Partie 18 : l'invitation

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- Pas commode le Guesdes ! s'exclama Aurélie.

- Laisse-la finir son histoire, la réprimanda Sanaa.

- Ba... c'est fini.

- Quoi ? Il y a pas de suite ?

Je haussai les épaules en guise de réponse.

- Pas d'autres mails ?

- Nope plus de nouvelle, repris-je en secouant la tête.

- Depuis combien de temps ? me questionna Aurélie.

- Deux jours.

Je prétendais que le silence radio de Noah Guesdes ne me dérangerait pas. J'étais devenue, au fil des années, une experte en la matière. Un cadeau que la vie m'avait délivré après avoir surmonté ses nombreux obstacles.

- Bizarre commenta Sanaa.

- Et Adam ?

- T'as compris dans quoi tu t'étais engagée finalement ?

Le souvenir de notre récent échange, de son visage serein et bienveillant, de l'accord donné à une proposition que je n'avais pas écoutée fut ravivé par leurs questions.

- Oui, il m'a envoyé un message le soir même pour s'assurer que j'étais toujours partante pour un café samedi.

Aurélie me bouscula gentiment.

- Je savais que vous étiez fait l'un pour l'autre !

Les yeux légèrement écarquillés, je tâchais de calmer les ardeurs de mon amie.

- Euh... pour l'instant on va juste boire un café et discuter...

- Je propose que vous donniez mon nom à votre premier enfant !

Une voix monotone interrompit ses divagations.

- Aurélie Goncalves.

Elle se leva, nous adressa un clin d'œil et se dirigea vers l'assistante médicale qui venait de l'appeler. La démarche enjouée qu'elle emprunta entraîna sa courte chevelure blonde dans un mouvement de balancier et accentua la courbure de ses hanches.

- Il te plaît ? s'enquit Sanaa.

- Il est mignon. Pour le reste, on verra.

Elle acquiesça.

- Comment vont les jumeaux ?

Changement de sujet réussi. Elle me relata alors leur denier exploit.

- Ils sont malins comme tout ces petits diables. Ils négocient depuis plusieurs jours leur cadeau d'anniversaire. Ils veulent une tablette. Tu le crois ça ?

La question était bien évidemment rhétorique. Le visage très expressif de Sanaa donnait souvent une touche humoristique aux histoires qu'elle nous rapportait.

- Comme ma mère a refusé. Ils ont pris mon père à part, lui ont fait les yeux doux et supplié pendant des heures.

- Il a cédé ? demandai-je

- Il a cédé !

Mon rire fit écho à son indignation.

- Mais le plus machiavélique dans cette histoire c'est qu'ils ont dissimulé à mon père le refus de ma mère.

- Ils font de la rétention d'information pour obtenir ce qu'ils veulent. Des génies!

- Exactement ! Vous êtes invités d'ailleurs Aurélie et toi à la fête d'anniversaire. Réserve ton dimanche après-midi.

- Dimanche après-midi réservé !

Elle m'adressa un chaleureux sourire que je lui rendis. Nous passâmes le quart d'heure suivant à échanger des anecdotes sur Maroua et Malick. À son retour, Aurélie brandit fièrement le certificat médical requis par son club de foot.

- J'ai le sésame ! On peut y aller.

Nous ne nous fîmes pas davantage prier. Nous quittâmes la salle d'attente et nous installâmes, après une courte balade, dans un pub irlandais. 17h. L'endroit était désert. Il faut dire que le pic de fréquentation d'un tel lieu se situait plutôt en début de soirée qu'en fin d'après-midi. Je transmis ma commande aux filles et me rendis aux toilettes. La poche arrière de mon jean vibra. Mes sourcils, une fois mon téléphone en main, se froncèrent. Je venais de recevoir un message d'un numéro non répertorié.

[ Bonjour Mademoiselle Abbad,
Kinsight organise, comme chaque année, une soirée pour faire connaître le cabinet et ses métiers. Les alumnis ont également été conviés. Le networking figurait, il me semble, dans vos demandes. Je vous attends donc ce samedi à 20h à l'hôtel Transatlantique. Tenue de soirée exigée. Mon assistante vous fera parvenir votre invitation.
Noah Guesdes ]

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