3. La guerre de la SOB - dernière partie

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Privé du gros de sa flotte, piepie compensa ses pertes par une grande mobilité et une agressivité décuplée.
Mais les survivants de son armada étaient désormais les proies, traqués par mes flottes. Ses raids furent proprement écrasés alors que ses derniers bastions tombaient l'un après l'autre sous un déluge de bombes. Seules ses stations EDLM échappèrent au massacre, cachées dans un secteur reculé de l'espace. Pourtant il continuait à déployer des vaisseaux malgré les usines en ruine et le manque de ressources.

Mais ses forces se réduisaient sans cesse. Après quelques jours,je lui proposais un cessez-le-feu de quelques heures en échange d'une rencontre sur mon terrain. Une offre qu'il ne pouvait pas refuser...

Comme je l'avais exigé il vint seul, à bord d'un simple chasseur léger. La réunion se tenait au cœur de la deuxième flotte, sur une station EDLM tenant lieu de quartier général mobile dans la galaxie 4. Son vaisseau se posa dans un hangar où l'attendait un peloton de soldats lourdement armés.
Le pirate fut désarmé et escorté jusqu'à un salon privé où j'avais déjà pris place. Mes hommes quittèrent rapidement la pièce, nous laissant seuls.

-Bienvenue, lançais-je d'une voix aimable en me levant. Je suis ravi que vous ayez accepté mon invitation à discuter.

-Ça sonnait pas vraiment comme une invitation, répliqua piepie.

Le casque qui couvrait ses traits ne me permettait pas de lire son expression, mais le ton de sa phrase suffisait à mesurer son hostilité.

-En effet, admis-je. Prenez un siège, je vous en prie.

Le pirate ne fit pas mine d'approcher, regardant autour de lui avec défiance. Le salon était sobre ; deux divans, une table basse sur laquelle reposait une carafe d'eau et des verres constituaient tout le mobilier. Pour seule décoration un hublot offrait une vue plongeante sur Hakka et sa lune.

-Comme vous voulez, lachais-je en m'installant moi même. Voici mon offre: vous retirez vos troupes du système Terranie, sans retour et la SOB signe un pacte de non agression avec la Triplice pour deux mois, dans un premier temps.

-Vous m'avez dit s'que moi j'dois faire, mais c'est pas ça négocier, accusa-t-il. Cette guerre ne m'dérange pas; on est des pirates, c'est not' quotidien!

-Épargnez moi votre misérable bluff, je joue à ce jeu depuis bien plus longtemps que vous, répliquais-je d'un ton glacial. Votre flotte, ou ce qu'il en reste, ne nous échappera plus longtemps et vous ne vous remettrez pas de la perte de vos dernières forces. De notre côté vous combattre nous coûte cher et attire l'attention de TTC. Nous avons un intérêt commun à mettre fin à ce conflit.

Durant toute ma tirade, piepie me fixa sans m'interrompre. Il semblait réfléchir, encore que son casque rende cette supposition hasardeuse. Finalement il s'approcha et se laissa tomber dans le divan en face de moi, posant ses pieds sur la table basse. Les chaussures renforcées rayèrent le bois et balayèrent tout ce qui était posé dessus avec fracas.

-Bon voilà s'que j'propose. Je me barre avec mes gars de vot' précieux système et vous faites pareil dans le mien. Ensuite je signe vot' pacte et on se fout la paix quelques temps. Qu'est ce vous en dites?

Je souris, amusé de l'arrogance de mon interlocuteur.

-Vous n'êtes pas en position d'exiger quoi que ce soit. Ma flotte restera dans votre système pour s'assurer que vous tenez vos engagements. Après tout vous êtes un pirate.

L'intéressé se mit debout lentement, ôtant ses bottes de la table.

-Pourtant z'avez pas le moindre garde, constata-t-il.

Je plantais mon regard dans le sien à travers la visière du casque. Le moment d'abattre mes cartes était venu.

-Je n'ai pas peur de vous, répliquais-je tranquillement. Vous avez beau être dépourvu de toute diplomatie vous avez résisté à des forces très supérieures et combattu avec courage. Je respecte cela, et je crois que vous aussi me respectez. Aujourd'hui nous sommes ennemis mais demain?

L'autre sembla déstabilisé de cette réponse.

-Je ne suis pas sûr de comprendre, lâcha-t-il.

-Rien ne vous oblige à être un vulgaire pirate toute votre vie. Votre talent mérite mieux que de jouer les chiens fous; je peux vous offrir un avenir différent piepie150.

Il resta silencieux de longues secondes, hésitant.

-Et qu'est ce que je dois faire en échange? finit-il par demander.

À ce moment je su que j'avais gagné bien plus qu'une simple guerre.

-Commencez par accepter ce traité.

Une fois piepie convaincu, j'imaginais que la Triplice accepterait ma solution pacifique avec soulagement; mais l'opposition vint où je ne l'attendait pas.

-Pourquoi n'avons nous pas été consultés? demanda Gui13, membre de l'AEU, alors que j'achèvais mon exposé.

Tout le conseil élargit de la Triplice était rassemblé dans le grand amphithéâtre du complexe Aegis. Agacé de cette contradiction, je répondit un peu sèchement:

-J'ai dirigé cette guerre et le chancelier Arkay ainsi que Dark Skywalker m'ont donné leur accord de principe pour négocier la paix au nom de la Triplice. Tout ce qui vous reste à faire c'est signer le traité...

Un silence lourd suivit ma réplique.

-Nous te sommes tous reconnaissant de l'aide apportée dans ce conflit, lâcha Terrane en se levant. Mais nous avons déjà consulté le sénat à ce sujet; un pacte de non agression n'est pas dans notre intérêt. Le chancelier n'a pas le pouvoir de s'opposer à cette décision.

-Un cessez-le-feu, moins contraignant, permettra de préparer la reprise des hostilités, appuya Syldan. Un pacte serait la première étape d'une paix durable alors que la SOB est toujours une menace!

-Nous avons beaucoup d'ennemis, inutile de nous en fabriquer plus, répliquais-je froidement.

La position de l'AEU me mettait hors de moi; ils n'avaient pratiquement pas participé à la guerre à l'exception d'Arkay et de quelques empereurs chargés des missons reconnaissances ou de soutiens. Pourtant ils prétendaient aujourd'hui dicter les conditions de paix à toute la Triplice...

Mais je compris que l'affrontement ne donnerait rien. Tout était politique à l'AEU et il fallait parler le même langage. Combattre sur le même terrain.

-Fondateur Terrane, laissez moi venir défendre ma solution de paix moi même devant l'AEU. Je suis sûr que les sénateurs réviseront leur jugement et qu'un nouveau vote...

-Le sénat a deja voté et sa décision est sans appel, répliqua l'intéressé. Piepie et ses pirates ne sont pas digne de confiance; un cessez-le-feu de deux mois sera signé avec la SOB, mais aucun pacte ne pourra être conclu avec la Triplice.

Il hésita avant d'ajouter:

-L'AEU a de la chance de te compter parmi ses amis, mais elle reste une alliance souveraine.

Silencieux, Arkay détourna la tête. Je savais qu'il n'était pas d'accord avec cette décision, mais il ne pouvait l'admettre publiquement sans liguer le sénat contre lui comme je venais de le faire.

Pour la première fois depuis longtemps on s'opposait à mes décisions, avec succès; la fédération ne pouvait signer seule un pacte de non agression et dû se contenter d'un cessez-le-feu.

Quand à la LVI elle ne prit même pas la peine de négocier, engluée dans les conséquences du procès de Dark Revan.

Tous l'ignoraient alors mais cette guerre aurait de grave conséquences sur l'histoire d'Andromeda.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant