Beryl était debout, face au spectacle incandescent de l'incendie. Ses yeux semblaient plongés dans les flammes, et ses pensées valsaient entre les braises.
Elle n'avait pour l'incendie qu'une fascination étrange, qui la figeait sur place. Elle aurait voulu esquisser un mouvement, peut-être. Mais sous ses yeux, la tempête de feu hypnotisante continuait de gonfler, maintenant une emprise étrange sur sa conscience.
La nuit étaient imperturbable malgré les centaines de vies qui seraient prises par les flammes. Le reste du monde n'entendrait peut-être jamais parler de cet incendie.
Qu'importe ce que faisaient les habitants pour éteindre le feu, celui-ci ne faiblissait pas. Dévorant et grandissant toujours plus.
Et Beryl ? Beryl ne pouvait que se rendre compte de son impuissance. Dans ce monde où elle n'avait aucun pouvoir, elle n'était que spectatrice de la tragédie. Elle aurait pu aider, évacuer, apporter de l'aide médicale... En d'autres circonstances, elle l'aurait fait, elle l'avait même déjà fait par le passé. Mais cette fois non.
Les circonstances de l'incendie, sa grandeur et son essence même déstabilisaient la Créatrice. En cet instant, elle ne ressentait ni inquiétude pour les habitants, ni panique, ni colère ou détermination. Juste... une fascination pour les flammes et leur aspect dévorant.
Elle se fichait bien du nombre de personnes qui mourraient cette nuit. À vrai dire, elle n'y pensait même pas. Et c'était sans doute ceci le plus surprenant.
En cet instant Beryl ne pensait à rien ni personne.
En cet instant, il n'y avait qu'elle, la nuit et les flammes.Le feu s'étendait toujours plus loin, brûlant toujours plus fort... Peu à peu, Beryl comprit quelque chose.
Les flammes ne s'arrêteraient pas avant d'avoir consumé l'entièreté du monde.
Ce feu n'avait rien de naturel et rien ne pourrait l'éteindre.
"Capitaine Sand !, s'écria une voix au lointain, Capitaine, réveillez-vous !"
Beryl se redressa en un sursaut, en sueur, et jeta un regard dans la pièce.
Elle se trouvait dans sa cabine, sur son bateau bien aimé, le Grain de Sable. Elle posa un regard sur la personne qui se tenait à son chevet.
Gaël, 14 ans, mousse. Silhouette menue, blond aux yeux bleus... Des yeux remplis d'inquiétude.
- Capitaine..? Vous allez bien..? Vous ne respiriez plus, j'ai bien cru que vous étiez morte...
Beryl se passa une main sur le visage et offrit un sourire fatigué au mousse.
- Ne t'en fais pas, je vais bien. Pourquoi m'as-tu réveillée ?
Le garçon jeta un coup d'oeil en arrière.
- Un émissaire est là... il... il dit qu'il est envoyé par le Seigneur de Sylverêve.
Beryl jeta un coup d'oeil à la carte sur la table plus loin.
- Sylverêve ? Mais c'est à l'autre bout du continent ! Comment savait-il qu'il nous trouverait là ?
Le mousse secoua la tête, blême.
- Je ne sais pas, Capitaine. Steve et Charles essaient d'en apprendre plus, et ils m'ont envoyé vous chercher.
Elle poussa un soupir. Le mystère avait au moins un avantage : l'empêcher de trop penser à l'étrange rêve qu'elle venait de faire.
Elle se leva, posa une main bienveillante sur l'épaule du mousse et lui offrit le sourire le plus assuré qu'elle avait en réserve.
- Dis-leur que j'arrive. Je vais m'occuper de cet émissaire.
Gaël acquiesça, un peu plus détendu et partit en vitesse, refermant la lourde porte de bois derrière lui.
Beryl posa alors un regard préoccupé sur sa carte.
- Sylverêve, huh..? J'ignore ce que le Seigneur me veut... mais ça promet d'être intéressant.
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Débarras d'idées insensées
RastgeleEn sommes, c'est un Débarras. Je pourrais vous résumer comment une nouvelle recrue sur un navire Pirate est devenue le Joker du Capitaine. Comment une chasseuse d'Ombre est devenue un vampire à Faillaise. Je pourrais vous résumer le destin tragique...