Florence - Tome 1

Chapitre 154

(Alvaro)

On me fait rentrer dans un genre de salle d'interrogatoire, et je vois Blanca, assise à une table, menottée...

Rien que de voir ça, ça me déchire le cœur.

Am : Je peux lui parler seul ?

Pol : Le mieux, c'est de rester sous surveillance.

Am : Elle est menottée. Je sais qu'elle ne me fera pas de mal.

Pol : Je suis juste devant la porte.

Am : Merci.

J'attends que le flic sort, et je m'assois en face de Blanca.

B : Tu vas me faire la morale? Je me sens déjà assez mal comme ça.

Am : Non...

B : Alors qu'est-ce que tu veux Alvaro?

Am : Comprendre... On a vécu sept ans ensemble, je te connais par cœur. Mais depuis quelque temps, c'est comme si tu étais une autre personne.

B : On aurait dû finir notre vie ensemble.

Am : ...

B : C'est vrai! On a eu des enfants magnifiques, on était bien.

Am : On ne s'aimait plus. A la fin, c'est à peine si on se parlait.

B : On se parlait.

Am : Oui, pour les choses nécessaires, comme savoir lequel de nous deux irait chercher les enfants ? Ou sur un plan professionnel.

Elle soupire. Elle sait que j'ai raison.

Pourquoi elle a tant de mal à l'accepter maintenant?

Am : Tu ne voulais pas te marier avec moi. Tu as même voulu qu'on devienne un genre de couple libertin.

B : J'ai jamais été voir ailleurs Alvaro.

Am : Je sais. Mais tu savais que j'ai toujours été vieux jeu. On... On ne se correspondait plus.

B : Mais ca m'a jamais empêché de t'aimer moi...

Je jette un œil à la porte, et finalement, je tends la main pour prendre celle de Blanca. Je la lui serre doucement.

Am : Comment ils t'ont trouvé?

Elle lève la tête, un peu surprise.

B : Ils te l'ont pas dit?

Am : Non.

Elle se mord la lèvre.

B : J'étais allé voir Pedro. Je me cachais dans la remise du théâtre pendant des jours, et j'avais faim et froid. Je pensais qu'il allait m'aider.

Am : Il ne l'a pas fait ?

B : Il m'a fait à manger, m'a laissé prendre une douche bien chaude. Mais il m'a drogué avec des somnifères à mon insu avant d'appeler la police.

Am : Donc c'est Pedro qui t'a balancé?

Elle me fait oui de la tête.

Eh bien!

Je ne pensais pas qu'il ferait ça. Je sais qu'il a toujours adoré Blanca, en tout bien tout honneur mais n'empêche. Il a fait ce qu'il fallait, même si elle doit se sentir trahis.

En revanche, je me demande pourquoi il ne nous a rien dit à nous.

B : Je voulais pas la blesser...

Am: Je sais.

B: C'est vrai?

Am : T'as jamais été quelqu'un de violente.

B : Pourtant, j'ai pété un plomb Alvaro.

Am: Pourquoi?

B: J'ai la sensation qu'elle prend ma place. Tu es amoureux d'elle, les enfants m'en parlent sans arrêt en bien. Ca m'a complètement brisé.

Am : Vaut mieux ca qu'elle s'en occupe mal tu ne penses pas ?

B : Hum...

Am : Elle te remplacera pas Blanca. Rassure toi.

Elle commence à pleurer.

B: Même si je regrette, une partie de moi voulait lui faire du mal.

Am: ... Quoi?

B: T'as très bien compris.

Am : T'as pensé aux jumeaux ?

B : Je fais que ça !

Am : Non. Parce que si tu pensais vraiment à eux, tu n'aurais pas fait ça. Maintenant, tu vas aller en prison. Et je vais leur dire quoi moi ?

B : Ils savent ce que j'ai fait?

Am : Non. On a pas eu le cœur de leur dire. Tu sais ? Lucia ne voulait même pas porter plainte contre toi. Parce qu'elle n'a aucune intention de te retirer tes enfants.

B : Pourtant, elle l'a fait.

Am : Le médecin qui lui a retiré tes ciseaux avait déjà appelé la police. Elle n'a pas eu trop le choix.

Je soupire, et je me passe une main sur mon visage.

B : Tu pourras dire aux enfants que je suis partie pour le travail pendant quelques temps ?

Am : Je vais pas pouvoir leur mentir éternellement.

B : S'il te plait.

Am : Fallait réfléchir à ce que tu faisais. Je suis désolé.

Je commence à me lever pour partir.

B : Tu vas l'épouser Alvaro ??

Am : Elle en tout cas, ne serait pas contre.

B : Je veux bien t'épouser Alvaro. Je veux être ta femme.

Am : Fallait me dire ça quand on était ensemble. C'est trop tard. Et j'aime Lucia.

Je pose ma main sur la poignée de porte.

Am : Fais attention à toi Blanca.

Je sors.

J'ai si mal au cœur.

Elle voulait quand même lui faire du mal.

Ca me tue de savoir ça.

Je vais jusqu'à la voiture, seulement, elle n'est plus là.

Am : Merde... Fait chier.