Rose
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La terre sous mes paumes était humide. J'aurais pu râler, en imaginant l'état de mes vêtements quand je me relèverais. Mais pour ça, il fallait que je sois en état de me redresser. Et actuellement, cela me paraissait impossible. J'observais la nuit tomber, allongée à même le sol. En voulant m'accrocher un peu plus au sol, je percutais la bouteille de whisky vide à mes côtés. Je me souvins alors que je l'avais bu assez vite, ce qui expliquait pourquoi j'avais la désagréable sensation de flotter, et l'impression que tout tournait autour de moi. Pourtant habituée à boire de l'alcool, j'avais fait taire ma conscience pour pouvoir me saouler le plus rapidement possible. Et je me demandais comment j'avais fait pour ne pas vomir alors que je n'avais strictement rien manger depuis la veille.
Mon portable sonna pour la énième fois de la journée. Ou de ses dernières vingt-quatre heures. Je soupirais et tâtonnais pour trouver l'appareil, préférant continuer à regarder le ciel qui s'assombrissait. La photo d'Adrien s'afficha, et je soupirais. Il devait être en panique, mais je n'avais ni l'envie, ni la patience, de faire face à ses reproches. Tout ce que je voulais c'était m'enfoncer dans cette terre et ne plus en ressortir. Je finis par prendre appui sur mes bras pour me redresser, et mon dos rencontra la pierre derrière moi. Je repoussais mes cheveux, qui tombaient sur mon visage. J'étais pathétique dans cet état. Les plaies sur mes jambes s'étaient surement infectées, mais je préférais souffrir que demander de l'aide. Fierté à deux balles.
Les yeux toujours rivés sur mon écran, je faisais défiler les messages et les appels manqués des gars. Je savais ce que je cherchais, et je n'avais pas envie de leur parler à eux. Pourtant, mes doigts s'arrêtèrent devant l'un de leur nom. Je n'hésitais qu'une seconde avant de taper mon message.
19h45
A : Hakim
• Rosalinda : Enculé.
Je refermais la discussion, un sourire satisfait sur le visage. Et inconsciemment, je remontais dans mon répertoire jusqu'à atteindre la première lettre de l'alphabet.
• Rosalinda : Tu peux venir me chercher ?
• Antoine : Chez Deen ?
• Rosalinda : Non, n°265 allée 22 à Passy
• Antoine : Je suis là dans vingt minutes beauté
Je verrouillais le téléphone, et il s'échoua à côté de ma bouteille. La tête plaquée contre la roche, je chantonnais pour faire passer le temps. Je grognais en réalisant que le rappeur allait me voir dans cet état. J'aurais mieux fait d'appeler Adrien tout compte fait. J'allais passer pour une ivrogne. Sans réellement savoir pourquoi, je n'avais pas envie qu'Antoine me voit comme ça, dans cet état de faiblesse. Pourtant je n'avais rien à lui prouver. Mais au fond de moi, j'aurais aimé faire les choses bien pour une fois.
Des bruits de pas me tirèrent de mes pensées. Lentement, je tournais ma tête vers l'individu qui martelait le sol, et un fin sourire prit place sur mes lèvres en reconnaissant le rappeur.
Salut, je croassais.
Salut beauté, il sourit doucement en s'abaissant à ma hauteur.
Il détailla les lieux, laissant un silence s'installer entre nous. Un silence reposant. J'avais tout le loisir de l'observer moi aussi, analysant chaque centimètre de son visage. Et c'est sous les faibles derniers rayons de soleil que je perçu réellement sa beauté. Parce que c'est ce qu'il était, beau.
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Diamonds
FanfictionLa vérité, c'est que derrière tous ces sourires aguicheurs et ce visage angélique, se cache une armure en acier qui protège les plaies que lui a laissé la vie. Et quand il la vit, derrière l'immense vitre, ses mèches brunes s'échappant de son chigno...