La Dernière Étoile - Tome 1: Ascension

I. Héros - vingt sixième partie

Le soldat continua à avancer à travers les conduits pendant un moment, sans plus rencontrer d'obstacle.

-J'y suis, lâcha-t-il victorieusement.

Il se contorsionna pour sortir une lunette de sniper qu'il glissa à travers une des grilles de ventilation.

J se trouvait au dessus d'une vaste salle bien éclairée. Des générateurs s'alignaient en cercle autour du centre, occupé par une turbine produisant un puissant arc électrique.

Les rebelles y avaient connecté ce que J identifia comme un modèle réduit de porte de saut hyperspatial. L'appareil semblait bricolé avec des pièces de récupération mais il devait avoir fonctionné, au moins pour permettre à la petite armée rebelle de monter à bord de la cité. Maintenant ils allaient sans doute s'en servir pour repartir, contournant ainsi le blocus du cartel.

Ce qui était très mauvais pour les affaires des thrawniens. Des dizaines de miliciens rassemblés par petits groupes attendaient sagement le départ, beaucoup trop pour passer en force. Ils avaient des prisonniers aussi, mais le soldat ne s'attarda pas assez sur eux pour reconnaître Nolan Fryes parmi eux. Il préféra compter les gardes qui patrouillaient sur des passerelles suspendu au dessus de la pièce. Il était trop loin du sol; s'il voulait descendre il devait forcément passer par là.

-Tiens tiens, comme on se retrouve... murmura J en reconnaissant l'armure bleue et la haute silhouette de l'homme qui donnait des ordres depuis une des passerelle.

Harkass. Les rebelles avaient perdu leur chef, et il semblait qu'il ait récupéré la place laissée vacante... Mais ce n'était pas lui la priorité.

Continuant à chercher le dispositif qu'il était censé saboter, J finit par repérer une grosse caisse blindée frappée du logo du cartel connectée directement à un générateur. Assis dessus, un adolescent maigrelet surveillait les données qui défilaient sur un écran avec une attention soutenue.

-Bingo! Carlsson, cible localisée. Il y a juste un petit détail qui risque de me compliquer la tâche... On dirait que tous les rebelles de la station se sont donné rendez-vous ici pour vider les lieux par un téléporteur. Des suggestions?

-Ça explique pourquoi vous avez croisé tant de rebelles en venant ici, déduisit l'agent avec un calme agaçant. Mais un téléporteur consomme des quantités énormes d'énergie; ils ne vont l'ouvrir qu'au dernier moment, le moins longtemps possible. Ça laisse un peu de temps! Récupérer un de leurs uniforme c'est dans vos cordes?

-Sérieusement!?

-Varig a déjà utilisé cette tactique avec succès sur un vaisseau U-Nation. Il vous reste plus d'une heure avant le lever du soleil. Amplement le temps donc.

J faillit lâcher un juron mais il ne voyait pas de meilleure option. D'ailleurs à la réflexion c'était même un bon plan...

Il commença à rebrousser chemin quand une violente secousse se propagea soudain à travers la structure.

Le soldat reprit son équilibre et retourna précipitamment à son poste d'observation. Les rebelles semblaient sur le qui vive, et l'adolescent maigrelet courait à travers la salle en parlant à toute vitesse dans une radio. Son ordinateur gisait sur le sol sans même qu'il ait prit la peine de le ramasser.

-Carlsson? demanda J. Dites moi que ce n'est pas ce que je crois.

La réponse se fit attendre quelques secondes.

-On dirait que le cartel est en avance, lâcha l'agent. D'après ce que je capte, la réaction en chaîne vient de démarrer; on a dix minutes, peut-être quinze maximum avant que les réacteurs de la cité n'implosent.

En contrebas, Harkass aboyait des ordres dans sa radio. Le téléporteur commençait à tourner, produisant des éclairs bleutés.

-Merde, lâcha J.

Il n'avait plus de temps de la jouer fine.

Étrangement il ne réfléchit même pas; la seule action possible lui apparaissait clairement, comme une évidence.

-J'ai une idée. Passe moi le sergent Mash, exigea-t-il.

-C'est fait, répondit aussitôt Carlsson.

Il prit une grande inspiration.

-Sergent, c'est J. On est dans la merde. Tout va exploser dans moins de dix minutes...

-Saloperie! jura son interlocuteur.

-Mais ça ira, j'ai un plan. Tenez vous prêts à courir, ça va être serré...

-Reçu. On sécurise la zone d'atterrissage. Qu'est-ce que t'as en tête?

La question qu'il redoutait.

-Tu te souviens de Kaalist VI? demanda-t-il simplement.