Patience

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Encore sous le choc, je contemplais la voiturette s'éloigner au loin, emportant avec elle tous mes espoirs d'avenir

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Encore sous le choc, je contemplais la voiturette s'éloigner au loin, emportant avec elle tous mes espoirs d'avenir.

La carrosserie rouge brillante ne devint bientôt plus qu'une vague traînée écarlate, puis un petit point vif perdu dans la surface sable des horizons.

Perdue et seule en plein désert de l'Arizona, je tentais de me rassurer.

Il n'allait rien m'arriver de fâcheux.

La preuve, j'avais sur moi de quoi me défendre.

Pour m'en assurer, j'ouvris mon sac à dos et tombais nez-à-nez avec une gourde d'un litre et demie pleine à ras bord.

Celle qu'il m'avait laissée remplir avant que l'on quitte l'hôtel pour rentrer chez nous.

Dessous je déterrais plusieurs paquets de gâteau, un sandwich aux crevettes surgelées achetées à la cafét' juste avant de reprendre la route ainsi que l'objet tant convoité.

Un petit couteau de poche bien caché sous le capuchon noir recouvrant sa petite lame pointue.

Je récupérais donc le faux rouge à lèvres avant de le fourrer dans ma poche.

Au passage, j'extirpais un paquet de cookies Granola aux gros éclats de chocolat et enfin, mon sac à dos se retrouva de nouveau fermé et placé sur mes épaules.

Je n'avais même pas réellement faim, seulement une vague envie d'occuper mes mains et de soulager mon stress grâce à l'engloutissement d'une pléthore de biscuits sucrés.

Ils étaient bons, ces cookies.

Bien plus que cet air sec dénué d'humidité de ce lieu où, pour plaisanter, celui avec qui j'étais supposée me fiancer m'avait laissée là, au bord de la route, à la manière d'un mauvais maître se délestant d'un magnifique berger australien aux yeux vairons après qu'il ait découvert qu'un grand chien exigeait du temps pour se dégourdir les pattes quotidiennement...

Enfin pour plaisanter... au fond je savais bien que je cherchais à me rassurer.

L'autre m'avait piqué mon téléphone après qu'en fouillant dans le sien, j'ai fait la désagréable découverte d'une drôle de conversation entre lui et la secrétaire du directeur de l'agence d'intérim pour laquelle il travaillait.

J'étais bien incapable d'estimer le commencement de sa liaison.

Ni si elle constituait une habitude ou une exception.

Quoi qu'il en soit, en conséquence de ma crise de colère, me voilà donc en train de marcher tel un zombie sur une route dénuée de passages où je le savais, plus d'un cadavre avait le siècle passé était enterré dans les parages.

Un frisson parcourut mon échine lorsque mon esprit eut l'idée judicieuse de me rappeler qu'au vu de ma situation actuelle, il y avait de fortes chances que si un maniaque me trouve je connaisse hélas le même sort.

Heureusement, ma raison intervint afin de me rappeler que les meurtres commis par des tueurs en série étaient extrêmement rares...

Tellement rares que je n'avais quasiment aucune chance d'y être confrontée un jour.

Après tout, qui étaient les principales proies de ces gens-là dans les films ?

Des prostituées s'isolant dans un motel avec un psychopathe, pas une simple femme marchant seule au beau milieu d'une route désertique.

Je fixais le point le plus loin que j'apercevais avec espoir.

Et s'il revenait ?

Peut-être allait-il faire demi-tour.

Nos familles étaient trop proches, trop enthousiastes à l'idée de cette union officielle pour qu'il m'abandonne de la sorte.

Après tout contrairement à lui je disposais déjà d'une certaine fortune, sans compter celles que mes tantes, oncles et parents allaient eux aussi me léguer.

Après celle de mes deux grands-parents survenus il y a deux ans dans un accident de voiture, il avait pourtant été plus proche, plus empathique que jamais avec moi.

J'eu pour la première fois un bref doute quant à ses motivations de contracter mariage puis me ravisa.

Si c'était l'argent qui l'intéressait chez moi, il se serait au minimum tenu le temps de signer le fameux contrat.

Car il ne pouvait percevoir mon assurance-vie avant son prononcé, non ?

À tout casser, il ne serait plus que l'unique bénéficiaire de l'ensemble du patrimoine immobilier que la richesse accumulée par mes grands-parents nous avaient permis d'acheter.

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