- Je ne sais pas si je peux accepter.
- Quoi donc ?J'agitai mon avant-bras tandis qu'il plaçait un dernier verre dans le lave-vaisselle.
- Tu ne l'aimes pas ?
- Si ... Beaucoup.Il se rapprocha, caressa de son index la chaîne et manipula du bout des doigts le médaillon effleurant, au passage, ma peau. Plus il me touchait, et plus je le soupçonnais de malmener, volontairement, mes émotions. Il ne pouvait pas ignorer l'effet qu'un geste anodin de ce genre avait sur moi.
- Alors garde le.
Le gris de ses iris se dégradait en nuances captivantes.
- Merci pour le déjeuner.
Les lèvres plissées en un charmant sourire, il laissa, à mon grand regret, retomber sa main.
- Et merci pour le bracelet.
- Je t'en prie.
- Je...
- Tu ...D'un hochement de tête, il m'invita à poursuivre.
- Maintenant que le mystère du grenier est levé ... Si on allait se promener ?
- Et ma cave alors ?Une lueur diabolique anima son regard. Le sourcil droit redressé, les fossettes creusées, il s'amusait de sa proposition.
- La cave ? , répétai-je.
- J'avais prévu, comment tu dis déjà ? Ah oui, de te séquestrer !
- Seulement jusqu'à demain ! , lui rappelai-je.
- À défaut d'une vie.La réplique brusqua mon cœur. Je tachais d'en maîtriser le rythme galopant en me rappelant que ça n'était qu'une boutade.
- Un kidnapping à vie... Tentant mais non.
- Si ça me permet de te garder près de moi.Une blague. Un mot d'esprit. Rien de plus.
- Il y a des façons de faire moins... extrêmes.
- Aux grands maux les grands remèdes.
- Il faut le faire ! Enfermer quelqu'un contre sa volonté et appeler ça un remède.
- Je saurais en faire une expérience agréable.Une affirmation pleine de sous-entendus que je ne manquais pas de relever.
- Je n'en doute pas.
- C'est la seule solution.
- La seule solution ? À quel problème ?
- À ta très mauvaise habitude de disparaître.
- Et on fait quoi pour tes mauvaises habitudes ?
- Je n'en ai pas !
- Oh monsieur se croit parfait ?!
- Monsieur est parfait !
- Parfaitement imparfait.Les joues contractées, les coins de la bouche relevés, la dentition apparente, les yeux promeneurs, il semblait apprécier la repartie.
- Alors cette balade ? , demandai-je perturbée par le jeu de séduction dans lequel nous nous étions engagés.
- Rien ne me ferait plus plaisir.
- Sauf me séquestrer.
- Sauf te séquestrer, confirma-t-il d'une voix amusée.Il m'offrit son bras. Je mis quelques secondes à comprendre où il voulait en venir. J'enroulai, non sans une certaine hésitation, mes mains autour de son biceps. Nous quittâmes, côte à côte, la maison de ses grands-parents pour explorer l'extérieur.
L'odeur du fumier, le son des cloches d'une église interrompu au troisième coup, le grisollement des alouettes et ... lui. Lui que des sentiments contradictoires avaient fragilisé. Lui qui, à mon grand étonnement, me livrait le fond de sa pensée, me témoignait sa confiance en me partageant d'intimes et obscures moment de sa vie. Bien engagés sur le sentier menant à une plaine clairsemée d'arbres, bercée par le rythme régulier de nos pas, je posai ma tête sur son épaule.- Fatiguée ? , s'enquit-il d'un ton affectueux.
- Un peu... , admis-je.Il pressa de ses doigts les miens.
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Déboires chroniques
ChickLitLa vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Les espoirs, les idéaux, l'utopie que notre esprit engendre sont mis à mal par les épreuves jalonnant notre chemin. La solidité des liens amicaux et amoureux est testée durant ces épreuves. Jena, ét...