Chapitre 169 : When you mind your own business but problems find you

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Beryl avait la boule au ventre. Comme à chaque fois qu'elle parcourait l'une de ses Créations pour la première fois. Doerosi était un monde qu'elle n'avait pas encore visité.Oh, bien sûr, elle le connaissait. C'était elle qui l'avait créé, donc ce n'était pas vraiment une découverte. Mais parcourir l'un de ses mondes, physiquement, pour la première fois était quelque chose d'excitant.

Elle s'efforça de garder son calme et ouvrit les yeux. Elle reconnut le paysage immédiatement à l'océan couleur corail qui lui faisait face. Le soleil couchant se reflétait tranquillement sur la mer doucement agitée de petites vagues. Elle se trouvait sur la plage de rêvecalme, dans la région de Sovalren.

Elle inspira une bouffée d'air marin et sourit. L'endroit était beau et agréable. Elle se tourna vers l'intérieur des terres. La plage de sable fin laissait rapidement place à de la verdure, et une petite maison trônait non loin.Si l'on continuait au-delà, l'herbe courte mais bien verte menait jusqu'à un immense palais aux hautes tours blanches éclatantes.

Ce bâtiment n'était pas un château fort, car cette région n'avait jamais connu la guerre. Entourée par la mer et au creux de montagnes infranchissables pour une armée, la région de Sovalren avait toujours été réputée pour son calme exemplaire et ses paysages féériques.

Au cours des siècles, l'endroit était même devenu une terre fréquentée par les marchands, malgré la difficulté pour y accéder. L'endroit était neutre, et ouvert à tout types de commerces. Un endroit féérique où chacun était égal.

C'est ainsi que Beryl avait imaginé Sovalren.

Elle s'avança donc en direction du château, ainsi que de la ville en contrebas de celui-ci. Se camouflant dans une cape aurique dont elle broda joliment le tissu, la jeune femme se laissa aller à la contemplation.Après autant de missions à combattre des tyrans, des dieux, des voleurs de monde ou des tueurs de Voyageurs, la demoiselle savourait un temps calme durant lequel elle pouvait simplement prendre plaisir à marcher, sans but, et fredonner.

Cependant, le calme ne devait pas durer. Alors qu'elle approchait de la ville, elle entendit un gémissement non loin. Jetant un regard aux alentours, elle vit qu'un jeune homme était appuyé contre le tronc d'un arbre, à demi-avachi, le teint blafard.

Beryl s'approcha de lui rapidement et s'agenouilla à son chevet. Il avait l'air jeune. Probablement la vingtaine. Ses cheveux bruns retombaient en mèches bouclées devant des yeux couleur sable. D'après ses vêtements, Beryl détermina qu'il n'était pas d'ici.

- Hey... est-ce que ça va..? Tu as besoin d'aide..?, demanda-t-elle avec douceur et inquiétude.

Le jeune homme suait à grosses gouttes et leva un regard vide vers elle. Il l'attrapa par le poignet.

- Je.. Je cherche... quelqu'un...

Beryl lui sourit et lui prit doucement la main. Il tremblait.

- Du calme, souffla-t-elle, explique-moi ce qui t'a mit dans cet état, on partira à la recherche de cette personne juste après, d'accord ?

Le jeune homme avala difficilement sa salive et secoua la tête, fronçant les sourcils comme si cela lui demandait un effort considérable.

- Je... Je peux pas... J'arriverais pas...

Beryl fouilla dans sa besace et en sortit une fiole au liquide arc-en-ciel. Elle ignorait ce qui avait mis le jeune homme dans un tel état. Mais les symptômes s'apparentaient à une maladie ou un poison. Et si c'était un poison, alors la Sève d'Yggdrasil le soignerait à coup sûr. Elle en versa une petite quantité dans un gobelet aurique et l'approcha des lèvres du jeune homme.

- Tiens, bois ça... C'est un anti-poison.

Pour toute réponse, il secoua la tête.

- Je... ne suis pas empoisonné, articula-t-il difficilement

Il grimaça et prit une grande inspiration.

- C'est... une malédiction... et... et j'en ai plus pour très longtemps...

La Créatrice se figea. Une malédiction ? Elle n'avait pas de remèdes contre ça... à moins d'utiliser le venin de Faucheur comme elle l'avait fait pour Geralt et ses hommes à Exilyon.

- Ecoute.. écoute-moi, poursuivit le jeune homme, Il faut... il faut la trouver...

Il ferma les yeux, et tomba sur le côté. Beryl le rattrapa de justesse et demanda.

- Stop. On va la trouver. Mais d'abord réponds-moi. Est-ce que tu veux vivre ?

- Oui... mais...

- Ok. Est-ce que ça te dérange de ne plus jamais pouvoir utiliser ta magie si j'arrive à te sauver ?

Le jeune homme se crispa et hoqueta.

- Quoi..?

- Je ne peux pas te sauver à moins d'utiliser quelque chose qui t'empêchera pour toujours d'utiliser la magie ou d'être affectée par elle. Ça te lèvera ta malédiction, et t'empêchera d'en choper une autre. Rien de magique ne pourra t'affecter. Mais tu ne pourras plus jamais utiliser la magie. Alors, que choisis-tu ? La magie ou la vie ?

- La... vie, lâcha-t-il à bout de forces

- Bien alors épargne ta salive, je vais te tirer de là.

Elle claqua de la langue trois fois et un serpent blanc sortit de sa besace. Il s'enroula doucement autour du bras de la Créatrice. Celle-ci prit la main gauche du jeune homme et remonta sa manche au-dessus du coude. Ceci fait, elle désigna le poignet au reptile qui, en un mouvement éclair attaqua sa cible.

Le jeune homme poussa un petit cri de douleur. La morsure du serpent et son venin n'avaient rien d'agréable. Pendant un instant, il envisagea même le fait qu'elle l'ait achevé. Il ne voulait pas mourir. Pas comme ça, pas maintenant. Il jeta un regard implorant à la demoiselle qui le dévisageait avec calme.

- Ça va aller, souffla-t-elle, détends-toi.

Doucement, le jeune homme sentit son état s'améliorer. Le venin faisait effet. Lentement, il sentit tous ses symptômes disparaître. Du même temps, il sentit son lien avec la magie s'évanouir. Jusqu'ici, il ne s'était jamais rendu compte à quel point la magie faisait partie de sa vie. À quel point la perdre était comme perdre l'un de ses sens.

Il se demanda s'il regrettait d'avoir accepté.

La magie ou la vie ?, avait-elle demandé.

Il avait choisi la vie. Il ne voulait pas mourir. Il voulait vivre, pour tous les amis qu'il avait perdu là-bas. Il commença à reprendre ses esprits et ouvrit à nouveau les yeux. Une lueur verte et or se mit à briller autour de la jeune femme qui lui avait sauvé la vie. Du même temps, une odeur de pétrichor se répandait. La magie prit lentement la forme d'un oreiller qui s'ancra doucement dans la réalité. Une fois que le coussin fut bien matérialisé, elle le posa doucement sous la tête du jeune homme et demanda.

- Quel est ton nom ?

Sa voix était bienveillante, et calme. Elle n'avait jamais douté que le venin marcherait.

- Saär.

Elle plongea son regard doré dans les yeux couleur sable du jeune homme.

- Eh bien, Saär. Maintenant que ton temps n'est plus compté, dis-moi... Qui recherches-tu ?

Il secoua la tête.

- Je.. Je n'ai que son nom et un message à son attention.

Il soupira et plongea son regard dans celui de la jeune femme.

- Je cherche une certaine Green Sand. Elle est... Créatrice de Mondes.

Débarras d'idées insenséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant