26 : Profondeurs abyssales

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Alors que ses ravisseurs avaient détourné leur attention, elle saisit sa chance. C'était ça ou mourir, et quand bien même elle risquait la noyade, elle ne supporterait sans doute pas tous les châtiments que ses ravisseurs comptaient lui infliger.
Aurore plongea par-dessus bord. 
Ils n'avaient même pas tenté de lui attacher les mains, trop sûrs d'eux. Elle put donc nager vers le fond. Ils tentaient de lui tirer dessus. Sachant qu'elle serait une cible facile tant qu'elle ne serait pas hors de leur portée, elle nageait vers le fond au lieu de nager en surface. 
Même pour une championne d'apnée, il y a un moment où une seule inspiration ne suffit plus. Mais elle savait qu'elle ne s'était pas assez éloignée. Elle usa ses forces à retenir toujours plus sa respiration. Bientôt sa tête lui tourna. Lorsqu'elle leva les yeux vers la surface pour remonter, elle semblait tellement loin... Elle ne réussirait jamais. Elle allait mourir noyée... ou écrasée par la pression qui, peu à peu, devenait plus étouffante. 
Aurore continua néanmoins sa nage vers les profondeurs, sans même savoir pourquoi. Elle croisa nombre de poissons magnifiques et de coraux... mais elle ne semblait pas les voir, perdant peu à peu toute sa raison.. Pourquoi ne tentait-elle pas de remonter à la surface pour respirer ? Pourquoi usait-elle ses dernières secondes de vie pour plonger plus loin ? Elle tomba finalement inconsciente. Ses dernières pensées allèrent au poisson sublime qui s'avançait vers elle d'un air intrigué.

Reprenant d'un coup conscience et prenant une grande inspiration, elle savoura la vie qui regagnait peu à peu ses membres. Quelqu'un l'avait secourue ? Comment était-ce possible ?
Elle regarda autour d'elle. Non. Elle était toujours dans les profondeurs océaniques.

Elle était toujours entourée de poissons et de coraux, loin de la surface. Mais... alors comment se faisait-il qu'elle était en vie et qu'elle respirait ? L'eau qu'elle inspirait ne lui brûlait pas les poumons, elle semblait l'expirer normalement. Elle se sentait différente, plus forte. Même la pression semblait moins forte. Une queue longue et puissante remplaçait ses jambes frêles. Elle voulut aller plus loin. Puisque l'air n'était plus un problème, elle pouvait bien aller plus profond, non ? 
Elle continua de s'éloigner de la lumière du soleil, petit à petit, tout s'assombrissait, pourtant, sa vision n'en semblait pas affectée. Ses oreilles prirent le relais, elle percevait tout aussi bien son environnement, même sans aucune lumière. Elle avançait rapidement, bien plus rapidement qu'avec des jambes humaines. Sa queue de poisson la propulsait avec force à chaque mouvement. Ses mains étaient palmées, un mince voile translucide bleu-vert s'étendait entre chaque doigt. Elle continua de nager vers le fond, progressant encore et encore, croisant diverses espèces. Requins, dauphins.. Arrivant vers les profondeurs les plus sombres, elle put même croiser un cachalot qui tentait de broyer entre ses puissantes mâchoires un calamar géant qui lui déchirait la peau de ses tentacules vifs. Mais elle ne s'attarda pas, le fond des océans l'appelait. De plus en plus, elle se sentait attirée par les abysses... Plus rien n'avait d'importance, elle devait atteindre le fond. Elle croisa des espèces incroyables encore inconnues du reste du monde, des espèces qu'elle seule avait pu voir sans doute depuis l'aube de la vie. Aucun humain n'était descendu jusqu'ici. Elle continua sa plongée.

Depuis combien de temps plongeait-elle ? Une heure ? Un jour ? Un mois ? Une année ? Un siècle ? Sa vie sur terre semblait si lointaine... Elle ne se souvenait même plus ce que ça faisait d'effleurer le sable chaud sans avoir toute cette masse glacée qui restreignait ses mouvements. Elle se sentait étrangement vivante au milieu des flots, loin de toute vie. Elle se sentait chez elle. 
Peut-être était-ce une hallucination ? Peut-être était-elle morte et cette descente vers le fond était le chemin qui la ferait passer dans l'autre monde ?

D'un seul coup, alors qu'elle approchait du fond, une lumière jaillit de la roche et forma un cercle éblouissant. Après autant de temps passé sans lumière, Aurore se sentit d'un coup paniquée et désemparée. Mais la lumière n'était pas mauvaise. Elle semblait accueillante. Aurore en était certaine, c'était cette lumière qui l'appelait. Elle passa au travers du cercle lumineux, qui se referma après son passage, ne laissant aucune trace de sa présence.

Débarras d'idées insenséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant