X.

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Dix-neuf ans après le décès de Rosalinda

Lincoln


La barre de traction qu'on avait réussi à installer dans la cellule menaçait de se décrocher sous le poids de mon corps. Je grognais en tirant une nouvelle fois sur mes bras, avant de reposer mes pieds au sol en soufflant.

Putain ...

T'as de l'énergie à revendre grand-père, ricana mon codétenu.

Tu rigoleras moins quand t'auras pris vingt kilos à force de rien foutre ici, je rétorquais en claquant l'arrière de son crâne.

Je fous pas rien ! il me contra. J'en fais juste moins que toi.

T'essayes de convaincre qui ? je ris. Tu soulèves même pas dix kilos avec les cure-dents qui te servent de bras.

Il me jeta un regard noir et repris sa lecture en essayant de m'ignorer. Anthony partageait ma cellule depuis maintenant un mois. Mais j'étais presque sûr qu'il ne tarderait pas trop à sortir d'ici. Du moins, je l'espérais pour lui. Il n'était pas à sa place, et s'il restait trop longtemps, il finirait par péter les plombs. Je l'avais entendu sangloter les premières nuits après son arrivée. C'était un gentil gars, il valait mieux que ça. Et il méritait mieux qu'une vie en taule.

Je fis craquer mes phalanges et m'essuyais le visage avec une serviette qui traînait sur le bureau. La porte de la cellule s'ouvrit brusquement, et comme d'habitude, Anthony sursauta, pas encore habitué aux entrées imprévues des gardiens dans ce qui ressemblait le plus une chambre pour nous.

T'as du courrier Lincoln.

J'attrapais les deux enveloppes que me tendait le gardien et il se tourna vers mon compagnon de cellule pour lui en donner quelques-unes aussi avant de repartir.

Eh bah, je souris, t'as beaucoup d'admiratrice.

Il leva les yeux au ciel mais il ne réussit pas à masquer sa joie pour autant.

C'est mes sœurs, abruti.

Faudra que tu me les présente, je plaisantais.

Dans tes rêves, il ricana. Elles sont trop bien pour des gars comme nous.

J'en doute pas.

Il se rassis sur son lit pour les ouvrir et je me postais à côté de la fenêtre pour profiter de la lumière du jour afin de lire. Je ne pus réprimer un ricanement en reconnaissant l'écriture de Mekra sur les enveloppes, et entreprit de les ouvrir. La première provenait de Yassine. Son écriture abominable étira un peu plus mes lèvres. Ce petit écrivait aussi mal que son père. Je parcouru rapidement les lignes bleues, dans lesquelles il me racontait sa vie depuis la dernière lettre. Il était allé à la fac pour suivre les pas de son oncle, mais il avait choisi la fac d'histoire. Comme Burbigo. Ces deux-là avaient l'air de jumeaux tant ils étaient fusionnels.

Je posais la feuille sur le rebord de la fenêtre et ouvrit celle que je devinais être de la part d'Ambre. L'écriture beaucoup plus féminine de la jeune fille me rappela celle de sa mère. Une photo d'elle avec son frère s'échappa de l'enveloppe et je passais un doigt sur leur visage souriant. Ces gosses me manquaient. Et leur mère me manquait encore plus. Je n'avais qu'une hâte, c'était de sortir de ce trou dans lequel je croupissais depuis quelques années déjà, pour pouvoir les revoir ailleurs qu'au parloir. Il me restait encore quelques années à tirer, et je pourrais enfin profiter de ma famille comme il se devait. J'avais fait une promesse à Rose, et je me devais de l'honorer.


DiamondsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant