Grand frère modèle

1 0 0
                                    

La sonnette du four alerta Inca que le repas était prêt

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

La sonnette du four alerta Inca que le repas était prêt.

Sifflotant entre ses dents à l'idée du régal qu'il allait donner à ses deux protégés, le jeune homme au chômage depuis des lustres sortit enfin le plat du four.

Entretenu officieusement par sa mère malade, dont il détenait une procuration, le grand frère assurant seul la garde de ses deux petits frère et sœur ne disposait que de peu de temps libre lui permettant la reprise d'une activité professionnelle ou scolaire...

À savoir, chaque jour ouvré, de neuf heures à seize heures...

En dépit de cela, le grand frère modèle s'occupait comme d'un parent des deux autres membres de sa fratrie.

Concernant leur père, celui-là avait pris la poudre d'escampette peu de temps après la naissance de Ludivine.

Heureusement, du haut de ses vingt-et-un ans, Inca s'était vu capable de subvenir aux besoins de la famille, bien que modestement en trouvant un emploi alimentaire.

Cela, le temps que le véritable chef de famille prenne la relève.

Au bout de six mois, Norma avait repris les rênes, ainsi que son poste à temps complet d'aide-soignante.

Pendant ce temps-là, Enguerrand, son fils âgé de sept ans, s'était de nouveau vu forcé d'obéir à son génialissime grand frère.

Celui-ci l'emmenait à l'école le matin, puis venait le chercher le soir avec parfois son goûter.

Sa petite sœur dormait en général dans la poussette.

Ce petit train-train dura environ cinq ans - au cours duquel bien évidemment la dernière se mit à marcher puis elle aussi à aller à l'école -, avant que Norma ne tombe dans une profonde dépression.

D'après les médecins l'ayant expertisée peu après le signalement et la constitution d'un dossier par son aîné, cela était dû au surmenage.

Le plus surprenant, c'était que cette courageuse femme répétait en boucle qu'elle n'avait aucunement besoin d'un séjour au sein d'un établissement médico-psychologique.

Elle travaillait elle-même en milieu hospitalier, elle savait reconnaître les premiers signes de burn-out.

Certes, la mère de famille criait parfois un peu trop sous le coup de la fatigue.

Mais de là à devoir avaler des cachetons matin, midi et soir...

Quoi qu'il en soit, depuis de longs mois déjà, c'était Inca qui s'occupait de la maisonnée.

Cela ne déplaisait pas aux enfants, ils aimaient tellement leur grand frère.

D'ailleurs, en parlant de celui-ci, le voilà poser brutalement la large pièce de vaisselle sur le dessous de plat.

Aucune réaction ne se fit entendre, mais Inca s'y attendait.

Forcément, sans réelle figure d'autorité à la maison, il était difficile de faire appliquer tout un ensemble de règles à des enfants turbulents.

Voilà donc Inca se servir une large plâtrée de gratin de pâtes, de poulet et de fromage à raclette, sous les regards durs et fixes de ses frère et sœur.

Comme il aimait les avoir là, à sa table.

Assurément, aucun des deux ne prononçait le moindre mot, d'ailleurs pas l'un ne quémanda sa part du dîner.

Évidemment, déjà qu'ils ne pouvaient plus marcher.

Soudain, un affreux bruit sonore signalant le choc d'un menton contre le rebord d'une table se fit entendre.

Enguerrand resta là, les yeux vitreux plantés vers la nappe.

Son frangin poussa un soupir d'agacement avant de remettre l'enfant droit sur sa chaise.

C'est fou ce que même se tenir droit sur un siège était pour certains toute une histoire.

Après quoi, il reprit son repas, avant de bientôt s'exclamer de plus belle.

N'était-ce pas du liquide céphalo-rachidien qui s'écoulait sur la nuque de Ludivine, celui-là en provenance de l'arrière de son crâne ?

Vantablack Où les histoires vivent. Découvrez maintenant