La Dernière Étoile - Tome 1: Ascension

4. Le prix de la paix

Le cessez-le-feu avec la SOB avait beau avoir mis fin à la guerre, la paix était loin d'être acquise. Cela n'empêcha pas pour autant l'AEU de fêter dignement l'événement.

Une grande réception se tenait sur Terranie, dans les jardins du palais du Fondateur. Des dizaines de plantes exotiques y poussaient, dans un environnement parfaitement contrôlé. Après un feu d'artifice grandiose, les invités s'étaient dispersés pour discuter par petits groupes sur les terrasses.

Entouré de plusieurs sénateurs, le maître des lieux semblait de bonne humeur; c'était aussi sa victoire qu'on célébrait, politique celle-là. Il était parvenu à imposer un cessez le feu à la place du pacte avec la SOB que je souhaitais. Je le saluais de loin, levant mon verre et il me répondit d'un signe de tête amical.

Je fis quelques pas vers le bord de la terrasse. La nuit était douce; Terranie profitait d'un écosystème naturellement agréable, encore amélioré par la technologie. La capitale s'étendait à perte de vue, mélange de verdure, de gratte-ciel et de monuments. Des véhicules volant suivaient des couloirs aériens et les lueurs du spatioport brillaient au loin. Même en pleine nuit les vaisseaux de commerce continuaient leur ballet incessant. L'AEU était plus florissante que jamais, et sa capitale en profitait largement, devenant un phare de paix et de prospérité dans un univers en guerre.

-Tu profite de la vue? demanda Arkay en me rejoignant.

Je ne répondis pas immédiatement.

-C'est paisible, lâchais-je enfin. On imagine pas tous les efforts qu'il a fallut pour parvenir à cette paix, ni tout ce qu'il faudra encore sacrifier pour la conserver.

Le chancelier de l'AEU posa une main sur l'épaulette de mon uniforme noir.

-Tout le monde ici sait que c'est toi qui a mené la guerre et protégé l'AEU de piepie. Et on t'en seras toujours reconnaissant.

-Je ne crois pas, la politique a repris ses droits avant même que le dernier coup de feu ne soit tiré, le contredis-je. Mais j'apprécie de te l'entendre dire.

-Terrane avait besoin de montrer que nous étions encore indépendants de la Fédération, lâcha Arkay en laissant retomber sa main. Tu es un protecteur et un ami, mais parfois un peu trop... Directif.

-Je ne parlais pas de lui, lâchais-je en jetant un rapide regard vers le groupe des interventionnistes, les sénateurs qui avaient le plus de mal à accepter la paix avec la SOB. Tout est prêt?

Nerveux, mon interlocuteur jeta un regard vers les convives.

-Oui, lâcha-t-il enfin. Mais je ne suis pas très à l'aise avec ça...

-Je veux simplement régler discrètement ce problème, le rassurais-je.

-Je me souviens encore très bien de comment tu as réglé le problème Napoléone, répliqua Arkay. Et lui non plus n'est pas prêt de l'oublier.

L'intéressé discutait un peu plus loin avec d'autres officiels, sa main de métal tenant son verre. Les sénateurs avec lui étaient plutôt des modérés ayant bien accueillit la fin de la guerre.