pour se défendre.


Ces anciens "employés" s'étaient servis des usines pour produire des armes et s'étaient déplacés en masse vers les continents touristiques pour y piller sans retenue les stocks, cherchant avec rage de quoi rembourser leurs années de malheur. Comme on pouvait s'y attendre, les combats entre bandes armées avaient vite commencé, et les bombardements successifs n'avaient pas aidé à réguler le chaos ambiant. Quelques factions essayaient de prendre l'avantage mais c'était encore trop tôt pour y voir clair.


L'homme se retourna vers la mer, se désintéressant de la ville et du chaos qui y régnait. Soudain il lâcha sa cigarette et tomba en avant.


Des mains jaillirent des vagues pour l'empêcher de s'écraser bruyamment dans l'eau, l'entraînant doucement dans les profondeurs. Quelques gouttes de sang se mêlèrent à l'océan alors que le cadavre en chemise à fleurs disparaissait sous la surface.


-Sentinelle neutralisée, indiqua le tireur d'élite couché sur un drone furtif au ras de l'eau. Équipe d'assaut, la voie est libre.

-Reçu. Équipe d'assaut on avance.


Une douzaine de silhouettes sortirent de l'eau, entièrement revêtues d'armures sombres.


Fusils épaulés, les soldats progressèrent rapidement jusqu'à la luxueuse villa en bord de plage que l'homme à la chemise à fleurs gardait.


Ses occupants avaient installé une mitrailleuse sur la terrasse face à la mer, mais son tireur dormait dans un hamac tendu entre deux palmiers, sa radio sur le ventre. Un des assaillant fit jaillir une lame de son gantelet et s'assura qu'il ne se réveille jamais.


Silencieux et bien coordonnés, les commandos se déployèrent autour de deux baies vitrées qui permettaient d'accéder à la maison, communiquant par signes. La serrure ne résista pas à un coup de cutter laser, et les soldats se faufilèrent à l'intérieur.


Ils se dispersèrent aussitôt, comme s'ils connaissaient les lieux; la moitié du commando progressa à travers le rez de chaussée tandis que l'autre montait à l'étage.

De la lumière filtrait sous une porte; deux des soldats se placèrent dans le couloir tandis que leurs camarades entouraient silencieusement la porte.

L'un d'eux tourna doucement la poignée, puis ils s'engouffrèrent à l'intérieur.


Des rafales étouffées par un silencieux retentirent. Deux tirs de plus suivirent, en guise de coup de grâce avant que les tueurs ne ressortent. Par la porte ouverte on pouvait voir un opérateur radio effondré sur sa table de travail, son casque encore sur les oreilles, le dos criblé d'impacts sanglants.



Les soldats en armure s'arrêtèrent devant une autre porte et répétèrent le même manège; mais cette fois il n'y eut pas de coup de feu. Ils restèrent presque une minute entière avant de ressortir en traînant un homme inconscient, menotté et avec un sac de toile noire sur le visage. Ils devaient s'y mettre à deux à cause de sa carrure hors norme. Tandis qu'ils le ramenaient vers l'escalier, deux soldats couvraient toujours leurs arrières.


-Cible alpha sécurisée, murmura un des soldats dans son communicateur. On se replie pour l'extraction.

-Reçu. Cible bravo sécurisée, indiqua une autre voix. Colis placé, on dégage.


Aussi rapidement et silencieusement qu'ils étaient entrés, les soldats refluèrent jusqu'à la plage en traînant leur butin, deux hommes attachés aux visages caché sous des sacs. Deux petites embarcations gonflables les attendait sur la plage, protégées par un commando en armure et un drone furtif.

Les assaillants embarquèrent avec leurs prisonniers puis mirent en marche les moteurs électriques des zodiacs, s'éloignant rapidement du rivage.


Au bout de quelques minutes, un des soldats sortit un détonateur d'une sacoche étanche et pressa la détente. Au loin une grande lueur brilla là où se trouvait la maison. Le bruit de l'explosion leur parvint quelques secondes plus tard.


L'homme en armure retira son casque, révélant des traits familiers.


-Phase 2 réussie, annonça Varig dans son communicateur. Spectre, on se dirige vers le point de rendez-vous.


Il baissa les yeux vers le colosse qu'ils avaient extrait et qu'un commando tenait en joue. Il prit une grande inspiration et remit son casque.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant