CIX. "She deserves a second chance."

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Mekra


Le père de Rose se tenait face à moi, silencieux. J'avais la nette impression qu'il m'analysait, qu'il me jugeait aussi. J'avais détourné le regard après avoir vu le sien, si semblable à celui de sa fille. J'étais sûr que si l'on me demandait de comparer leurs yeux, j'en aurais été incapable tant ils étaient identiques.

Vous êtes son copain ?

Je tournais ma tête vers lui, quittant des yeux les quelques affiches accrochées au mur. Ses bras croisés et ses sourcils froncés n'étaient pas très rassurants. J'avais beau faire une tête de plus que lui, on voyait tout de même qu'il était assez baraqué comme gars. Et quand je voyais Rosalinda, je comprenais d'où lui venait son caractère. Elle l'avait forcément hérité de son géniteur.

Non, je finis par répondre. On n'est pas ensemble.

Alors qu'est-ce que vous faites ici ? il railla.

Je levais les yeux au ciel devant son attitude rancunière. Depuis que nous étions arrivés, il n'avait cessé de fusiller sa fille du regard. Je me retenais de lui demander de baisser les yeux face à ma brune, mais si j'osais dire un mot de travers, je risquais de compromettre leurs retrouvailles. Même si le père de la latina se chargeait très bien tout seul de tout gâcher.

Elle avait besoin de quelqu'un qui la rassure pour venir ici, je dis simplement. Alors je suis venu. C'est ce qu'on fait quand on tient à quelqu'un.

A mon tour je croisais mes bras et le toisais. Il gratta sa barbe de trois jours et son regard dévia vers l'intérieur de la chambre où l'on pouvait voir les deux femmes échanger.

Elle n'aurait pas dû revenir, il grogna.

Je haussais un sourcil, surpris.

Pourquoi ? je l'interrogeais. Vous êtes ses parents, c'est normal qu'elle soit là.

Pas si on en est là par sa faute. Parce qu'on est ici à cause d'elle, c'est indéniable. Elle a failli tuer ma femme. Je savais qu'elle ne nous apporterait que des problèmes dès le jour où elle est partie.

Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, je pense que vous n'êtes pas en position de dire quoi que ce soit sur Rosalinda. Elle n'a jamais voulu ce qui est arrivé aujourd'hui, et si elle a disparu pendant plus de dix ans, c'est pour une bonne raison. Alors vous devriez écouter ce qu'elle a à vous dire au lieu de la regarder comme si c'était une erreur. Vous êtes ce qu'elle a de plus cher au monde, et c'est plus la gamine de seize ans qui voulait défier ses parents. Elle a trente ans maintenant, elle a fait des choix qu'elle regrette énormément mais ça ne fait pas d'elle une mauvaise fille. Elle en a bavé pour être ici aujourd'hui, alors la moindre des choses c'est de lui laisser sa chance. Elle mérite une deuxième chance, même si vous êtes en colère.

Il me toisa de longues minutes en silence, et me tandis soudainement sa main. Je la lui serrais, surpris par son changement d'humeur.

Je m'appelle Julian, il se présenta.

Hakim, je répondis.

Je crois qu'elles parlent de vous, il m'indiqua.

Je me penchais légèrement, et effectivement, les deux brunes avaient leurs yeux rivés vers nous. J'offris un léger sourire à Rosalinda pour la rassurer et elle fit de même, hochant discrètement la tête pour m'assurer que tout allait bien. J'aurais imaginé ma rencontre avec ses parents dans un autre contexte que celui-ci, peut-être un peu plus convivial, mais j'allais me contenter de cette présentation plutôt surprenante. De toute façon, j'avais pris l'habitude de me retrouver dans des situations improbables avec la brune.

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