11. La dernière bataille de Polème - sixième partie

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-Garde à vous! ordonna le colonel Maxus, recevant un claquement martial pour seule réponse. La première compagnie du seizième bataillon de choc attend vos ordres mon seigneur.


La centaine de soldats que comptait l'unité s'était rassemblée dans le hangar de l'Inspiré. Figés poing sur le cœur et casque sous le bras, ils s'alignaient en rangs serrés devant leurs navettes, comme pour une inspection. Les officiers se tenaient devant leurs hommes, trois lieutenant et un capitaine.

Il y avait quelques vétérans, mais la plupart des soldats et des cadres me semblaient anormalement jeunes, rappelant les pertes terribles subies par mes troupes au cours des guerre incessantes qu'elles avaient livré à travers Andromeda. Pourtant il émanait d'eux une rassurante aura de professionnalisme et de détermination.


Je les balayais du regard avant de saluer à mon tour.


-Repos, ordonnais-je.


La lumière du soleil de Polème passait à travers le bouclier assurant la pressurisation du hangar, ses rayons venant mourir sur les armures des soldats. En contrebas la surface de la planète s'étendait, immense. La flotte se tenait en orbite stationnaire au dessus de la zone d'opération, prête à déchaîner un bombardement d'appui.


Contrairement aux forces de défense planétaire, les troupes de choc n'employaient pas de véhicules blindés. Comme leur nom l'indiquait leur rôle était de frapper l'ennemi dur et vite, le plus souvent dans ses propres structures et vaisseaux. Ils étaient donc équipés avec une grosse puissance de feu, et les escadrons de chasseurs ou la flotte se chargeaient de remplacer l'artillerie.


Habituellement une trentaine de droïdes de combat auraient renforcé leurs rangs, offrant des atouts sacrifiables, notamment pour couvrir le moment délicat du repli. Cette fois ils devraient faire sans de peur qu'ils se retournent contre eux comme les sondes qui s'étaient trop approchées de la surface.


Je parcourais quelques uns des visages qui me faisaient face. Ils avaient été briefés sur ce qu'ils risquaient de rencontrer au sol et sur les dangers de la mission; ce n'était pas ce que j'allais leur redire.

Pour beaucoup d'empereurs il devait être plus facile de se contenter de voir ces hommes et ces femmes comme de simples numéros sur un écran. Plus facile de les sacrifier ainsi. 

Mais j'allais envoyer cette unité sur une planète qui ressemblait à l'enfer; leur parler face à face me semblait être la moindre des choses. À moins que ce ne soit pire.


-Soldats, lançais-je d'une voix assez forte pour que tous m'entendent. Je ne vous mentirais pas; la mission qui vous attend aujourd'hui ne sera pas facile. Mais je veux redire à chacun de vous qu'elle est nécessaire.


J'avais donné à ce dernier mot toute la gravité qu'il méritait. Mais cette introduction aurait pu sonner comme une résignation face au danger alors que je voulais au contraire inspirer ces hommes avant cette opération à haut risque.


-Dans les ruines de cette planète se trouve un artefact ancien, poursuivis-je. Un objet qui pourrait offrir un avantage décisif dans la longue guerre que nous menons pour notre survie. Vous êtes les troupes de choc de l'Empire; j'attends de vous que vous sécurisez cet objectif quelque soit les obstacles sur votre route, et je sais que vous réussirez.


La posture de plusieurs soldats se modifia insensiblement à cette déclaration.


-La flotte vous appuiera depuis l'orbite et je suivrais personnellement la mission d'ici. Que chacun d'entre vous fasse son devoir avec honneur et ce jour verra une autre victoire. Pour l'Empire!

-Pour l'Empire! répondirent en cœur soldats, galvanisés.

-Préparez vous au déploiement!


Les soldats enfilèrent leurs casques et chargèrent leurs armes. Je les soupçonnais même de faire un maximum de bruit exprès.... J'activais mon communicateur.


-Commandant Niles, commencez le bombardement orbital, ordonnais-je.


Quelques secondes plus tard, tout le vaisseau vibra en déchaînant ses canons. On pouvait voir les missiles et les tirs de lasers frapper la surface depuis le hangar alors que la compagnie embarquait dans ses navettes.


Le colonel Maxus me rejoignit tandis que j'observait la manœuvre. En moins d'une minute les petits transporteurs étaient chargés et refermaient leurs soutes pour décoller. En arrière plan le bombardement orbital déchaînait l'enfer à la surface.


-Ils feront leur devoir, assura l'officier avec fierté. Ce sont les meilleurs; ils réussiront.

-Je n'en doute pas colonel, répondis-je avant de tourner les talons tandis que les transporteurs décollaient.


Je ne me demandais pas si cette mission réussirait; seulement quel serait le prix de la victoire.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant