172 : Le silence

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Elle avait voyagé toute la journée. Seule. Pas un seul animal n'avait croisé sa route, pas un seul humain ne lui avait demandé de l'aide.

Il était rare que Green voyage seule. Habituellement, elle avait au moins une monture ou quelques natifs du monde désireux de partir à l'aventure. Elle croisait des oiseaux ou des rongeurs. 
Cette fois-ci, il n'en était rien. Cela faisait près d'une semaine qu'elle n'avait croisé personne, ni parlé à quelle créature que ce soit. 

Elle n'avait pas même parlé aux plantes ou à la lune, comme à son habitude. Tout semblait infini, immense. Une éternité de silence. 

Le vent caressait doucement les brins d'herbe verte. Les pas de Green dans la terre battue, sa respiration et les battements réguliers quoique rapides de son coeur étaient tout ce qui occupaient l'espace sonore.

La jeune fille se sentait seule. Incroyablement seule. Mais pas forcément dans le mauvais sens du terme. Elle n'était pas triste. Juste... vide.
Pour la première fois depuis probablement sa naissance, son esprit même semblait se taire. Aucune question sur la vie, la mort, son identité ou ses devoirs. Aucune pensée parasite. Aucune phrase tournant en boucle dans sa tête.

Green était seule. Vraiment seule. Car même son esprit s'était tut. Endormi. Ses yeux se posaient sur le paysage, regardant probablement au-delà. L'immensité verdoyante lui aurait probablement provoqué des émotions à l'accoutumée. Mais en cet instant, il n'y avait rien que le vide. Le silence.

Son corps semblait lui-même se demander s'il vivait toujours ou s'il n'était que dans un automatisme de marche infini, car de temps à autres, quelques muscles se contractaient rapidement. Serrant le poing l'espace d'un instant ou fermant brusquement les paupières.

Le mouvement brusque réveillait alors brièvement son esprit, elle papillonnait un peu des yeux avant de reprendre sa marche oubliant ceci la seconde suivante.

Cela faisait une semaine qu'elle était comme endormie. Même sa voix semblait avoir oublié comment marcher. Ses lèvres semblaient scellées pour l'éternité.
Aussi, fut-elle incapable de répondre autrement que par un regard lorsque cette voix l'interpella.

- Bonjour, Créatrice. J'espérais te croiser ici.

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