K. L'avenir - première partie

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La porte de la cellule s'ouvrit et Paige se leva par réflexe. Elle reconnu instantanément son "visiteur", si ce mot avait un sens dans cette situation.


-Bonjour, lança Varig alors que la compartiment se refermait derrière lui.


Il avait l'air embarrassé. Sanglé dans son uniforme blanc de chevalier il aurait au contraire dû se sentir en position de force. Après tout il était maître de ce vaisseau.


-Bonjour, répondit prudemment Paige.

-J'espère que votre séjour forcé à bord se passe bien, poursuivit le chevalier. Ou du moins le moins mal possible. Je voulais passer plus tôt, mais... Puis-je?


Tout en parlant il s'était approché de l'unique chaise de la cellule, fixée au sol pour empêcher qu'on la lance ou s'en serve d'arme. La jeune femme acquiesça, étonnée par son attitude. Qu'allait-il lui dire qui le fasse se sentir si coupable?


-Je n'ai pas à me plaindre, même si nous sommes enfermés, répondit-elle en s'asseyant à son tour sur son lit. Le vaisseau a une bibliothèque virtuelle plutôt fournie, et on me laisse même communiquer avec Max, mais personne ne nous dit rien. Qu'allez vous... Faire de nous?


Varig croisa les bras et prit le temps de scruter l'ameublement spartiate de la pièce. Son interlocutrice sentit un froid glacé la saisir. Elle avait suffisamment étudié la psychologie pour voir que la réponse à cette question ne lui plaisait pas.


-Vous allez être débriefés par notre agent de bord, lâcha-t-il enfin. Ensuite on vous fournira une nouvelle identité et vous pourrez commencer une nouvelle vie sur une planète de l'Empire. Bien entendu vous ne devrez jamais parler de ce que vous avez vu ni de votre passé...

-Vous n'allez pas nous remettre au cartel? coupa brutalement Paige.


Vu le soulagement dans sa voix, elle ne prenait pas ça comme un mal, au contraire. Le chevalier cligna brièvement les yeux. Il n'était pas habitué à gérer des civils.


-J'aurais dû commencer par là, lâcha-t-il précautionneusement. Paige, je ne sais pas tout à fait comment vous l'annoncer mais... Le cartel n'existe plus. L'incident d'Aurélia a déchaîné la rage de dizaines d'empires d'Andromeda parmi les plus puissants. Ce qui reste du secteur Argos est en proie à l'anarchie et ses dirigeants sont morts ou en fuite.


Cette nouvelle ne sembla pas affecter la jeune femme comme il s'y attendait. Au contraire elle se laissa aller en arrière et poussa un long soupir.


-Alors c'est vraiment fini, lâcha-t-elle.


Son interlocuteur ne savait pas trop quoi dire. Lors de son "débriefing", Nolan Fryes avait fournit de nombreuses informations et documents en rapport avec les exactions du cartel, mais vivre ce système de l'intérieur était tout autre chose.

L'Empire thrawnien surveillait étroitement ses citoyens mais leur laissait une certaine liberté, et donnait une place à des représentants élus, même si le dernier mot revenait toujours à l'Empereur et à ses conseillers.

Le système du cartel était une bureaucratie effrayante, broyant ses rouages sans colère ni haine, avec une froide et impitoyable efficacité managériale. Derrière chaque station paradisiaque, chaque sourire millimétré et chaque monde bagne se cachait la même volonté de perfectionner le système à produire des profits. Aucune morale ni aucune pitié ne se mettait en travers de cette logique.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant