Hassan, véritable masse, trépignait d'impatience à l'entrée du bâtiment. Impossible de le louper avec ses un mètre quatre-vingt quinze, ses larges épaules et son imposante musculature. La différence de taille entre lui et Sanaa était abyssale. Cette dernière atteignait, difficilement, les un mètre soixante-cinq en talon. La coquetterie et le souhait de combler un peu l'écart qui la séparait de son géant de chéri l'amenaient à toujours en porter.
Si Hassan était physiquement intimidant Sanaa n'avait en revanche rien à lui envier côté caractère. Tous les deux étaient très têtus. Le moindre désaccord donnait régulièrement lieu à un débat interminable sans qu'aucun n'obtienne gain de cause. Nous avions eu le droit, durant le tout le trajet du retour, à un échange houleux sur la participation de Sanaa au gala sans la présence de Hassan. Hassan bien que très contrarié s'exprimait avec calme tandis que Sanaa, pour rendre ses arguments plus percutants, s'agitait dans tous les sens. Nous nous gardâmes bien, Aurélie et moi, d'intervenir.
Mon bâtiment était situé à une dizaine de minutes du campus. J'avais délaissé les espaces trop étroits et vétustes des résidences étudiantes au profit d'un sympathique trois pièces que je partageais avec une étudiante en première année de médecine. La colocation était, d'ordinaire, quelque chose que j'exécrais. Vivre avec autrui était toujours source de conflits. J'avais néanmoins eu la chance de tomber sur une personne discrète et bienveillante. Hannah avait très souvent la tête dans les bouquins et accordait le peu de temps qui lui restait à son petit-ami, étudiant en troisième année de médecine. Nous ne faisions généralement que nous croiser mais savions nous montrer disponible en cas de besoin. Elle était, pour moi, une colocataire idéale.
J'appelai l'ascenseur et jetai un oeil à mon téléphone. 23h44. Troisième étage, appartement B17. J'introduisis doucement mes clés dans la serrure pour ne pas la réveiller. Je rejoignis sur la pointe des pieds ma chambre, laissai tomber mon sac au sol et me libérai de la robe de Sanaa. Je la posai sur un cintre en me promettant de la laver et la repasser demain. Je filai sous la douche avant d'enfiler mon pyjama puis de glisser sous mes draps. Epuisée, je tombai rapidement dans l'inconscience.
Réveillée par une sonnerie persistante je quittais mon lit avec réticence. Il faisait jour. Je me frottais les yeux pour effacer les dernières traces de sommeil. La sonnerie continuait à m'agresser les tympans.
- J'arrive !
J'étais grognon. Je n'avais pas encore eu ma dose de caféine et voilà que je devais interagir avec un fou de la sonnette. J'ouvris la porte. Il me fallut un moment avant de réaliser que le fou de la sonnette était en fait une folle. Les yeux bouffis, les cheveux en bataille, un paquet de mouchoir dans la main gauche et des kleenex usés dans la main droite. Le désespoir habitait ses prunelles.
- Sherine ?
Elle hoquetait. Je soupirais et dégageais le passage.
- Entre.
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Déboires chroniques
Chick-LitLa vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Les espoirs, les idéaux, l'utopie que notre esprit engendre sont mis à mal par les épreuves jalonnant notre chemin. La solidité des liens amicaux et amoureux est testée durant ces épreuves. Jena, ét...