97 : L'Esprit de la Lame

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Mordred n'avait jamais Voyagé, du moins, il ne s'en souvenait pas. Aussi, malgré son habile maîtrise de lui-même, se retrouver au milieu d'un endroit inconnu à son réveil le paniquait un peu.

Il faisait nuit mais il ne reconnaissait pas les constellations, ni même la lune verdoyante qui veillait sur la vallée endormie. Devant lui, un lac, et au centre de celui-ci, un îlot. Au centre de cet îlot, une lame était plantée jusqu'à la garde dans un rubis. C'était un bien étrange spectacle de voir une lame si simple dans un socle si précieux.

Comme hypnotisé, attiré par l'arme, Mordred s'avança sur le lac. L'eau gelait sous ses pieds lui permettant de marcher à même la surface. Il atteignit l'îlot à pas lents et s'arrêta devant le socle de rubis, dévorant la lame du regard. Il semblait reconnaître la garde noire d'encre et la poignée recouverte de cuir, comme s'il l'avait déjà vue, déjà tenue. Et sa lame effilée resplendissante ne semblait pas affectée par le temps grâce au socle, mais le rubis était-il là pour la protéger ou l'emprisonner ? Il avança doucement la main vers la garde en tremblant. 

Après une longue hésitation, il empoigna l'arme et la tira du socle. Le rubis se fissura de toutes parts et éclata en milliers de fragments qui se figèrent comme si le temps s'était arrêté. 

Mordred sentit une énergie familière parcourir l'entièreté de son corps, son sang ne fit qu'un tour. Il semblait retrouver un fragment de lui-même. Avec lui, une immensité de souvenirs et de vies défilèrent dans son esprit. Il se rappela de son passé avant les Chasseurs d'Ombre. Il se rappela de sa soif de sang et de sa traque, il se rappela du porteur de l'Epée des Rois. Il ne faisait qu'un avec l'épée, il n'avait toujours fait qu'un avec elle... jusqu'à ce qu'Elle l'en sépare. Elle serait la première à subir son courroux. 

Mordred fit alors demi-tour et disparut. La Traque reprenait.

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