Partie 89 : l'oubli

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La grande valise et le bagage à main à l'entrée, Hannah désolée de ne pouvoir se joindre à nous dans le salon, le passeport, le téléphone et les clés dans le sac à main.

- Je vous envie...

Les longues tresses que ma colocataire avait faites pour célébrer la fin des partiels lui allaient à merveille.

- Tu peux toujours abandonner ta famille et nous rejoindre, suggérai-je.

Elle secoua la tête.

- J'ai promis à mes parents de rentrer à la fin des exams.
- Un mois à visiter les cousins, cousines, oncles, tantes, grands parents avec Isaac ... C'est pas mal non plus.
- Aussi bien qu'une semaine à Miami ?
- Mais oui !

Peu convaincue mais résignée, elle poursuivit :
- Florian hum ?
- On est ami.
- J'espère bien.
- Ah bon ?

Elle quitta paresseusement son fauteuil, enveloppa ses tresses dans une charmante queue de cheval et déplaça légèrement ma petite valise pour s'adosser à la cloison.

- J'ai une préférence, confessa-t-elle.
- Pour ?
- Noah.

Les muscles faciaux légèrement tendus, je glissais une main dans la poche avant de mon jean et tachais de dissimuler la contrariété que ce nom m'inspirait.

- Moi aussi j'ai une préférence, déclarai-je.
- Laquelle ?
- Je préfère ne pas rater mon vol ! Je descends récupérer un taxi.

Hannah qui avait relevé ma réticence et mon subtil changement de sujet n'insista pas.

- Tu rejoins les autres à l'aéroport ?
- Florian, Alexandre et Aurélie seulement.
- Sanaa et Hassan ne partent pas en même temps que vous ?
- Non ils sont dans le vol du soir.

Elle hocha la tête, décolla son fessier du mur pour m'enlacer.

- Envoi moi un message dès que t'arrives.

Je lui rendis son étreinte.

- Promis !
- T'as besoin d'aide ? , dit-elle en désignant mes affaires du doigt.
- Non merci ça devrait aller.
- Comme tu veux. Fais-moi signe si tu changes d'avis.

La anse de mon sac à main sur l'épaule, je tirai mes valises vers l'extérieur tout en estimant mon temps trajet jusqu'à l'aéroport. Distraite par mes calculs et cherchant, pour la énième fois de la matinée, mon passeport et ma carte bleue, je ne perçus que tardivement sa présence.

- Tu pars en vacances ?

Une voix grave, pénétrante, douce et un chouïa préoccupée. Une voix que je pouvais à présent reconnaître entre mille. Il bloqua d'une main les portes de l'ascenseur. Figée de surprise, il me fallut un moment avant d'admettre qu'il était là. Dans mon immeuble.

- J'ai pas le temps. Je dois y aller.

Il n'avait pas mérité cet accueil glacial. Pas complètement. Mais je n'étais plus en mesure, le concernant, de contrôler mes réactions.
Ne pas regarder ses lèvres. Oublier qu'elles avaient frôlées les miennes, que je les avais convoité. Oublier que j'avais été à deux doigts de succomber. Oublier qu'il m'avait refusé l'accès à autre chose que sa chair. L'oublier.

Déboires chroniquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant