Partie 99 : destin

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Le menton appuyé sur son avant-bras, des cheveux prenant, sous la lumière, une teinte plus clair, des joues creusées et des yeux marron plissés s'attardant sur les passants puis moi. La terrasse du café était bondée. Conséquence inévitable d'un samedi ensoleillé. Florian se redressa. Le serveur déposa, d'un geste assuré, nos consommations puis s'empressa de répondre à une cliente qui le hélait quelques tables plus loin.

- Elle va se calmer.

Je massais mon coude que j'avais malencontreusement cogné une poignée de secondes plus tôt.

- Je sais pas.

Le souvenir de notre récente altercation m'oppressa la poitrine.

- C'est la première fois ?
- Que ?
- Vous vous boycottez

J'avalai une gorgée de mon soda avant qu'il ne soit trop chaud pour être appréciable.

- On a jamais fait plus de trois jours sans se parler.
- Tu veux que j'intervienne ?

Le rictus qui se dessina sur mon visage l'intrigua.

- Quoi ?
- Vaut mieux pas que tu t'impliques.
- Pourquoi ?

Profond soupir. Je fis claquer les articulations de mes doigts avant de me résigner à lui répondre :

- Disons que ... le voyage à Miami était prévu de longue date.

Il posa un pied sur sa cuisse, une main sur sa cheville.

- Et ?
- Et tu ne faisais pas partie du plan.
- Oh ...
- C'était censé être un truc entre filles.
- Entre filles avec Alexandre et Hassan ?
- On les a invité au dernier moment.

La bouche en coin, il me jeta un regard perplexe.

- Entre filles donc, reprit-il.
- Entre filles, confirmai-je.
- Quand je me suis incrusté ... Vous vous êtes senties obligées de les inviter.

Je dénouai mes bras, saisis mon verre pour le porter à mes lèvres.

- Le chevalier servant a mis sa demoiselle dans une fâcheuse posture.

Cette réplique m'arracha un sourire. Il savait insuffler de la légèreté à toutes les situations. Même les plus inconfortables.

- Fougueux et impulsif, il a cru bien faire.
- Comment va-t-il se rattraper ?
- Hum... En cessant de parler de lui à la troisième personne ?

Il s'amusa de ma suggestion. Je mêlai mon rire au sien.

- J'avais autre chose en tête...

Le soudain sérieux qu'il afficha me tordit l'estomac. L'inévitable séduction. Je l'avais entrainé dans un chemin que je n'étais pas sûre encore de vouloir emprunter. J'étais perdue.
Il m'était sympathique. Mais souhaitais-je plus ? Difficile à dire. Noah prenait beaucoup de place dans mon esprit. Il était à l'origine de ma malencontreuse impulsion. Le baiser échangé avec Florian était une façon pour moi d'échapper à l'emprise de Guesdes.

- Flo...
- Je sais.
- Tu sais ?, répétai-je étonnée.

Il hocha la tête et m'offrît son plus beau sourire.

- Pas de pression. Et si on laissait les choses se faire ?
- Et si rien ne se fait ?

Il haussa les épaules.

- C'est que ça n'est pas censé se faire.
- Le destin, marmonnai-je.
- Le destin, affirma-t-il à voix haute.

J'aimais cette notion et encore plus cette proposition. Détendue je lui offris, à mon tour, mon plus beau sourire.

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