La bouffée d'air frais que j'aspirai à la sortie de l'hôtel Transatlantique me fit un bien fou. J'étais, enfin, libre de mes mouvements. Plus besoin de tenir un rôle pour me fondre dans le décor. Sans Florian je n'aurais pas fait long feu et je n'aurais clairement pas rempli les objectifs assignés par Guesdes.
Un frisson me parcourut l'échine. Je rentrai les épaules et croisai les bras. Le trench que je portai ne suffisait pas à me protéger du froid. Alors que je m'apprêtai à quitter l'entrée de l'hôtel, un raclement de gorge insistant me fit tourner la tête.- Vous partez ?
Une voix et un regard neutres qui me heurtèrent aussi fort que s'ils étaient emprunt d'animosité. Noah Guesdes.
- Je dois récupérer mon train. Merci pour l'invitation.
Il descendit les trois marches qui nous séparaient. Une fois à ma hauteur il désigna, de la main, un taxi.
- Je vous raccompagne.
- Ça ira, merci.
- J'insiste.L'atmosphère était pesante. Je voulais juste rentrer chez moi. J'étais prête, s'il le fallait, à supporter, le temps d'un trajet, la compagnie d'un homme aussi inamical que lui. Une fois dans le véhicule, je fis vœu de silence. Je n'étais absolument pas disposée à lui témoigner un quelconque intérêt. Il partageait, de toute évidence, mon humeur puisqu'il ne m'adressa pas non plus la parole. Le taxi s'arrêta, vingt minutes plus tard, devant mon immeuble.
- Combien je vous dois ? demandai-je à Guesdes.
Il ignora ma question et sortit de la voiture. J'étais sur le point de réitérer ma demande au chauffeur lorsque la portière s'ouvrit. Il me présenta sa main droite et patienta. Quelques secondes s'écoulèrent avant que je ne la saisisse et quitte, à mon tour, l'habitacle. La chaleur qui émanait de sa peau contredisait l'indifférence de ses traits. Une fois dehors, je dégageai ma main de la sienne. Il avait, en une soirée, engagé à deux reprises un contact. Je ne savais pas trop quoi en penser ou si je devais même en penser quelque chose. Il glissa quelques mots au chauffeur et me rejoignit.
- Allons-y.
Surprise par son attitude, je n'étais pas certaine de la réaction à adopter. J'étais sur le point de pénétrer dans mon bâtiment lorsque, finalement, je sortis de ma transe.
- Je pense que ça ira maintenant, merci.
Il hocha brièvement la tête et s'écarta pour laisser entrer un voisin qui, au passage, me salua. Je détachai mes yeux de sa personne pour les poser sur le taxi stationné en double fil.
- Vous lui avez demandé de vous attendre ?
Il hocha, à nouveau, la tête. Il commençait à sérieusement me gonfler. La patience avait ses limites. Et elles étaient clairement atteintes.
- Bonne nuit, conclus-je d'un ton cassant.
Je lui tournai le dos et pianotai sur le digicode.
- Alors comme ça vous comptez changer de mentor ?
Mon index se figea en pleine action. Je laissai, lentement, retomber mon bras et lui fis face. Je compris, lorsque nos regards se croisèrent, une chose évidente. Elle m'avait pourtant, jusqu'à présent, échappé. Il n'était pas indifférent. Il était en colère.
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Déboires chroniques
ChickLitLa vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Les espoirs, les idéaux, l'utopie que notre esprit engendre sont mis à mal par les épreuves jalonnant notre chemin. La solidité des liens amicaux et amoureux est testée durant ces épreuves. Jena, ét...