108 : Red or Green

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En contrebas de la cascade il y a avait un lac et, plus loin, une forêt. C'est là que j'avais décidé de me réfugier. Nager avec des ailes avait été complexe, heureusement j'avais fini par trouver un moyen de me propulser avec celles-ci. Cependant, trouver un abri en forêt sous cette forme risquait d'être compliqué. Pour cette raison, j'avais repris forme humaine, non sans avoir galéré.

Ce fut donc sur mes deux jambes que je m'aventurai dans la forêt. Je n'avais pas eu de crise étrange depuis la nuit dernière. C'était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne nouvelle parce que c'était une preuve que ces crises s'espaçaient. Mauvaise parce que la prochaine pouvait arriver à tout moment. Je m'activais alors, cessant de courir après les oiseaux ou de ramasser des fleurs. Il fallait que je trouve un endroit sécurisé et confortable avant ma prochaine crise. 

Je scrutai les alentours. Les forêts avaient toujours été l'un de mes paysages préférés. Elles me donnaient la sensation d'être protégée et isolée du monde extérieur. Rien ne pouvait m'y arriver. Alors que je m'approchais d'une rivière, le paysage verdoyant se rougit d'un seul coup.

Oh non...

Sachant que c'était un signe avant-coureur de mes crises, je m'assis contre un tronc, au couvert des arbres, cherchant du regard quoi que ce soit qui puisse m'aider. Rien. De l'autre côté de la rivière, une maman ours et ses petits pêchaient. En m'apercevant, elle grogna violemment, menaçante. Je tentais de m'éloigner en rampant alors que déjà des vertiges me prenaient. Je m'étalais finalement de tout mon long à deux mètres à peine de ma position.

Lorsque je repris réellement conscience de ce qu'il se passait autour de moi, la nuit était déjà tombée. Cette crise avait été anormalement longue. J'étais nue, cependant une douceur me tenait chaud. Maman ours et ses petits étaient blottis contre moi, me procurant à la fois la chaleur et le réconfort dont j'avais besoin. Nous étions un peu plus loin dans la forêt, non loin d'une grotte. Je reconnaissais vaguement le paysage mais seuls des souvenirs flous me parvinrent, ne me donnant pas vraiment de précisions sur ce qui s'était produit. 

Quelques douleurs s'éveillèrent cependant sur tout mon corps. Griffures, quelques brûlures irritantes, ainsi que quelques ecchymoses. J'avais été attaquée ? Peut-être que je m'étais battue... Mais contre qui ? L'ours était menaçante mais voilà qu'elle me prenait contre elle comme l'un de ses petits... Je ne comprenais pas grand chose, cependant mon ventre criait famine. Je m'extirpait alors de mon lit de fourrure réveillant au passage maman ours qui me jeta un regard avant de se rendormir. Je m'avançai vers la rivière, trouvant sur le chemin mes habits éparpillés partout. 

Je me rhabillai et me penchai au-dessus de la rivière, dans l'espoir d'y apercevoir quelques poissons. Mais le reflet que me renvoya celle-ci me fit oublier ma mission initiale. La partie gauche de mon visage était faite de rubis, tandis que mon oeil droit était semblable à une émeraude. J'avais l'habitude d'être sous forme cristaren, cependant, sous cette forme seuls mes yeux et mes cheveux avaient cet aspect de pierre. Ma peau, certes en avait la solidité mais pas la couleur. De plus, voir du vert sur mon visage après une éternité à n'y voir que du rouge me surpris. Et enfin, je n'avais jamais été chimère entre humaine et cristaren. 

Après ma voltige en syrnai-aerys cela n'aurait pas dû me surprendre, mais tout ceci d'un coup me prit par surprise. Aussi, je restai un long moment à contempler mon visage ainsi métamorphosé. 

Je me demandai si le retour soudain de vert était signe que mon état s'améliorait. Un sourire étira mes lèvres. Etait-ce dû à ma fuite ? Peut-être était-ce la présence de cette fille qui m'avait empêché tout ce temps de guérir ! Et maintenant tout irait mieux !

Tout irait mieux... n'est-ce pas ?

Débarras d'idées insenséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant