LIV. "You ordered roses ?"

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Rose

Tu devrais faire une pause.

J'ignorais les conseils de Dom, et continuais de frapper dans le sac de boxe que je malmenais depuis deux bonnes heures déjà.

Rose, il essaya à nouveau. Tu vas t'épuiser pour rien là.

C'est pas rien, je crachais sans m'arrêter.

Je sais que tu veux extérioriser, mais frapper ce sac ne va rien faire avancer.

Je me stoppais et me tournais vers lui.

T'as tout à fait raison, j'acquiesçais.

Il haussa un sourcil, surpris par mon changement soudain d'attitude. Il plissa ses yeux, suspicieux.

Qu'est-ce que tu vas faire ? il m'interrogea.

Rien que tu n'ais besoin de savoir.

Je sautais du ring et m'empressais de ramasser mes affaires.

M'attends pas ! je criais, déjà dans l'entrée de la salle.

Je m'installais au volant de ma voiture et démarrais en trombe. Il fallait que je rentre chez moi pour me changer. Je me garais n'importe comment en bas de mon immeuble et montais les étages au pas de course, pressée. Mais je me stoppais quand je vis un énorme bouquet de fleurs sur mon palier. Des dizaines de roses étaient posées sur le petit tapis. Je l'attrapais, un pincement au cœur. Il était venu. Je déverrouillais la porte et prit soin de la refermer à clé derrière moi. Je déposais le bouquet dans un vase et l'observais un moment, oubliant ce que j'étais venue faire. Mes doigts glissèrent sur quelques pétales. Evidemment, il avait prit des roses rouges. Une petite carte était accrochée sur le côté et je la dépliais.

"Pardonne-moi."

Simple. Mais c'était représentatif de sa personne. Il avait une grosse fierté et je savais pertinemment qu'il mettrait du temps à venir en personne après ce que je lui avais balancé à la figure. Mais il savait également que j'étais pareil, et que je ne lâcherais rien non plus.

Je soupirais, fatiguée par cette situation qui me dépassait. Et tout était la faute de Matteo. Si je n'avais pas fait l'erreur de me mettre avec lui pendant mon adolescence, ce dossier médical n'aurait jamais créé autant de problème. Malheureusement, c'était fait et je ne pouvais pas revenir sur le passé.

Je pris une douche et enfilais des vêtements propres avant de revenir dans le salon. J'attrapais deux roses et ressortis de chez moi pour la deuxième fois de la journée. Le soleil commençait à se coucher sur la capitale et je souris en sentant le vent frais passer sur mon visage. Je remontais en voiture et conduisis une bonne demi-heure avant d'atteindre mon objectif. Les immenses immeubles de la cité s'élevaient de part et d'autre et soufflais un bon coup avant de sortir de la voiture. Pas question de me rater ce soir. Je traversais la cour et me rendis dans un coin reculé du bloc. Il était forcément là. Si les informations de Ted étaient vraies, j'allais facilement lui tomber dessus.

Une silhouette se détacha de la pénombre à quelques mètres de moi. Je sautais sur l'occasion en reconnaissant les boucles rousses et franchis la distance qui nous séparait en courant avant d'attraper son cou et de le faire tomber en arrière.

Qu'est-ce que-

Ta gueule William, je lui intimais après lui avoir assené un coup dans le nez.

Le craquement qu'il fit m'indiqua que je l'avais très certainement cassé. Il se débattit avec rage, mais j'avais le dessus. Ma colère me donnait une force qui m'impressionnais. Et même s'il réussis à m'atteindre au visage un fois, je lui rendis son coup un peu plus fort et il s'écrasa au sol après que sa tête ait percuté le mur dans un bruit sourd. J'époussetais mon jeans et je relevais. J'allais avoir un bleu sur le visage. Je déposais à côté de son corps la rose que j'avais prise chez moi en souriant. Matteo allait savoir que je n'étais toujours pas prête à abandonner cette guerre.

Du bout du pied, je tapais dans le corps de William, mais il n'eut aucune réaction. Tant pis. Je fis le chemin inverse et posais mon front sur le volant en soufflant. Je n'avais plus cette rage en moi, je l'avais expédié en m'acharnant sur ce type. Mais je ne cessais pas pour autant de cogiter. Mes yeux tombèrent sur l'autre rose, posée sur le siège passager. Je redémarrais et m'engageais sur le périph.

Je m'arrêtais en bas de son immeuble, et la lumière qui s'échappait du balcon m'indiqua qu'il était là. Je pris mon courage à deux mains et saisi la rose avant de descendre de la voiture. Je sentais la peur me nouer l'estomac. J'étais ridicule. Je venais de me battre contre un type et venir ici me foutait la trouille. Parfois j'avais du mal à me comprendre. Je fis abstraction de mes inquiétudes et montais dans l'ascenseur. Les yeux rivés vers le cadrant qui affichait les étages, j'observais les chiffres défiler, les lèvres pincées. Il était peut-être occupé. Et je devrais probablement repartir. Mais je n'eut pas le temps de me décide que les portes s'ouvrirent m'empêchant tout repli. Je fis craquer mon cou et m'engageais dans le couloir à la recherche de son appartement. La musique qui s'y échappait me fit comprendre qu'il était inutile de sonner, il ne m'aurait pas entendu. Alors j'abaissais la poignée et pénétrais directement dans l'appartement.

Plusieurs des gars étaient présents. Et je remarquais que beaucoup d'entre eux étaient venus avec leur copine ou leurs femmes. Je n'avais jamais eu l'occasion de les rencontrer, bien trop occupée. Mais rapidement, je repérais quelques filles qui n'étaient avec aucun des gars. Ken était en plein discussion avec une grande blonde, et leur conversation ne semblait pas anodine. Personne ne m'avait remarqué jusqu'à présent. Et je cherchais du regard Hakim. Mes yeux se posèrent sur son dos. Il était de l'autre côté de la pièce. Je sentis mon cœur battre un peu plus vite à sa vue, mais je perdis rapidement mon sourire lorsqu'une femme posa ses lèvres sur sa joue, y laissant une marque rouge bien dessinée.

Je laissais la rose tomber à mes pieds et fis deux pas en arrière. Je ressortis discrètement et refermais la porte, m'adossant à cette dernière. Les poings serrés, je réfléchissais à quoi faire. Parce que retourner à l'intérieur et faire un scandale n'était peut-être pas une bonne idée. Une grosse voix me parvint.

Mekra ! T'as commandé des roses ?

La voix grave de Deen était si proche que j'eu peur qu'il n'ouvre la porte. J'entendis des pas se rapprocher et pris la fuite. J'appuyais sans m'arrêter sur le bouton de l'ascenseur, comme si ce geste allait le faire arriver plus vite.

La porte s'ouvrit et les pas se précipitèrent dans ma direction au moment où je m'engouffrais dans l'appareil. Face à moi, Hakim tenait la rose du bout des doigts. Je lui montrais sa joue, ma lèvre inférieure coincée entre mes dents. Il toucha sa peau et quand il vit le rouge à lèvre sur ses doigts, il me jeta un regard inquiet. D'un mouvement las, j'appuyais sur le bouton et les portes se refermèrent et il disparu de mon champ de vision. Au dernier moment, je changeais d'avis et rappuyais sur son étage pour y retourner. L'ascenseur fit demi tour et quand j'en sortis, le rappeur n'avait pas bougé.

Je me précipitais vers lui alors qu'il fronçait ses sourcils, perplexe. Ma main atterrit sur sa joue avec une violence qui me surpris. Il ferma les yeux, encaissant mon geste. Je saisis son visage et mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes.

Ta pute t'attend à l'intérieur, je soufflais contre ses lèvres avant de partir pour de bon cette fois.

[J'ai rien à ajouter mdr 🌹]

DiamondsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant