Partie 80 : game on !

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Piscine de relaxation et bain à remous. J'étais loin du compte. Loin de l'idée que je me faisais des lieux. Ébahie par le jaccuzi encastré dans la piscine, par la lumière tamisée, par les bougies d'Oud noir qui dégageaient des senteurs boisées venues d'orient. Admirative de la couleur azur des eaux qui se présentaient à moi. Seul des éclaboussures projetées dans ma direction ramenèrent mon attention vers l'auteur du fait.

- Eh ! , protestai-je faiblement.
- Un rafraîchissement ? , suggéra-t-il en menaçant de réitérer son acte.
- Ça ira merci !
- Vous êtes sûr ? , demanda-t-il en empruntant un ton faussement guindé.

L'immense sourire qu'il afficha révéla une dentition impeccable.

- Certaine !

Ses cheveux, d'ordinaire en bataille, étaient humides et plaqués en arrière. La pomme d'Adam apparente, une partie du torse engloutit par des eaux agités, l'autre visible, il m'invita à le rejoindre. J'avais troqué ma robe pour un peignoir. Peignoir dont je me défaisais à présent et que je déposais sur une chaise longue. J'étais anxieuse à l'idée de révéler des parties de mon corps à un homme que je connaissais très peu. Maillot vert bouteille, décolleté plongeant, bretelles droites, dos échancré ... Je le voyais s'attarder sur ces détails. Avant qu'il n'ait le loisir d'en observer davantage, je m'immergeai à mon tour dans le bain.

- Pas mal le maillot, commenta-t-il.
- Arrête j'assume pas...

Amusé par ma gêne, il se déplaça de quelques centimètres sur sa droite pour se rapprocher de moi.

- Pourquoi ?!
- Je sais pas ... Trop bizarre...
- Y a pas de raison !

J'emis un rire nerveux puis une boutade :

- Première rencontre réseautage, deuxième rencontre jaccuzi... C'est quoi la suite ?
- Que veux-tu j'opère vite !
- Je vois ça ! Le mec est stratège.
- Il faut savoir tirer le meilleur parti d'une situation.
- Et on fait ça comment ?
- On repère une demoiselle en détresse, on lui prête main forte et le tour est joué !
- On est au XXI ème siècle monsieur. Les femmes sont bien capables de se tirer d'affaire elles-mêmes.
- Je vois mademoiselle est féministe ...
- Monsieur ne l'est pas ?

Il fit mine de réfléchir avant de répondre :

- Si on suit ta logique c'est toi qui m'a piégé alors !
- Comment ça ?
- T'avais pas vraiment besoin de moi pour réseauter.
- Mais encore...
- Tu savais qu'un gentleman tel que moi ne pouvait pas ignorer ton appel au secours.

Je m'esclaffais de rire.

- Appel au secours carrément !
- Ba quoi ? Ton mentor a pas l'air commode.

Je tapotais dans l'eau, laissant le silence s'installer quelques secondes avant de tempérer sa remarque :

- Il est pas si terrible.
- Pas si terrible...
- Quand on apprend à le connaître il est même assez sympa, renchéris-je.
- Je l'ai croisé quelques fois. Il a pas l'air de beaucoup m'apprécier.
- Ah bon ?

Il hocha vigoureusement la tête.

- J'ai peut être le droit à un traitement de faveur alors, plaisantai-je.
- Ah ça c'est sûr !

Interpelée par sa réponse, je fronçai les sourcils et tordis la bouche. Florian, captant ma réaction, développa son propos :

- C'est pas tous les jours qu'un associé renonce à une chambre royale de la taille d'un f2 dans l'aile historique du château pour venir occuper une chambre bas de gamme au quatrième étage.
- Bas de gamme ?
- Bas de gamme pour un hôtel cinq étoiles bien sûr.

Stupéfaite par l'information qu'il venait, l'air de rien, de me livrer, je réprimais aussitôt les pensées qui menaçaient de s'installer dans mon esprit. Des pensées qui m'amèneraient à vouloir des choses inconvenantes. À lire dans les gestes de Guesdes des intentions qui n'étaient pas siennes.

- Le relationnel c'est pas mon point fort. Un week-end livré à moi même avec de parfaits inconnus ..
- Je paierai pour voir ça !

Je répondis à sa taquinerie par une grimace avant de poursuivre :

- Il a simplement cherché tout comme toi à porter secours à une demoiselle en détresse.
- J'ai de la concurrence alors !
- Va falloir relever le niveau, rétorquai-je malicieusement.
- Prépare à toi à assister à mon meilleur jeu.

Le sourire espiègle et le regard intense de Florian m'indiquèrent qu'il était sérieux, très sérieux...

Déboires chroniquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant