6. Nihilium - deuxième partie

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Le choc de l'atterrissage avait été moins violent que je ne le craignais. La porte de la capsule s'ouvrit laborieusement, et je me glissais à l'extérieur pour découvrir le paysage sinistre de la zone.


Mon module avait atterri au fond d'un vallon, dans le lit d'un ruisseau. Les rayons du soleil peinaient à traverser les nuages, baignant la jungle d'une lueur crépusculaire.

Une pluie fine tombait sans discontinuer, ruisselant sur le sol où poussait une flore étrange à base de champignons. Ils étaient de toutes formes et couleurs, parfois luminescents.

Des structures massives sans feuillage dominaient le vallon sans que je sache s'il s'agissait de minéraux ou de plantes. On aurait dit des mains squelettiques, couvertes d'une mousse verdâtre, qui achevaient de donner une touche morbide à cette jungle où ne résonnait aucun chant d'oiseau.


Le tonnerre gronda au loin. Je retournais au module récupérer le fusil et le sac contenant le matériel de survie.

Il me faudrait un point haut pour que l'hélicoptère puisse me récupérer. J'entamais donc l'ascension de la colline la plus proche, me frayant un passage à travers la flore et le terrain accidenté.


La pluie ruisselait sur mon casque et mon armure, heureusement le sol était plus minéral que boueux. Malgré l'absence de soleil, il régnait une moiteur tropicale.
Grimper la colline ne me prit que quelques minutes, mais la jungle était pleine de bruits étranges et d'ombres mouvantes qui semblaient faire s'allonger chaque seconde passée ici.


Le sommet de la colline était nettement plus dégagé que la pente, et je pus enfin me faire une idée les alentours. Le même paysage désolé s'étendait à perte de vue, mais vers l'est une forme immense écrasait l'horizon. C'était colonne de nuages parcourue d'éclairs, descendant du ciel jusqu'au sol. Sans doute l'artefact...


La scène avait quelque chose d'apocalyptique, mais je n'étais pas là pour méditer sur la fin du monde. Je posais mon sac à dos et mon arme  sous un "arbre" pour les protéger de la pluie, puis je récupérais le lance-fusée.


Je fis ensuite quelques pas pour atteindre le bord de la pente et chargeais le pistolet. Je le levais vers le ciel et pressait la détente, faisant jaillir une boule de lumière rouge qui fila dans les airs en semant une traînée brillante.

Ce genre de fusée était visible à une centaine de kilomètres. Il ne me restait plus qu'à patienter...


Alors que je me retournais pour aller attendre au sec avec mes affaires, je découvris une silhouette massive qui émergeait silencieusement de la jungle.


La lueur d'un éclair révéla brièvement à quel genre de créature je faisais face. Il s'agissait d'un reptile à la peau sombre, haut de plus de deux mètres et qui se déplaçais sur quatre pattes griffues. Sa tête carrée abritait une gueule pleine de crocs qui ne laissaient aucun doute sur son régime alimentaire.

Il s'immobilisa, me fixant de ses yeux jaunes aux pupilles fendues, agitant sa queue comme un chat se préparant à bondir.


Malgré la menace mortelle que représentait le monstre, je n'avais pas peur. J'évaluais froidement mes options; le lance fusée dans ma main était vide, et le pistolet dans mon étui de cuisse risquait de ne pas percer une peau épaisse. Le fusil de gros calibre que j'avais emmené aurait été plus efficace, malheureusement j'avais commis l'erreur de le laisser avec mon sac. Quand aux pouvoirs du Nihilithe, ils étaient impuissants ici.


Le tonnerre gronda soudain et je lâchais le lance fusée pour venir dégainer mon pistolet.


Le monstre poussa un rugissement furieux avant vomir un torrent de de flammes au moment précis où j'enfonçais la détente de mon arme.


L'attaque me prit totalement au dépourvu et je tombais en arrière, chutant lourdement dans le pente. Je me mis à dévaler de plus en plus vite, tentant de me protéger tant bien que mal des chocs violents qui émaillaient ma descente. Au moins l'eau et la boue étouffèrent-elles les flammes qui auraient put me causer de graves brûlures.

Je finis par rebondir sur une corniche avant de m'écraser lourdement dans le lit du ruisseau où mon module avait atterri quelques minutes plus tôt.


Une douleur sourde irradiait dans mes côtes, mais je parvins tout de même à me lever. La visière de mon casque était fendue, mais je ne cherchais pas à le retirer. Tout mon corps fumait, et je sentait mon armure irradier de chaleur. Par miracle j'avais réussi à conserver mon pistolet, et je le braquais vers le haut de la pente.


Le responsable de ma chute descendait lui aussi, trébuchant avec une démarche grossière mais affreusement rapide. Je levais mon arme et visait soigneusement. Fuir ne servirait à rien, et me réfugier dans le module lui offrirait simplement une boite dans laquelle me griller.

Figé en position de tir, j'attendais la créature. Si je voulais avoir une chance, je devais patienter jusqu'à ce qu'elle soit assez proche pour pouvoir toucher un de ses yeux.

Le monstre bondit sur la corniche au dessus de moi, et se prépara à sauter une nouvelle fois, sur moi. Mais il restait une fraction de seconde, l'ouverture que j'attendais: je pressais la détente, vidant mon chargeur en moins de deux secondes.


Dans un vacarme de fin du monde, une volée de balles de gros calibre labourèrent le sol autour de la créature, faisant voler la roche en éclat. Les projectiles explosifs pénétrèrent la peau épaisse du reptile, le mettant instantanément en pièces. Le monstre poussa un dernier hurlement d'agonie avant de s'effondrer, criblé d'impacts.

Un sang noir inonda la corniche fracassée tandis que je levais la tête vers l'engin qui m'avait sauvé la mise.


L'hélicoptère survolait la rivière en mode stationnaire, chassant l'eau autour de moi. La cavalerie venait d'arriver, pile à temps.

La Dernière Étoile - Tome 1: AscensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant