Hannah en tailleur sur le tapis, Aurélie la tête renversée par dessus le fauteuil, Sanaa avachie sur une partie du canapé et moi occupant l'autre partie. Sur la table basse de quoi nous gaver. Boissons, pop corn, pot de glace, friandises pour aider Aurelie à surmonter son échec.
- Je vais me retaper toute l'année à cause d'une seule fonda* ! , geignit-elle.
Elle se couvrit le visage puis poussa un profond soupir.
- Vois le bon coté des choses, la réconforta Sanaa.
Aurélie se releva, difficilement, et fixa son amie. Des mèches blondes dissimulaient une partie de son visage. Le large t-shirt froissé et le pantalon informe qu'elle portait s'accordaient parfaitement à son humeur.
- Y a un bon côté ?
- Ba l'année prochaine à part rattraper cette matière t'auras pas grand chose à faire.
- Hannah retiens-moi je vais la tuer !
- Pourquoi Hannah ? , s'étonna Sanaa.
- Elle a prêté serment.
- Quel serment ? , demandai-je perplexe.
- Le serment d'Hippocrate !La concernée, après que nous eûmes cessé de ricaner, précisa :
- Je suis qu'en première année.
- Deuxième maintenant , rectifiai-je tout sourire.Aurelie expira bruyamment puis se laissa lourdement retomber.
- C'est bien remue le couteau dans la plaie !
Le corps, à présent, recroquevillé, le front marqué de légères ridules, elle faisait peine à voir. Nous n'étions pas inquiètes. Aurelie était solide. Elle était peut-être même la plus solide d'entre nous. Elle avait connu son lot de difficultés et avait toujours fait preuve de résilience. C'était un boute-en-train que rien ne décourageait. Étudiante en sciences du management et métiers du sport, elle avait réussi à dénicher une alternance et se conformer aux exigences académiques et professionnelles de sa formation sans jamais ménager ses efforts.
- Comment ça se passe pour ton contrat ? , m'enquis-je.
- Ils ont accepté de le prolonger.
- C'est une bonne nouvelle ça ! , s'enthousiasma Sanaa.
- Il en faut bien une..., maugréa Aurelie.Hannah encercla, d'une main, ses cheveux épais et frisés et, s'appliqua, de l'autre à former un chignon bas. La figure dégagée, elle quitta lentement le sol sur lequel elle s'était installée une heure plus tôt.
- Mal aux fesses ?
- Au coccyx, me répondit-elle après quelques étirements.
- On peut te faire une place si tu veux, suggérai-je.
- Sanaa range tes pieds ! , s'exclama Aurelie.
- Non c'est gentil mais je dois y aller. Isaac m'attend.
- Ouhhhh, soirée romantique ?L'information croustillante que Aurelie espérait dénicher la remit aussitôt d'aplomb.
- T'étais pas, y'a à peine trente secondes, au bout du rouleau toi ? , fis-je remarquer.
- Non mais franchement ..., renchérit Sanaa.L'expression solennelle qu'afficha la cible de nos boutades détonnait.
- La combat continu, répliqua-t-elle d'une voix grave.
Sanaa lui balança un coussin qu'elle attrapa en plein vol.
- T'en as d'autres des comme ça ? , la questionnai-je.
- Un stock !
- Que dieu nous préserve ! , s'écria ma compère à l'autre bout du canapé.Le petit rire qui s'échappa du gosier d'Hannah ramena notre attention vers elle.
- Vous êtes vraiment drôles, commenta-t-elle.
- Folles ... Elle veut dire folles, traduisis-je.
- Mais pas du tout ! , se défendit-elle.
- Je m'attendais pas à ça de toi, déplora Aurelie.
- Ne jamais se fier aux apparences, nous mit en garde Sanaa.
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Déboires chroniques
ChickLitLa vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Les espoirs, les idéaux, l'utopie que notre esprit engendre sont mis à mal par les épreuves jalonnant notre chemin. La solidité des liens amicaux et amoureux est testée durant ces épreuves. Jena, ét...