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아이들이 웃다

3 Décembre 2019

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3 Décembre 2019

"Les enfants rient, les enfants jouent. Moi, quand j'étais enfant, je ne jouais pas dehors avec les autres. J'étais souvent seul chez moi, je n'avais pas le droit de sortir.
Ma mère n'était pas présente, mon père partait tôt le matin, revenait tard le soir. Il était fatigué, mais il faisait ça pour répondre à tous mes besoins. En tous cas, c'est ce que ma gouvernante me répétait inlassablement quand je lui demandais, du haut de mes sept petites années :

"Nounou ? Il rentre quand papa ?
- Tard, ce soir.
- Je vais le voir ?
- Non tu dormiras mon ange."

Et je l'aidais à faire à manger. Elle s'occupait de moi comme le ferait une mère.

Quand elle n'était pas là, ou qu'elle était occupé ailleurs dans la grande maison, je m'asseyais sur le canapé, les genoux serrer contre mon torse, et je m'ennuyais. Pour l'enfant, s'ennuyer était un cauchemar, pour moi, c'était quelque chose de normal. M'ennuyer n'était pas négatif, sans doute parce que je ne connaissais que cela. La vie laissait le temps à mon imagination de faire des merveilles, des mondes inventés, des galipettes dans les champs, des Princesses, des capes et des épées magnées par de preux chevaliers. Je vivais autre part, et porté par la magie de mes inventions, je courais partout dans ma maison, heureux. Je me battait contre des dragons invisibles et je me faisais un palais de couvertures et de peluches. La solitude ne me dérangeais point, et je dansais, j'organisais des banquets. Le royaume où je vivais une vie meilleure que celle qu'on me proposait, j'en étais le souverain indétrônable.

La nuit, incapable de dormir, je me levais. Le silence était un allié de taille, Nounou ne devait jamais me voir, ni même Papa, qui travaillait dans son bureau tard le soir. J'avançais, nu pied, dans les immenses couloirs de mon enfance, me retenant même de respirer. Des filaments de silence glissaient sur mes cheveux, je me souviens que je sursautais à chaque petits bruitages que faisait la maison. 
Et dans le salon, j'ouvrais les tiroirs de la commode, à la recherche d'une chose.

J'avais appris à lire très tôt dans mon enfance, c'était quelque chose que j'aimais, comme les enfants de mon âge aimaient les poupées ou les dessins-animés. Moi, c'était ce livre, caché dans le placard d'en haut, mais pas celui à gauche ! il ne fallait pas se tromper, parce que celui de gauche grinçait et cela risquerait d'alerter les adultes. C'était celui de droite, où était caché mon livre.

Je le volais, ni vue ni connu, avec quelques gâteaux. Dans ces moments là, je me sentais libre.
Je lisais, jusqu'à m'endormir entre les pages, dans le monde que m'offrait les personnages. Ça m'aidais à ne pas me sentir seul, et ça me rendait heureux.

Les livres me donnaient l'amour que mes parents n'avaient pas à m'offrir. 

Je fermais les yeux, et me coupait du monde nocturne. Le plafond noir de ma chambre devenait un ciel étoilé, étoiles qui voltigeaient dans une danse endiablée avec des aurores-boréals. Je me retrouvais au milieu d'une famille heureuse en Irlande, ou au sommet d'un montagne enneigée, et j'étais le petit garçon le plus heureux du monde. J'étais le roi, c'était moi qui dirigeais. C'était mon monde, mon histoire.

Le monde réel tourne bien vite pour moi. Les enfants jouent, les adultes sont tristes, la vie est monotone et répétitive. Le monde tourne, et j'ai toujours eu l'impression de ne pas tourner en même temps que lui.

Quand j'étais petit, je me sentais libre grâce à cette imagination débordante qui était mienne. Aujourd'hui, à dix-sept ans, j'ai l'impression d'étouffer. D'être prisonnier d'un monde qui me donne le tournis."

Pink Sweater; skzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant