Partie 63*

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* On a cours demain mais je passe la soirée avec lui en bas du bloc. Je suis triste. Il me prend dans ses bras & on ne se lâche plus. Il est tard, je ne veux pas rentrer chez moi. Mais je me décide .. 


Salim : « T’inquiètes pas mon Cœur, ça va aller ! Je t’aime. Ne l’oublies jamais .. » *



Moi : « Je t’aime. A demain. »

Je ne lui dis pas que j’ai peur .. Mais pour de vrai, j’ai vraiment très très peur. Je monte dans la voiture & je rentre. Je me mets dans mon lit & j’essaie de dormir un peu. Je n’y arrive pas. Je passe ma nuit à me retourner dans mon lit. 

6 heures 30, mon réveil sonne. Je suis fatiguée. J’ai envie que le temps s’arrête, maintenant, tout de suite. J’ai envie que le jugement soit repoussé. Je me lève. Je me prépare. Je ne suis vraiment pas de bonne humeur. Je sors attendre le bus. Salim n’est pas là. Je pense à lui. Il doit dormir en attendant d’être jugé. Le bus arrive, je monte dedans. Je fume ma clope toute seule devant le lycée & je rentre en cours.


# DANS LES YEUX DE SALIM #

Je suis dans ma chambre. Je n’arrive pas à dormir. Je n’arrête pas de réfléchir, de penser .. Il va bientôt être l’heure de mon jugement. Je n’ai pas envie d’y aller. Je suis un bonhomme mais pourtant, là j’ai peur de perdre Lisa & de faire honte à ma mère & à mes sœurs. Je suis le seul homme de la famille maintenant. Je me dois de rester avec eux pour les protéger.

Il n’y a pas longtemps, mon gars s’est fait soulever en centre. Les keufs ont débarqué & l’ont embarqué. Depuis il est au heps (prison). Il a pris 6 mois. Les keufs n’arrêtent pas de faire les chauds. Ils ont dit eux-mêmes qu’ils comptaient tous nous faire tomber. J’espère que cette erreur du passé ne va pas me faire tomber. Cette histoire s’est passée il y a un an. Depuis, je me suis calmé. J’ai arrêté les embrouilles, la bicrave, je ne bédave plus non plus .. Je ne peux pas prendre de la zonz maintenant. Avant, je m’en foutais, je n’avais pas d’avenir. Je pensais que ma vie allait se résumer à la prison ou au quartier .. Mais je me suis trompé. Au jour d’aujourd’hui, j’ai le seum d’être jugé pour une histoire de M*rde. 

Mon réveil sonne. Il faut que je me lève. Je sors de mon lit. Je vais à la salle de bain. Je me passe un coup d’eau sur le visage. Je pars faire ma prière. Je sais que ce n’est pas bien de prier uniquement quand ça va mal. Mais je me rattraperais. C’est promis. Si je ne prends pas du heps aujourd’hui, je me vais me mettre à fond dans la religion. J’ai déjà beaucoup changé depuis que je connais Lisa. Je ne veux pas la décevoir. Je ne veux pas décevoir non plus ma mère. La pauvre, elle qui a déjà connu ça avec ses frères & mon père .. Je ne veux pas qu’elle revive ça. 

Je n’ai pas faim. Je me prépare directement. Ma mère n’arrête pas de gueule. Elle est grave vénère. Elle pense que je vais prendre de la prison. On descend en bas du bloc pour qu’elle m’emmène. Elle me met une gifle. J’ai le seum après elle mais je ne peux rien lui dire .. C’est ma mère.

Ma mère : « Hèèè Counard, tu me mets l’Herchouma (la honte) devant mi coupines. Si tu vas fi la prison ci mime pas la peine tu reviens à la maison. »

Je ne lui réponds pas. Je baisse la tête & je monte à l’arrière de la voiture. J’ai l’impression que les minutes défilent trop vite. On arrive devant le tribunal. On descend de la voiture. On entre. Dans l’entrée, je me fais fouiller par le gars qui s’occupe de la sécurité au tribunal. Il veut fouiller le sac de la daronne mais elle ne veut pas. Ça commence à chauffer. J’envoie un texto à Lisa. 

« BB, J’Y SUIS. JE PENSE QUE CA VA ETRE DEAD, JE VAIS PRENDRE DU HEPS. JE T’AIME. DIS A MES GARS D’ENVOIYER MANDAT SI JE TOMBE. »

Deux keufs viennent me chercher. Ils m’emmènent dans la salle. C’est une audience fermée. Il n’y a que moi, le keuf que j’ai cogné, les deux flics qui m’ont emmené, un gradé du commissariat & le procureur. 

Je m’avance vers le procureur pour lui serrer la main. 

Le procureur : « Je ne sers pas la main à des gens comme vous ! »

Un des keufs : « Je pense que vu comment il a réagi la dernière fois, il faut le menotter ! »

Il dit ça pour m’afficher ce B*tard.

Le procureur : « C’est bon, asseyez-vous, nous allons commencer ! »

Je m’assois. A côté de moi, il y a le keuf que j’ai cogné. 

Le procureur : « Mr B********* Salim, domicilié au ****** dans la cité *********, (…) Vous êtes ici aujourd’hui pour l’affaire du 24 Février 2010, outrage envers plusieurs agents de police & violence sur l’un d’entre eux, l’agent G*********. C’est bien ça ? »
Moi : « Oui … »

Je n’ai même pas envie de lui répondre. Je fais ma tête de mort. Mais j’ai promis à Lisa de ne pas m’énerver. 

Le procureur : « Expliquez-vous ! »

Je lui explique que je me promenais avec ma copine, que j’ai vu une embrouille plus loin, que les keufs ont débarqué & que j’ai couru. Qu’ils m’ont attrapé & que l’un d’entre eux m’a mis une balayette & un écrasement de tête. Que je me suis défendu & que sur le coup de la colère, j’ai insulté tout le monde. 

Le procureur : « Ok. C’est la même version que celle que vous avez déposé le jour de votre interpellation, mais il y a deux points négatifs : Vous n’êtes pas représenté par un avocat & Il n’y a aucun témoin de votre côté par apport à la partie adverse. »
Moi : « Si, vous avez le témoignage de ma copine. »
Le procureur : « Je sais quels sont les documents qui m’ont été fournis. J’en ai fini avec vous. Je vais maintenant écouter l’agent G********. »

Le B*tard s’explique. Il en rajoute trop. Il m’enfonce cet enfoiré. J’interviens.

Moi : « Non, c’est pas vrai ! »

Le keuf continue son témoignage, son supérieur l’appui. C’est enfin fini.

Le procureur : « Agents ***** & ****** faite le attendre dans le couloir, le temps que je prenne ma décision. »

Chronique-Un arabe & une françaiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant