Partie 29 : sous tension

22 3 0
                                    

Il écarquilla les yeux, stupéfait par la virulence de ma réponse. Il retint son souffle une fraction de seconde avant de laisser échapper un rire aussi sincère qu'imprévu. La panique qui encercla mon coeur s'apaisa lorsque je ne perçus chez lui aucune animosité.

- Vous n'y allez pas de main morte !
- Jamais, répondis-je en lui adressant un immense sourire.
- Un mauvais mentor, hum ?

La tête appuyée contre sa main, il laissa le silence s'installer afin que je puisse développer mon propos.

- Vous vous êtes porté volontaire parce que je vous ai pris pour un hôte mannequin.
- C'est une raison comme une autre, rétorqua-t-il.
- Vous m'avez invité à une soirée pour rencontrer du monde et je n'ai eu le droit, de votre part, qu'à du mépris.
- Du mépris ?
- Oui, du mépris. Vous savez cette façon que vous avez d'ignorer les personnes qui vous agacent ?

Un éclair de malice traversa ses yeux.

- Et qu'avez-vous fait pour m'agacer ?

Fin stratège, il essayait maintenant de me faire admettre mes torts.

- Bonne question, aucune idée.
- Vraiment ? Rien, chez vous, ne provoque l'agacement ?

Voyant que mon mensonge ne leurrait personne, je finis par avouer :

- Ok... J'ai un PETIT souci de ponctualité mais à part ça...

Les coins des lèvres relevés, il haussa les sourcils et posa sur moi un regard amusé.

- Deux rencontres, deux retards. Zéro explication.

J'avais été, depuis le début, entièrement accaparée par ses torts et n'avais absolument pas réfléchi aux miens.

- Je me suis excusée, marmonnai-je peu ravie d'être prise à mon propre piège.
- La première fois c'est vrai. Ce soir pas tellement. Vous comptiez partir sans m'en informer.
- J'ai demandé à Florian de vous prévenir, me défendis-je.
- Sans m'en informer personnellement.
- Désolée.
- Vos excuses ne m'intéressent pas.

L'ambiance, jusque là légère, redevint tendue.

- Et qu'est-ce qui vous intéresse ?

Il se gratta le menton, fixa ses pupilles sur mes yeux cuivrés.

- La raison de vos retards.
- La raison ? Qui vous dit qu'il n'y en a qu'une seule ?
- Une intuition. J'ai tort ?

Il avait vu juste. Je n'étais cependant pas disposée à perdre cette joute verbale. Il fallait que je trouve un moyen de tourner la situation à mon avantage.

- Je répondrai à votre question si vous répondez à la mienne.

Intrigué, il me fit signe de poursuivre.

- Au gala, je ne vous ai jamais donné mon nom. Comment l'avez-vous obtenu ?

Déboires chroniquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant