Débarras d'idées insensées

186 : Le Secret des Sorcières

Lorsque j'étais petite, ma maman me racontait souvent des histoires de sorcières, de mondes enchantés et de magie.  Elle les terminait toujours de la même façon.

"Si tu crées un cercle en forêt, qu'il soit fait de pierre, de champignon, de fleurs ou de bâtons, et que tu t'assois en son centre... si tu attends jusqu'au crépuscule à l'intérieur, alors tu verras apparaître autour de toi un monde différent et magnifique. Un monde enchanteur comme tu n'en as jamais vu."

Dans ces moments-là, ses yeux brillaient de malice. Elle levait alors son doigt comme une baguette magique et poursuivais.

"Mais attention, malgré tout ce que tu pourras voir, malgré toutes les choses belles ou effrayantes dont tu seras témoin, ne quittes jamais le cercle avant l'aube. Sinon, tu pourrais bien être incapable de quitter ce monde."

J'étais plutôt jeune. Et en grandissant, j'avais presque oublié ces mots. Ils me revinrent à l'esprit un soir d'automne. J'avais eu une dure journée et je venais de me faire larguer par mon copain. J'avais loupé une partie de mes exams et j'avais besoin de prendre l'air.

C'est dans cette forêt assez touffue que j'étais allée me promener pour souffler un peu. J'étais tombée sur ce cercle de fleurs violettes et, me remémorant les mots de ma mère avec un sourire, m'étais assise au centre.

Je ne m'attendais pas à grand chose. Je ne croyais pas vraiment aux sorcières, aux esprits ou à la magie. Ces domaines m'intéressaient, de par leur mysticisme et leur légendes, mais je n'y croyais pas.

Je m'étais donc simplement assise en son centre pour faire des exercices de respiration et de relaxation.

Mais alors que je rouvrais les yeux, prête à m'en aller, je m'étais retrouvée entourée de cet étrange paysage.

Il semblait tout droit sorti d'une dimension parallèle. Les couleurs oranges et rouges de la forêt automnale avait laissé place à des couleurs plus froides : du bleu, du violet, même un peu de rose par endroit. La forêt était la même, mais les couleurs et les créatures semblaient avoir changé, comme recouvert d'un voile de magie et de mystère.

Je n'en croyais pas mes yeux. 

Mais même si tout m'émerveillait, les mots de ma mère ne cessaient de me revenir en tête. "Ne quittes jamais le cercle avant l'aube". 

Je le savais, je m'en souvenais. Il ne fallait pas quitter le cercle sous peine d'être prisonnière de ce monde pour toujours.

Pourtant, lorsque ce cri retentit... Je ne pus me retenir. Quelqu'un avait besoin d'aide.

C'est ce jour-là que je posai mon pieds pour la première fois en Sahikha.