Partie 77 : victoire !

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A l'issue de la conférence nous rejoignîmes, par groupe de trente, des salons d'un peu plus de soixante mètres carrés.

- Bienvenue au salon Vivaldi, lança avec entrain l'animateur.

Sa tenue formelle intriguait. Costume noir, nœud papillon, cheveux coiffés en arrière. Il semblait nous convier à un bal plutôt qu'une après-midi team building. Les mains sur des caissons à la contenance inconnue, il nous invita à rejoindre l'une des tables sur lesquelles étaient disposées des bouteilles d'eau plate et gazeuse, des feuilles blanches et des stylos pour chaque participant. Quatre personnes partageaient ma table. Deux semblaient déjà bien se connaître, une avait l'air réticente à l'idée d'être enfermée pendant deux heures dans une pièce à faire dieu sait quoi et la dernière, à l'inverse, était presque aussi emballée que l'animateur. Animateur qui s'apprêtait justement à nous révéler la nature de son atelier.

- Je m'appelle Francis je suis ravi de partager ce moment avec vous. Savez-vous ce que contiennent ces boites ?

- De l'alcool ! , osa un participant.

Sa remarque déclencha quelques rires.

- Mieux, des legos, renchérit le maître de cérémonie.

Le lego challenge... Voilà une activité à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Chaque table représentait une équipe. L'idée était simple vaincre l'équipe adverse en remportant un maximum d'épreuves. À chaque étape les équipes devaient construire une figure en un temps un record. Francis pouvait à tout moment modifier les règles initialement énoncées. Objectifs ? Développer la créativité, la gestion de temps, la communication, la coopération ... de façon ludique. Je m'étais assez rapidement prise au jeu. La pression générée par l'incertitude, les contraintes liées à la construction d'une figure et les concurrents me permit assez facilement de créer du lien avec les membres de mon équipe. Quatre femmes et un homme composés la team "wonder". Nom que nous nous étions amusés à nous donner. Morgane et Awa étaient des collègues de longue date. Elles en étaient à leur quatrième séminaires. Rodées à l'exercice elles s'étaient avérées être de formidables atouts. Au départ sur la réserve, Arthur nous avait finalement permis de gagner de précieuses minutes en débloquant les situations épineuses rencontrées durant le jeu. Enfin l'enthousiasme de Sarah, potentielle recrue de Kinsight, et son esprit collaboratif avait préservé la cohésion du groupe. La compétition, pour ma part, était mon carburant. Je mettais en musique les talents de chacun pour nous mener à une victoire écrasante. Et victorieux nous fûmes.

-  Félicitations aux gagnants ! Vous venez de remporter une heure de jacuzzi , s'exclama Francis.

- Une heure chacun ? s'enquit Awa.

- Affirmatif madame. Il vous suffit d'indiquer à l'accueil l'heure à laquelle vous souhaitez réserver l'endroit.

La journée prenait une tournure plus agréable que prévu. Toujours contrariée par l'attitude de Noah j'étais néanmoins ravie que son abandon ait débouché sur une après-midi aussi divertissante. Après une pause goûter bien mérité durant laquelle nous passâmes le plus clair de notre temps à débriefer le jeu, nous regagnâmes nos quartiers. Nous étions à présent libres de profiter des lieux comme bon nous semblait. Je saluais mes camarades en promettant de les retrouver au dîner. Une fois dans ma chambre j'envoyai valser mes baskets, me démaquillai rapidement et filai sous la douche. L'eau chaude qui caressa ma peau détendit aussitôt mes muscles. Je n'avais presque plus de tiraillements dans mon bas ventre. Les douleurs étaient passées mais je repris, par mesure de précaution, du paracétamol. Les cheveux humides maintenus dans une serviette. J'enfilais mes sous vêtements et tirai de mon sac un jean brut et une blouse blanche dont les manches courtes et une partie du dos étaient en dentelle. Je couvrais mon visage d'un maquillage naturel et léger et optais, cette fois, pour une queue de cheval basse. Converses blanches aux pieds, j'ouvrai la porte pour quitter la pièce et tombai nez à nez avec Guesdes. Sa main droite, suspendue en l'air, formait un poing qu'il laissa retomber.

- Il faut qu'on parle, m'annonça-t-il l'air de rien.


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