Esther rabattit une mèche rebelle en arrière.
La mère de famille déjà sur les nerfs à cause d'un problème survenu sur son lieu de travail, dans la matinée venait de rentrer ce vendredi pour la pause du midi.
À sa grande surprise couplée à un agacement certain, Luan son fils n'était pas rentré.
Comme à son habitude, le gamin était sûrement parti traîner au lieu de retrouver la maison familiale.
Son mari travaillant la journée entière, Esther se chargeait de préparer à manger le midi pour les enfants, plusieurs fois par semaine bien que ceux-ci, âgés respectivement de dix et douze ans soient en âge de se réchauffer des pâtes ou une boîte de raviolis.
Ces retours en théorie facultatifs lui permettaient également de surveiller les escapades non autorisées de Luan.
Effectivement, depuis son entrée au collège, sa mère le soupçonnait de s'être mis à côtoyer ce que l'on pouvait considérer comme des « mauvaises fréquentations ».
En règle générale, le garnement finissait par rentrer pour déjeuner.
Néanmoins, ces retards ne manquaient jamais de provoquer les réprimandes d'Esther à son encontre.
À chaque fois, le collégien s'excusait platement, disait qu'il n'avait pas vu passer l'heure, qu'il s'était contenté de rester devant le collège...
Une main sur les hanches, la blonde à la courte queue-de-cheval jetait un œil à Énovie qui engloutissait une gigantesque plâtrée de pâtes à la bolognaise.
Au bout de la table en chêne brun clair, sa propre assiette demeurait vide, à l'instar de celle située juste en face de la jeune fille.
Non décidément, sa progéniture lui tapait de plus en plus sur les nerfs, à un point tel que, s'asseyant aux côtés de sa fille et se servant elle-même dans la grosse casserole en inox encore chaude, elle se dit qu'à ce stade, seule une punition mettrait fin à cette sale habitude désormais bien ancrée dans la routine de Luan.
Enchainant les coups de fourchette suivis de mâchonnements machinaux, la mère de famille ne cessait de penser à son rejeton.
Elle lança de nouveau un coup d'œil à sa petite fille elle exemplaire.
Énovie mangeait calmement, proprement, et rentrait toujours à l'heure.
En temps normal, c'est son grand frère qui était chargé de récupérer la petite CM2 afin de veiller à ce qu'elle ne fasse aucune mauvaise rencontre sur son chemin.
Dans la réalité, Luan se préoccupait plus des derniers potins de son établissement que de la sécurité de sa petite sœur...
Soudain, la sonnette carillonna dans la maison. Esther et Énovie échangèrent un regard, puis la première posa ses couverts avant de se lever de sa chaise puis de diriger ses longues jambes minces vers la porte d'entrée du pavillon.
Elle s'apprêtait à enguirlander son fils, à lui expliquer une énième fois en quoi il avait l'obligation de rentrer à l'heure...
Ce à quoi le garnement lui aurait répondu qu'elle n'avait qu'à l'autoriser à prendre avec lui son téléphone portable, réentamant alors des négociations qui duraient depuis des mois.
Subséquemment, quelle ne fut pas l'étonnement de la mère du collégien traînard de voir devant ses yeux un énorme colis en carton déposé juste sur son palier.