159 : Hollow

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Beryl marchait dans un long couloir sombre depuis un certain temps. Elle savait qu'elle était en train de rêver, pourtant, elle n'avait aucun contrôle sur son rêve et ne pouvait pas se réveiller.

Le couloir semblait infini et Beryl continuait de marcher inlassablement. Elle ne ressentait aucune douleur dans les pieds ou les jambes... après tout ce n'était qu'un rêve, son corps ne se mouvait pas vraiment.

Cela faisait un long moment que le paysage se ressemblait, comme si la Créatrice faisait du surplace, aussi, ce fut avec une certaine surprise qu'elle vit une porte apparaître, quelques mètres devant elle.

Elle ne s'avança pas tout de suite vers celle-ci, comme attendant quelque chose. Puis, comme rien ne survenait, elle fit quelques pas jusqu'à atteindre la porte. 

Elle était peinte de noir et vernie. Légèrement sculptée et la poignée ronde en fer forgé plaqué d'argent. Beryl posa sa main sur la poignée froide et la tourna pour ouvrir la porte.

En passant le cadran, la Créatrice se retrouva dans un immense jardin bercé de nuit. Derrière elle, la porte avait disparu.

Le jardin était décoré d'innombrables parterres de fleurs et de buissons fleuris en tout genre. Le tout traversé de multiples chemins pavés avec des bancs, çà et là.

Beryl suivit un chemin sans vraiment réfléchir et finit par atteindre le centre du jardin. Une place plutôt large au milieu de laquelle se trouvait une fontaine. Et quatre bancs autour de celle-ci.

Sur l'un des banc était avachie une silhouette. Beryl s'approcha malgré la terreur irrationnelle que lui inspirait la silhouette avachie.

La silhouette se redressa et se leva du banc pour se mettre debout, face à Beryl.

Les deux se dévisagèrent un long moment.

Beryl était figée de terreur face à la personne. Même si elle ne l'avait jamais rencontrée, elle savait qui c'était. 

Elle ressemblait trait pour trait à Beryl. Les mêmes cheveux rouges mi-longs, les même yeux couleur noisette, la même silhouette élancée et féminine.

Les seules différences résidaient dans les vêtements, la personne en face d'elle portait un simple sweat à capuche et un jeans, ainsi que de simples chaussettes noires aux pieds, et dans l'aura qu'elle dégageait.

Cette personne n'émanait pas une énergie débordante ou une joie de vivre incompréhensible comme Beryl. Elle n'émanait pas l'aventure ou le risque. Non.
Son aura semblait aspirer toute l'énergie environnante, toute la vie. Il émanait d'elle une profonde tristesse et une perte de volonté. Comme si son être tout entier murmurait d'une voix incessante qu'il était inutile d'essayer, inutile de se battre.

Léa. Léa Hollow. C'était le nom de cette personne. 

Beryl sentit ses jambes ne plus supporter son poids et elle tomba en arrière. Assise au sol, elle observa Hollow qui la dévisageait avec lassitude. La créatrice était terrifiée, incapable de bouger ou de dire le moindre mot.

Hollow la dévisageait de haut. Elle posait un regard vide sur elle. Il ne semblait transparaître rien d'autre qu'un vide profond et lourd à l'intérieur de ses prunelles. 

Beryl aurait voulu crier. Pleurer. Faire disparaître cette vision qui lui inspirait une terreur injustifiée. 

Mais elle se contenta de se réveiller en sueur dans son lit. Elle reprit sa respiration comme si elle s'était arrêtée de respirer en la présence de Hollow, et tenta de calmer les tremblements qui secouaient son corps.

Elle se leva et sortit à l'extérieur. Elle avait besoin d'air frais. Elle observa le jour poindre à l'horizon. La lumière du soleil la rassurait. Même si elle préférait la nuit que le jour... Après un tel cauchemar, la demoiselle se sentait mieux en pleins jour.

Elle attendit que le soleil se lève complètement avant de retourner à l'intérieur. 

Pourtant, même si son corps s'était calmé, son esprit martelait toujours un nom.

Léa Hollow.

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