Le château, encadré de verdure, donnait sur un magnifique étang.- On a le domaine rien que pour nous ? , m'enquis-je.
Noah suivit mon regard. Eclats de rire, nappe de pique-nique, fausses indignations, sincères accolades et conversations animées. Mes yeux quittèrent le groupe se prélassant au soleil pour se poser, une centaine de mètres plus loin, sur un trio de randonneurs. Ils empruntaient un sentier qui s'enfonçait dans la forêt bordant la plaine.
- Oui. Le lieu a été privatisé.
- Sympa !Dotée de plusieurs ailes, la bâtisse couvrait une superficie impressionnante. Nous nous dirigeâmes vers l'entrée située dans l'angle de l'édifice, traversâmes un portique soutenu par une série de colonnes avant d'atterrir dans un hall étonnamment moderne. Je m'attendais à quelque chose de plus ... antique. Spacieuse, lumineuse, surplombée par un imposant lustre, la réception était à couper le souffle. Des miroirs tapissaient le mur devant lequel se tenait un quadragénaire tiré à quatre épingles. Le chaleureux sourire qu'il nous adressa creusa les rides au coin de ses yeux. Les cheveux clairsemés et légèrement grisonnants, le buste incliné, il nous accueillit avec entrain :
- Monsieur Guesdes, Madame Abbad.
Madame Abbad ? C'était bien la première fois qu'on faisait preuve d'autant de révérence en s'adressant à moi.
- Hugo. Ravi de te revoir.
Le visage éclairé par un large sourire, Hugo me réserva quelques mots de bienvenue avant d'introduire les lieux. Château édifié près d'une chapelle, héritage monarchique converti en hôtel cinq étoiles doté de treize salles de réunions de vingt-six à cent-cinquante mètres carré et d'une équipe en mesure de proposer et organiser des activités team building. Deux restaurants, un bar et un room service à tout heure. Salle de fitness, spa... Ce week-end allait être plus agréable que prévu. Nous déclinâmes sa proposition de faire porter nos sacs par un tiers dans nos suites. Il nous tendit nos clés et ajouta :
- Vos chambres se trouvent au 4ème étage, à droite au fond du couloir.
Il se tourna vers Guesdes. L'air entendu qu'ils affichèrent capta brièvement mon attention. Etrange... Je hissai mon sac sur l'épaule tout en refusant poliment l'aide de Noah. En entrant dans l'ascenseur, mon bras frôla le sien. J'avais du mal à évaluer son humeur. Nous étions, l'un comme l'autre, peu loquaces. J'avais fait le premier et deuxième pas. A lui de faire le troisième ou de m'ignorer tout le week-end. Je comptais pour ma part profiter du cadre exceptionnel qu'offrait ce séminaire pour me reposer et rencontrer du beau monde. J'étais certes intimidée par cet univers qui semblait être sa norme et anxieuse à l'idée de côtoyer des inconnus. Mais j'étais aussi prête à tirer pleinement parti de cette situation.
- On se retrouve ici dans...
Il jeta un œil à sa montre.
- Quinze minutes, annonça-t-il avant de disparaître dans la chambre adjacente à la mienne.
Blottie sous les combles, poutres apparentes, baie verticale de forme circulaire, cette pièce de vingt-cinq à trente mètres carré avec une salle de bain en marbre était un véritable nid douillet. Captivée par la décoration à la fois classique et contemporaine, je me pris à penser aux autres chambres de l'hôtel. Si cet espace, selon les insinuations d'Hugo, n'était que l'entrée de gamme à quoi ressemblait la version deluxe ? Je déposai mon sac au pied du lit. On aurait facilement pu tenir à quatre sur un matelas pareil. Je n'osais pas jeter un œil au miroir de la salle de bain. Le reflet qu'il me renverrait ne serait certainement pas flatteur. Allongée sur le dos, je fixais le plafond. L'esprit brumeux, je n'étais pas loin de m'assoupir lorsque plusieurs coups à la porte interrompirent ma rêverie. Je me relevais péniblement.
- Oui ?
Les cheveux châtains, un brun décoiffé, grand, très grand, mince, des lèvres fines étirées en un radieux sourire et des yeux marron reflétant son humeur joviale et son esprit taquin.
- Surprise !, s'exclama-t-il.
Et quelle surprise ! Je n'aurais jamais cru le retrouver ici. A Anecourt. Dans ma chambre...
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Déboires chroniques
ChickLitLa vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Les espoirs, les idéaux, l'utopie que notre esprit engendre sont mis à mal par les épreuves jalonnant notre chemin. La solidité des liens amicaux et amoureux est testée durant ces épreuves. Jena, ét...