La suite de la procédure se poursuivit alors sans accroche.
Le courant paraissait passer entre les deux personnes, l'enfant semblait prête à s'attacher au premier véritable parent qu'elle allait connaître.
De ce fait, l'adoption aboutit positivement pour le riche entrepreneur et un beau matin, il fit garer sa berline noire brillante juste devant l'orphelinat avant d'être conduit par la secrétaire au bureau de Mme Vercueil.
Là, Émilda attendait sagement dans l'un des fauteuils de la pièce, en face de la directrice.
Son désormais père s'assit à ses côtés avant d'écouter les stipulations du contrat énumérées par la maîtresse des lieux.
Celui-ci pouvait être rompu dans un délai de six mois, lui rappelait-elle, si pour une raison quelconque l'une ou l'autre des parties décidait d'y mettre fin.
La suite de l'entretien se passa fort cordialement, après quoi Émilda fit ses adieux à Mme Vercueil puis suivit cet inconnu en le tenant par la main.
Il était curieux pour cette étrange petite fille de quitter ainsi du jour au lendemain son lieu de vie de toujours.
Néanmoins, elle ne le craignait pas : jusque là nul humain n'avait réussi à lui faire du mal.
Certains avaient bien tenté, oui, mais la petite disposait en conséquence d'une arme plus que dissuasive qu'hélas, elle ne dévoilait qu'en cas de danger.
Après plusieurs heures de route où son père lui parla de choses et d'autres, Émilda arriva devant la façade d'une maison cossue.
L'habitation de style gothique ressemblait presque à un manoir.
Bientôt, le duo y entra avant de diner.
Ce fut un dîner somptueux, après quoi une gouvernante alla faire la toilette de la mominette avant de la coucher, non sans que son père lui ait souhaité une bonne nuit.
Enveloppée dans d'épaisses couvertures, la petite peinait à trouver le sommeil.
L'orphelinat, elle avait aimé y vivre, c'était chez elle.
En conséquence, de chaudes larmes se mirent à couler le long de ses joues rebondies.
Il fallait faire quelque chose pour remédier à cela et elle le savait.
Tout le temps qu'avait duré la procédure, la petite y avait réfléchi et hélas, seul un moyen lui paraissait adapté.
Elle finit donc par s'endormir dans le calme de la nuit, pas même rompu par l'aboiement du chien des environs...
Au beau milieu de ladite nuit, un curieux événement réveilla en sursaut l'un des occupants des lieux.
Un instant plus tard, la porte de sa chambre s'ouvrit lentement sans grincement, faisant apparaître le nouveau parent.
L'autre gémit dans son lit, sentant le péril sur le point de survenir.
Soudain, l'intrus leva la tête puis, soudainement, une sorte de serpent rosé, organique sortit de sa bouche béante.
Sous le choc, le futur cadavre ne bougea pas un orteil.
Tout ce qu'il parvenait à faire, c'était observer ce gros intestin sortir doucement de l'accès opposé avant de se jeter vers sa gorge.
Suivi de l'intestin grêle, le petit colon vint s'enrouler tel un cobra autour du cou de l'individu avant que le chapelet ne serre sa prise, encore et encore.
Le lendemain matin, on trouva le père d'Émilda éteint, visiblement décédé par strangulation.
Évidemment on n'accusa jamais sa fille, qui par ailleurs hérita d'une coquette somme avant d'être de nouveau envoyée auprès de sa bien-aimée Mme Vercueil.
~ FIN ~