Bonus II.

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Deux mois après le décès de Rose.


Mekra


C'est tout ce qu'on peut faire pour le moment. Tant que son état ne sera pas stable, le juge n'acceptera pas de programmer une audience. Et nous avons besoin de son témoignage pour vous assurer une indemnité conséquente.

Je m'en fou des sous, je grognais.

Je sais monsieur Akrour. Et je suis conscient que l'argent ne ramènera pas votre compagne. Mais ce que je veux, moi, c'est assuré l'avenir de votre fille. De vos enfants. Alors on doit être patient.

Je hochais la tête, préférant taire mes remarques désobligeantes, sachant pertinemment que ce type ne cherchait qu'à m'aider. Je serrais la main qu'il me tendait et quittais son bureau la mâchoire serrée. J'appréhendais ce procès bien plus que ce que je laissais transparaitre. L'avocat m'avait prévenu, j'allais assister à la reconstitution de toute la scène. Et si j'avais une certaine idée de ce qu'il serait dit, la vérité serait bien plus atroce à entendre. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir gérer ma propre haine, en plus de celle de mes frères qui assisteraient également à l'audience. C'était comme tenter de retenir une vingtaine de chiens enragés, prêts à tuer. Je saluais vaguement la secrétaire et sortis du bâtiment, laissant le vent de ce mois de février fouetter durement mon visage. Je m'allumais une cigarette pour détendre mon corps tendu par ce rendez-vous, et mes yeux noirs se posèrent sur une silhouette au bout de la rue. Je franchis la distance en quelques enjambées et ma main rencontra celle de Lincoln. Il avait rabattu sa capuche, masquant son visage, mais je distinguais tout de même son teint blafard et ses cernes. Il avait dû travailler sans arrêt pour avoir cette gueule.

Alors ? il s'enquit immédiatement. Comment ça s'annonce ?

Ça va être très long, je soupirais. Tant qu'il sera à l'hosto on sera sur le banc de touche.

Parfait, il frotta ses mains avant de me regarder. Plus ça prendra de temps, plus on en aura pour agir sans risquer de se faire serrer.

T'as trouvé quelque chose ? je l'interrogeais.

Pas encore. Mais Paulo a entendu un gars parler. On va pas tarder à trouver qui l'a payé. Et à ce moment-là ...

Je veux savoir qui c'est, je crachais. Dès que tu sais, tu m'appelles.

C'était prévu, il hocha la tête. Après ça ... Tu décideras de ce qu'on en fait.

Je déglutis, en comprenant la responsabilité qu'il me donnait, mais j'acquiesçais comme un automate. Peu importe qui avait payé ce monstre pour tuer Rosalinda, il allait souffrir. Et je donnerai le premier coup.

Combien je te dois ? je demandais plus discrètement.

Rien, il secoua sa tête.

Lincoln tu-

Non, sérieusement, il me coupa. Rosalinda faisait partie de ma famille. Toi et les enfants vous faites partis de ma famille aussi. Tu me dois rien. Je fais ce que je dois faire.

Ok ... je soufflais.

Une sirène de police nous coupa et je le vis enfoncer les mains dans ses poches.

Je t'appelle quand j'ai du nouveau, il lança.

Avant que je n'aie le temps de répondre, il déguerpit, me laissant comme un con en pleine rue. Je passais une main sur mon visage et me remis en route. Mes gosses m'attendaient chez Adrien.


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