Chapitre 51

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(Alvaro)

Je m'assois par terre parce que force d'être accroupi comme ça, je commence à avoir mal aux jambes. Je la regarde, ne comprenant pas ce qu'elle veut me dire.

Am : De quoi tu me parles alors? Explique moi...

J'ose poser ma main sur sa cheville, juste pour avoir un contact avec elle. Cette fois, elle ne me repousse pas.

L : Mon... Mon dernier compagnon. Je suis sorti avec lui pendant plus de cinq ans. On vivait ensemble. Au début, c'était un mec bien...

Ok. Déjà, j'aime pas trop la tournure que ça prend. Ce « au début »...

Je hoche la tête pour l'encourager à parler.

L : Il était tendre, amoureux en fait. Tout était parfait, vraiment... Mais au fil du temps, il a commencé à se rendre compte à quel point être infirmière était très prenant. Il commençait à me reprocher de ne jamais être à la maison, qu'on ne partait jamais en week-end ou en vacances. Ce que je comprends évidemment. Il avait envie de me voir. Je sais que ce métier est pesant! Après un an de relation, il a commencé à boire... Un peu... Puis beaucoup... A chaque fois que je rentrais chez moi, il était complètement saoul.

Je caresse sa cheville doucement en l'écoutant attentivement.

L : Puis un matin, quand je suis rentré, il a commencé à m'agresser verbalement...

Am : Il te disait quoi?

L : Des choses comme... « T'es une sale merde » ou alors « Je suis sûre que tu te fais sauter par tous les médecins comme dans les séries et que c'est pour ça que t'es jamais là »

Am : C'est nul...

L : Après les mots, les gestes ont suivis, quelques mois plus tard.

J'avale ma salive et je serre des dents, tout en resserrant aussi ma prise sur sa cheville.

L : Ca a commencé pendant un jour où j'étais censé être de repos. L'hôpital m'a appelé à cause d'un énorme accident sur l'autoroute. Ils avaient besoin de bras. Il l'a très mal prit. Il m'a frappé au visage. J'étais plus blessée par son geste que par le coup en lui même, malgré l'énorme bleu que j'avais sur la pommette.

Am : Personne n'a fait attention ?

L : On m'a posé quelques questions si. Mais c'est assez facile à camoufler quand on sait très bien que dans ce milieu, on se fait souvent frapper par des patients.

Je serre des dents.

Mon empathie est en train de pleurer par ce discours plein de douleur et de tristesse.

L : Un matin, je suis rentrée chez moi, épuisée autant mentalement que physiquement après une longue garde. J'ai déposé mon sac à l'entrée quand... Juan m'a attrapé par les cheveux violemment. Un peu comme... Comme tu l'as fait ce soir. Il m'a obligé à m'allonger sur la table de la salle à manger... Il a baissé le bas de ma blouse... Avant de... m'utiliser.

Je ferme les yeux, et je pose mon front contre ses jambes. Je chuchote.

Am : Dis moi que tu l'as quitté juste après ça...

L : Non... J'ai laissé passer six mois...

Am : Putain...

L : J'ai eu la force d'en finir avec tout ça... Avec lui... Avec mon job... Je voulais changer de vie parce que je commençais à voir en moi tous les signes de la dépression... J'ai vu à l'hôpital jusqu'où ça pouvait aller alors... J'ai décidé de prendre ma vie en main.

Am : Comment il l'a prit ton ex... ?

L : Plutôt bien en fait. Il était fier de m'avouer qu'il voyait déjà quelqu'un d'autre depuis cinq mois.

Je soupire. Encore heureux que ce type ne l'a pas harcelé.

L : Cette nuit, j'avais peur que tout ça se reproduise... Avec toi.

Mon cœur s'arrête subitement. Je me redresse et je la regarde profondément dans les yeux.

Am : Lucia... Non...

Je tends la main pour la poser sur sa joue. Elle se raidit.

Merde.

Am : Non. Chuuut... Détends toi...

Je caresse sa joue doucement, et je me relève pour m'asseoir à côté d'elle.

Am : Je sais que je fais des erreurs... Mais jamais je ne te ferais du mal... Pas volontairement en tout cas... Et j'ai l'alcool joyeux voir même coquin! Mais pas violent, si ça peut te rassurer.

Je tourne sa tête doucement pour qu'elle puisse me regarder. Et je me penche sur elle, pour déposer mes lèvres sur son autre joue.

Am : Je te veux que du bien Lucia. Et je ne mentais pas quand je disais que je suis tombé amoureux de toi.

Florence - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant