LXXXVII. "We are a family."

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Deen

La tête plongée entre mes bras, je tentais de me reposer malgré le bruit ambiant de la salle d'attente. Cette putain de salle d'attente dans laquelle je détestais être. Mais ne rechignais pas, préférant être ici plutôt qu'ailleurs. Je finis par relever le visage et battis des paupières pour m'habituer à la lumière blafarde de cet endroit. Mon regard glissa sur les visages des quelques personnes qui m'entouraient. Une femme attendait à trois sièges de moi, les yeux rivés sur son portable. De l'autre côté, un vieux lisait son journal tout en jetant des coups d'œil discret aux deux ados qui chahutaient à quelques pas de là. Mais aucun d'eux n'avait cette lueur dans le regard. La même que la mienne. Celle de la peur. Ou celle de la colère, comme Mekra.

Debout à quelques mètres de moi, le kabyle marchait en rond depuis des heures. A aucun moment il ne s'était arrêté, me donnant même le tournis. Mais je n'avais rien dis, me contentant d'esquisser un faible sourire à chaque fois qu'il avait cherché du soutien dans mon regard. Comme lui, mon sourire était faux. Parce que rien n'allait.

Des flashs du visage dénaturé de Rose me revenaient en mémoire. Son épaule déboitée, ses phalanges totalement brisées. Mais le plus choquant avait été la quantité de sang qui s'était répandue sur son visage. Tellement de sang qu'une infirmière avait tenté de nous ausculter, pendant que c'était le nôtre.

Je passais mes mains sur mon visage, frottant énergiquement mes yeux pour me réveiller totalement. Je risquais un nouveau regard vers Mekra, et ce dernier s'était enfin assis, exténué. Il n'avait pas prononcé un mot depuis notre arrivée. Ma montre affichait neuf heures, ce qui voulait dire que nous étions ici depuis trois heures déjà. Trois heures que j'avais l'impression de voir mon frère s'enfoncer un peu plus dans la noirceur, ses pupilles s'assombrissant au fil des heures. Et je n'avais aucun moyen d'empêcher ça. Dans une autre situation, si Rose n'était pas Rose, et que leur relation n'était pas ce qu'elle était, je lui aurais conseillé d'appeler sa copine comme soutien moral. Mais après avoir vu Hanna tenter de prendre la place de ma meilleure amie, au point de porter les objets appartenant à l'espagnol, j'avais la haine. Qui pouvait chercher à ressembler autant à une autre personne. Une personne totalement différente de surcroit. Parce qu'Hanna et Rose n'avaient rien en commun, si ce n'était le rappeur. Et ce seul point commun les déchirait tous les trois.

Enfin on vous trouve ! s'exclama 2zer dans mon dos.

Je me retournais rapidement pour voir que tous mes gars étaient là. Enfin presque. Sneazzy était absent, ne rentrant de Londres que dans la soirée. Jehkyl chercha mon regard pour s'assurer que j'allais bien et j'hochais légèrement la tête pour le rassurer. Ça allait. Enfin j'espérais que ça irait. Framal nous dépassa pour rejoindre son frère. Le silence pris place lorsque l'on vit Fram poser une main sur l'épaule de Mekra et ce dernier releva la tête, laissant voir l'étendu de sa tristesse. Je baissais la tête et détournais le regard, ayant vu son regard brisé bien trop longtemps depuis que nous avions trouvé la brune.

Qu'est-ce qu'il s'est passé putain ? gronda Doums.

Il tira sur l'une de ses dreads, l'air stressé.

Antoine m'a appelé, je me lançais dans une explication rapide. Il a dit qu'il pensait que Rose avait un problème alors j'ai été la chercher. J'ai croisé Mekra devant chez elle mais elle était pas là. On a fini par la trouver après deux heures de recherche.

Pourquoi on est à l'hôpital si vous l'avez trouvé ? Ken grinça des dents.

Je fermais les yeux.

Deen, grogna le grec. Dis-moi qu'elle va bien.

Non, je finis par dire. Non Nek, elle va pas bien.

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