Débarras d'idées insensées

132 : Painted with Sadness

On raconte qu'en suivant le courant de sable d'Hoclosia, puis en se laissant dériver vers le Cerisier, on peut tomber dans un monde assez particulier.

Ce monde-ci ressemble à une immense boule à neige, sans la neige. En ce monde-ci, aucune trace d'hommes ou d'animaux. Ce n'est qu'un paysage vide où le seul son que l'on peut entendre c'est le bruit du vent dans les arbres ou le courant d'une rivière. On dit que ce sont les Larmes et la Solitude elles-mêmes qui ont créé ce lieu. 

Certains pourtant peuvent le trouver reposant. C'est un bon lieu pour se retrouver avec soi-même et le paysage semble s'adapter selon la personne. C'est un monde où deux âmes ne peuvent être en même temps. En effet, seule une personne peut s'y retrouver. C'est un lieu d'égarement, où nul ne peut aller par volonté. 

On dit aussi que certains s'y sont perdus et y ont passé le restant de leur vie. Pourtant on dit que l'on ne vieillit jamais là-bas. Les jours s'écoulent, tout comme les torrents, mais l'âme qui s'y retrouve ne prend pas d'âge et les seules rides qui peuvent apparaître sur son visages seront celles des doutes et de l'anxiété. 

Nul ne peut échapper à ce monde, tout comme nul ne peut échapper à ses doutes. Et nul ne sait comment on en sort. Est-ce un état physique ? Mental ? Est-ce simplement un rêve ? Nul ne saurait le dire et ceux qui s'y sont retrouvés en gardent un souvenir vague. 

Peut-être que ce monde est simplement un lieu de transition, de questionnement. On peut l'aimer, le détester, le trouver reposant, simple, ou angoissant. Mais ce monde est neutre, neutre et impassible et aucun de ses visiteurs ne semblent pouvoir l'impacter. C'est un monde qui continue de tourner, quoiqu'il arrive. 

Pourtant, certaines fois, des pluies torrentielles s'abattent, et des volcans s'éveillent. On dit alors que c'est la Douleur de la Créatrice qui les provoquent. Certaines fois, les orages éclatent et des incendies ravagent le monde. Mais c'est toujours lorsque le monde est vide. 

Et lorsque la Créatrice sèche ses larmes, alors le calme retombe sur le monde et il n'en a que plus d'énergie. Pour sûr, le prochain voyageur observera un paysage idéal.