Partie 33 : sens unique

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Elle grimaça. L'idée ne l'enthousiasmait pas du tout.

- Cache ta joie ... ironisai-je
- Non c'est très sympa de ta part mais...

Elle tortillait, avec une vigueur nouvelle, les cheveux de Sanaa. La victime de ses assauts capillaires protesta et s'écarta de ses doigts meurtriers.

- Eh tu vas me rendre chauve si ça continue !

Elle laissa retomber ses mains sur ses cuisses.

- Ne me dit pas que ...

L'expression coupable qu'afficha mon amie me suffit.

- Que quoi ? , interrogea Sanaa qui peinait à suivre.
- Elle lui reparle.

Les reproches que recélait cette courte phrase accrurent l'inconfort de Aurélie. Elle enfouit son visage dans le coussin sur lequel reposait son dos un instant plus tôt.

- Mais non !!
- Quand ? Comment ? Mais surtout pourquoi ?, l'interrogeai-je.

Lentement elle se releva et soutint, tour à tour, nos regards intrigués et surpris.

- Il y a deux semaines. Pendant un de mes week-ends de famille. Parce qu'il était là et... que j'étais là !
- Tu lui as brisé le coeur Aurélie !, lui rappela Sanaa.
- Et pas qu'une fois, insistai-je.

La famille recomposée de Aurelie comptait, elle incluse, 6 enfants. Trois frères, plus jeunes. Et après le divorce de ses parents et le remariage de sa mère, deux demi-sœurs. Le père de Aurélie avait également refait sa vie. Lui et sa femme, de 15 ans sa cadette, attendaient un bébé. La fratrie allait donc bientôt s'agrandir. Tout ce beau monde essayait de coexister, le temps d'un week-end, plusieurs fois par an. Parfois les amis de la famille étaient invités à participer à cette petite sauterie. Sanaa et moi avions ainsi eu l'occasion d'assister, plusieurs fois, au joyeux bordel que constituaient leurs retrouvailles.
Aurélie avait un entourage riche par sa diversité et large par ses additions. C'est l'une de ses additions qu'elle a rencontrée par le biais de son frère Francis. Alexandre et Francis faisaient partie de la même équipe de handball. Ils s'étaient appréciés dès le départ et avaient fini par former un duo inséparable. Elle l'avait, par la force des choses, côtoyé à diverses occasions. Les rapports platoniques qu'ils entretenaient avaient progressivement changé. Il s'était épris d'elle. Un amour, malheureusement, à sens unique. Plus il manifestait ses sentiments moins elle était encline à les partager. Mais pour une obscure raison, Aurélie avait cédé, à deux reprises, à la tentation d'un rapprochement physique.
En franchissant ce cap, elle lui avait donné de solides espoirs auxquels s'accrocher. Des espoirs constamment malmenés par son refus catégorique de s'engager dans autre chose qu'un plaisir éphémère.

- On ne s'est pas contenté de parler..., précisa-t-elle la voix déformée par les remords.
- Non ?!, m'exclamai-je.
- Encore !, s'insurgea Sanaa.

La soudaine apparition de Maroua interrompit nos indignations. Elle était à croquer avec ses joues rebondies rosies par l'effort, sa petite frange bouclée qui lui couvrait le front et sa jolie robe bleu nuit. Elle m'attrapa le poignet et m'entraîna dans le salon mettant, ainsi, fin à la conversation.

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