128 : Entre quatre yeux

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Lorsque Bill lui avait envoyé ce message, Emeraude était arrivée aussi vite que possible. Dans un silence parfait, elle se dirigea dans le couloir de pierre. Elle ne se souvenait pas qu'il était si glauque celui-là. Elle arriva devant le bureau à la lourde porte de bois et entra sans frapper.

Bill l'attendait, faisant les cents pas.

- Alors ?, demanda Emeraude, où est notre effrontée ?

- Tu l'as loupée, je viens de la congédier.

En fronçant les sourcils, Emeraude croisa les bras.

- Tu ne m'as même pas attendue ? Je voulais savoir quelle sanction tu lui imposerais, moi.

Bill soupira. Emeraude avait parfois cette attitude enfantine qui lui faisait se demander pourquoi il était sous ses ordres.

- La situation était délicate. Dafney a encore abusé. À la place de cette gamine, j'aurais sûrement fait la même.

- Oui, mais toi tu ne lui aurais pas brisé que le nez. Du coup, tu ne l'as pas punie ? 

- Si.

Emeraude se para d'un regard indigné.

- Mais pourquoi ?! Si c'est encore ce Dafney le problème, c'est pas la petite qu'il faut sanctionner !

Bill soupira. Quelques fois, il se demandait qui était le plus raisonnable des deux. Et la réponse était toujours la même : Lui. Néanmoins, il comprenait son indignation, lui aussi avait mal au coeur de punir la petite.

- Emeraude... Il est important pour une organisation militaire qu'il y ait un respect de l'autorité, tu le sais. C'est d'ailleurs pour ça que tu me l'as confiée aussi.

Elle soupira, détournant le regard. Emeraude avait toujours eu du mal avec le terme "autorité".

- Il n'empêche qu'un con comme lui ne devrait pas être gradé s'il ne fait que persécuter les personnes sous ses ordres.

- Tu sais très bien pourquoi il est gradé.

- Mais Bill... j'en ai marre qu'il obtienne toujours ce qu'il désire ! Surtout que c'est un lèche-botte de première avec les autorités supérieures !

Bill haussa les épaules.

- Mais c'est comme ça, je ne peux pas le sanctionner.

Emeraude allait objecter mais Bill lui intima le silence.

- Par contre... si quelqu'un n'appartenant pas à l'organisation lui mettait la mine, je ne pourrais rien dire...

Une lueur brilla dans les yeux d'Emeraude.

- Après tout, tant que cette personne disparaît dans la nature, elle n'est pas sanctionable. 

Un sourire satisfait étira les lèvres de la jeune femme. Bill lui offrit un sourire complice. Emeraude faisait bien entendu partie des Aiguilles d'Argent puisqu'elle en était la fondatrice. Cependant, officiellement, Bill en était le seul et unique fondateur... alors personne ne pourrait rien lui dire. Personne ne connaissait même l'existence d'Emeraude.

Ce fut avec un grand sourire qu'elle repartit dans le boyau sombre. Direction : le bureau de Dafney.

Débarras d'idées insenséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant