Dans la forêt des Larmes, sur la Terre d'Aries, vivaient les elfes An'lonaal. La forêt des Larmes était traversée par le fleuve Ash'Naal, les elfes de cette forêt étaient donc appelés "ceux qui côtoient l'eau", An'lonaal en ancien elfique. Ils vivaient dans des maisons dans les arbres, de véritables maisons camouflées par des feuillages, si habilement que même l'oeil le plus entraîné n'aurait pu en distinguer ne serait-ce que les contours. La cité elfique s'étendait sur quelques centaines de mètres à la ronde autour du Père de la Forêt, un immense chêne de plus de 900 ans dont les énormes branches touchaient le sol. Au printemps, on eût dit une montagne de feuilles, et en hiver, l'arbre ressemblait à une araignée gigantesque, ses branches mises à nue s'entrelaçant de manière effrayante. Cet arbre centenaire abritait la famille royale.
Le Roi des elfes du clan An'lonaal était un homme dur et craint. Il pouvait tuer homme, femme ou enfant sans même sourciller s'il le jugeait nécessaire. La Reine, en revanche, était une femme tout ce qu'il y a de plus douce. Toujours souriante, elle n'hésitait pas à apporter de l'aide aux plus démunis. Même s'il ne comprenait pas sa femme, le Roi la laissait faire.
Le jeune prince, Coll, avait hérité du caractère de son père. Cependant, l'enfant était bien plus cruel, même s'il le cachait bien. Le Roi était fier de son fils et le chérissait plus que tout.Bientôt, la Reine retomba enceinte d'un petit garçon. Le Prince, âgé alors de 10 ans, sentit sa position de favori être menacée. Bien décidé à ne pas laisser ce nouveau venu bousculer sa vie, il chercha un moyen de s'en débarrasser.
La famille royale avait depuis toujours quelques facilités avec la magie de voyance. Le Prince ne s'y était jamais intéressé mais il pourrait probablement en tirer quelque chose pour son plan.Une nuit, un domestique vint chercher Coll pour l'avertir de la naissance de son petit frère. Celui-ci le suivit sans mot dire. Lorsqu'il arriva dans la chambre à coucher de sa mère, il se contenta de lui demander si elle allait bien. Malgré l'épuisement sur son visage, la Reine semblait comblée. Le Roi, à son chevet, souriait lui aussi, les yeux humides. Coll sentit la colère monter en lui mais n'en montra aucun signe. Il se contenta de rester en retrait. Ses parents finirent par lui demander pourquoi.
- J'ai eu une vision cette nuit... Je n'ose vous dire ce que j'y ai vu...
Le Roi, un peu inquiet lui ordonna de s'expliquer.
- Parlez mon fils ! Qu'avez-vous vu ?
- Je... J'ai vu qu'il convoitera le trône... et qu'il sera prêt à tout pour cela.. Me tuer.. et vous tuer également, Père...
Le visage du Roi s'assombrit. Il serra les poings.
- Comment..? Vous plaisantez sans doute !
Coll secoua la tête.
- J'aimerais vous dire que oui.. mais ce serait mentir. Père, la vision que j'ai eu était formelle... Aussi, je ne m'approcherai pas de cet enfant... Si vous me le permettez, je souhaiterai retourner me coucher..
- Je... Je vous le permets mon fils, souffla le Roi le regard dans le vague.
Coll avait réussi à lui mettre un doute. Le Prince tourna alors les talons, triomphant, et rejoignit sa chambre. Ce n'était qu'une question d'heure avant que le Roi décide de lui-même de se débarrasser de l'enfant. Le Roi quitta les appartements de sa femme, alors que celle-ci nourrissait l'enfant, inquiète de la décision qu'allait prendre son mari. La nuit pencha en la faveur de Coll. Le Roi décida de ne prendre aucun risque et de se débarrasser du nouveau-né tant qu'il en était encore temps. Dès les premières lueurs de l'aube, il fit part de sa décision à la Reine, qui se révolta.
- Hyonyr, non ! Tu ne peux pas m'enlever notre enfant sous prétexte d'un rêve vague !
- Tu sais très bien que ma famille est doué pour la divination, Anoly ! Je ne laisserai pas cet enfant nous tuer moi et notre fils !
- Mais comment un jeune garçon pourrait vous tuer ? Tu divagues complètement !
- Il nous tuera en grandissant ! Mieux vaut s'en débarrasser immédiatement !
Ce dernier cri réveilla l'enfant qui commença à pleurer. La Reine alla le prendre dans ses bras et le berça.
- Là, là mon petit Luxio... c'est rien, fais dodo... maman est là...
- Dès qu'il s'endormira, j'ordonnerai à un garde d'aller le noyer dans Ash'Naal, que tu le veuilles ou non, déclara le Roi avant de tourner les talons
La Reine le retint par le poignet, suppliante.
- Non ! Laisse-le ! Tu ne peux pas être cruel à ce point ! Il ne t'a rien fait cet enfant !
- Pas encore.
- Il ne fera rien, il suffit de bien l'éduquer... je t'en prie...
Le Roi se dégagea en résistant aux suppliques de sa femme.
- Ma décision est prise Anoly, tu ne me feras pas changer d'avis. Fais-lui tes adieux, un garde viendra le chercher dans une heure.
- Mais..
Le Roi claqua la porte derrière lui, coupant court à toute réplique. Il s'en alla vers sa chambre. La famille devait présenter l'enfant au peuple ce matin.. le Roi décida de prétexter un enfant mort-né. La pauvre Anoly, laissée seule avec son fils s'était assise sur son lit et pleurait en serrant son bébé contre sa poitrine.
- Mon enfant... mon pauvre petit... je suis... tellement désolée... Pendant neuf lunes je t'ai protégé, neuf lunes que je te porte et déjà tu vas mourir... Triste j'accouche, triste est la première fête que je te fais, triste je resterais. Tu nais et dois déjà retourner auprès d'Aeryos... Pardonne-moi, mon petit coeur de ne pouvoir te protéger...
L'heure passa et finalement deux gardes entrèrent.
- Votre Majesté..., commença le premier.
- Allez-y, l'interrompit-elle, faites votre travail, prenez-le. Mais sachez que vous m'enlever la joie de mes yeux et la gaieté de mon coeur. C'est à lui que j'ai adressé mon dernier sourire, c'est lui qui emportera mon bonheur. Ma joie se noiera là-bas aux côtés de mon enfant.
Elle baisa le front du nouveau-né et les gardes le prirent. Ils l'emportèrent à travers la forêt des Larmes. Mais arrivés au fleuve, ce fut trop difficile de le noyer eux-même. Les gardes construisirent un petit radeau et déposèrent l'enfant dessus. D'un coup de pieds, ils l'éloignèrent du rivage. Au milieu des vagues du torrent, l'enfant finirait forcément par se noyer. Avec une dernière prière, les gardes s'en retournèrent au Père de la Forêt.
Le petit elfe, en se réveillant, se mit à pleurer. Toujours plus fort, toujours plus... mais personne ne vint. Qui aurait pu l'entendre au milieu du fracas des flots ? Pourtant, si quelqu'un eût pu l'entendre, il en aurait eu le coeur brisé. N'importe quel être, même le plus insensible aurait fondu devant tant d'ardeur à vivre. Mais personne ne l'entendait. Le pauvre petit se démenait, tentait de se faire entendre, criant toujours plus fort, il vivait, il voulait vivre.
Il s'égosilla pendant deux jours durant. Au matin du troisième, le petit radeau fut bloqué par une branche. Par miracle, sans que l'on sache comment, il avait atteint l'autre rive. L'enfant arrêta de pleurer, penché au-dessus de lui, un félin le regardait de ses grands yeux violets. C'était une sorte d'ocelot bleu nuit aux taches vert sombre. Un dan'loos. L'animal renifla le bébé qui se laissa faire, fasciné par la bête. Il tendit ses petites mains vers le museau de l'animal et celui-ci eût un mouvement de recul. L'enfant, terrorisé à l'idée de se retrouver à nouveau seul, se remit à pleurer. L'instinct maternelle du félin prit le dessus et l'animal s'approcha à nouveau de l'enfant. Le petit elfe caressa alors le museau de l'animal, esquissant des sourires. Finalement, le félin emporta l'enfant par son vêtement en direction de sa tanière. Là-bas, il prit soin de lui comme s'il s'agissait de son propre petit. Luxio resta alors sept longues années avec l'animal. Alors que l'enfant fêtait son huitième anniversaire, il fut trouvé par un peuple. Un peuple vivant dans les Terres Inconnues. Les Silluras. Ils l'éduquèrent, lui apprirent à parler, à lire, à écrire... ils lui apprirent la pêche, la chasse, la cueillette, la magie.. Il resta avec eux pendant cinq ans. Il apprit une magie inconnue au sein des Terres Connues... une magie appelée magie aurique.
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Débarras d'idées insensées
De TodoEn sommes, c'est un Débarras. Je pourrais vous résumer comment une nouvelle recrue sur un navire Pirate est devenue le Joker du Capitaine. Comment une chasseuse d'Ombre est devenue un vampire à Faillaise. Je pourrais vous résumer le destin tragique...