LXIV. "You know that I love you ?"

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Mekra

Une assiette glissa devant moi, et je relevais la tête, que je gardais baissée depuis plusieurs minutes, pour regarder la blonde. Uniquement vêtue de mon tee-shirt, ses hanches se balançaient au rythme de ses mouvements. Elle déposa le reste de la nourriture et s'installa face à moi en me souriant. Je lui rendis mollement son sourire et attaquais mon assiette. Le blanc qui s'était installé était gênant, pourtant j'en étais l'auteur. Hanna n'avait rien demandé de tout ça.

Ça va pas ? je l'interrogeais finalement.

Les sourcils froncés, elle avait le regard rivé vers son assiette. Ses yeux de biche se posèrent sur moi et elle me sourit légèrement.

C'est plutôt à toi qu'il faut poser cette question.

Comment ça ? je m'étonnais.

Je vois bien que t'as un problème Mek', elle soupira. Je t'oblige pas à m'en parler, tu le feras quand tu seras prêt, elle ajouta. Mais je ne comprends pas ton attitude depuis quelques jours.

Désolé, je soupirais.

C'est rien, elle dit en me rassurant. Ça arrive, elle haussa les épaules. Quand t'auras envie de m'en parler, tu sais où me trouver.

Elle se leva pour déposer son assiette dans le lave-vaisselle, et aussi vite qu'elle était apparue, elle se réfugia dans la chambre. Je soupirais en pinçant l'arrête de mon nez. Je devais reconnaitre qu'Hanna avait été plus que géniale depuis le retour de Rose dans nos vies. Elle n'avait jamais posé de question et elle avait immédiatement compris que je ne voulais pas en parler pour le moment.

Mais comme un idiot, j'avais instauré une distance entre nous depuis ce retour. Comme si j'avais quelque chose à me reprocher. C'était plutôt la brune qui devrait s'en mordre les doigts. Malheureusement, je n'arrivais pas à savoir si je lui en voulais de m'avoir abandonné, ou si j'étais heureux de la savoir de retour. Quand je l'avais vu dans le studio l'autre soir, couverte de sang et totalement ivre, j'avais eu envie de la ramener. De reprendre notre vie là où elle s'était arrêtée, lorsque nous étions encore heureux ensembles. Mais sa colère, sa peine, m'avait explosé à la figure lorsqu'elle avait prononcé le nom de ma nouvelle compagne. J'avais l'impression de me retrouver sur ce foutu palier, cinq ans auparavant, juste avant que tout ne m'échappe. Quand la latina m'avait vu proche d'Hanna pendant une soirée. Je l'avais énormément déçu ce soir-là. Et apprendre que j'étais en couple avec cette même fille avait dû la détruire un peu plus. Alors je m'étais éloigné de la bonde par instinct. Parce que Rose ne méritait pas ce qui lui était arrivé. Et elle ne me méritait pas non plus au final.

Je posais la main sur mon cou, mais le vide me rappela que j'avais offert mon collier à Hanna. Et si jamais Rose l'apprenait, elle me tuerait sans aucun scrupule.

Quel con, je soupirais.

Je rangeais la table à mon tour et me rendis dans la chambre. Dos à la porte, Hanna était recroquevillée. Mais sa respiration rapide m'indiqua qu'elle ne dormait pas, même si elle voulait me faire croire le contraire.

Je me débarrassais de mes vêtements, ne gardant qu'un caleçon, et je me glissais dans les draps. J'attendis que la blonde se blottisse contre moi, comme à son habitude. Cependant elle n'en fit rien, et mon organe vital se serra légèrement. Je l'avais blessé elle aussi. Pourtant elle avait toujours accepté de ne pas connaitre mon passé. Elle m'avait accepté comme peu l'aurait fait. Toujours présente à chaque fois que j'avais eu besoin d'elle. Elle était l'une des personnes les plus sincères que je connaissais. Et elle m'avait aidé à me reconstruire quand j'étais au fond du trou. Rien que pour ça, je ne la remercierais jamais.

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