Sneazzy
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* Flashback *
Avachis sur le siège passager de la voiture, je regardais le paysage défiler alors que nous nous éloignions du centre ville parisien. A ma gauche, Doums avait le poing serré sur le levier de vitesse. Et son mutisme était synonyme de son état d'esprit. Depuis la condamnation de la brune, il était devenu irritable. Et je préférais le laisser se murer dans un silence pesant plutôt que de risquer de me prendre une droite. Malgré tout, l'état de mes reufs me plombait le moral à moi aussi. Et si j'avais pu, j'aurais tout donné pour faire sortir la latina de sa cellule.
Ca va pas marcher.
Je détachais mon regard de la route pour le poser sur mon ami.
De quoi ?
Ce qu'on fait là. Elle va nous virer comme à chaque fois qu'on a tenté de la voir.
On fait pas ça pour nous, je répliquais. On le fait pour Mekra.
Peut-être, mais moi aussi ça me touche.
Je fus surpris qu'il avoue enfin ce qu'il ressentait. Après presque un an à essayer de le faire parler, il n'avait jamais rien confié à propos de cette situation plus que bancale. J'acquiesçais en retenant un sourire. Sous cette touffe de dreads, il y avait un cœur d'artichaud. Il finit par se garer devant l'immense établissement pénitentiaire et coupa le moteur d'un geste brusque.
Je te jure, j'en peux plus de me faire rejeter comme ça. C'est toujours un peu plus blessant à chaque fois.
Je soupirais.
Je sais gros. Je vais essayer de la faire changer d'avis cette fois-ci.
Il me sourit légèrement, sachant pertinemment que je mentais. Parce qu'on avait beau avoir essayé, aucun de nous n'avait réussi à la faire changer. Elle avait souvent rejeté nos demandes de visite, si bien que même Ken et Antoine, qui l'appréciait particulièrement, s'étaient résignés à ne plus aller la voir. Eff, Alpha, Ivan, 2zer, Jehkyl, Daryl et même Hugz avaient tenté de nous raisonner. A nous répéter qu'elle avait pris sa décision et que nous devrions l'accepter pour avancer. Parce que cinq ans c'était long. Très long. Mais Doums s'entêtait à me trainer ici toutes les semaines, pour essayer de la voir. Et lorsque nous nous faisions refouler, il tentait de l'appeler. Mais la plupart du temps, elle refusait de prendre nos appels. Seul Deen semblait serein face à cette torture mentale qu'elle nous infligeait. Et je le soupçonnais de cacher quelque chose. Parce qu'il avait accepté bien trop vite la peine qu'elle avait pris. Je l'avais surpris, plusieurs fois, à écrire de longues lettres. Et j'étais presque sûr qu'il lui écrivait. Mais à aucun moment il n'avait reçu de réponse. Et j'étais presque satisfait, égoïstement, de savoir que même lui n'arrivait pas à tirer quelque chose de sa part.
Il ne restait que Mekra, couvé par son frère comme un objet capable d'être brisé au moindre impact. Le bresson était surement le mec le plus froid de la bande, et le moins sentimental. Pourtant Rose avait réussi à l'atteindre comme personne d'autre. Et je me revoyais, quelques années auparavant, à attendre à son chevet à l'hôpital, incapable de savoir si la drogue qui avait pénétré son corps l'avait totalement brisé ou pas. Mais cette fois-ci, c'était pire. Parce qu'il n'y avait absolument rien à faire pour l'aider. Alors deux fois par semaine, je restais chez lui. J'amenais des kebabs et un jeu vidéo pour jouer avec lui toute la nuit. On ressemblait à deux ados ridicules, mais c'était les seuls rares moments où je le voyais sourire à nouveau, riant à gorge déployée lorsque je feignais d'être énervé après une énième défaite face à lui. Mais je comptais faire ça aussi longtemps qu'il en aurait besoin pour se reconstruire, même si la situation commençait à nous peser, plus d'un an après le drame.
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Diamonds
FanfictionLa vérité, c'est que derrière tous ces sourires aguicheurs et ce visage angélique, se cache une armure en acier qui protège les plaies que lui a laissé la vie. Et quand il la vit, derrière l'immense vitre, ses mèches brunes s'échappant de son chigno...